DE
LA CRISE ECONOMIQUE A LA CRISE POLITIQUE
L’Europe se débat pour
sauver sa monnaie. Le directoire franco-allemand a du montrer les dents pour
que la Grèce renonce à son projet de referendum. Partout les plans d’austérité
sont à l’honneur pour réduire l’endettement et les dépenses publiques.
Ce réajustement s’imposait et il n’est pas certain qu’il soit
suffisant.
L’Europe en créant sa
monnaie unifiée l’euro a voulu jouer dans la Cour des grands en oubliant que la
valeur d’une monnaie ne fait que refléter les fondamentaux de l’économie. L’orage
actuel est le résultat de l’addition de causes croisées.
Les peuples européens
ont pris l’habitude de vivre dessus de leurs moyens en dépensant plus qu’ils ne
gagnent. Cette fuite en avant devait nécessairement trouver sa sanction.
L’Europe a laissé
glisser la production hors de ses frontières. Cette désindustrialisation crée
le chômage et condamne au déclin.
L’Asie est devenue le
principal continuent producteur de richesses et elle accumule les profits et
les créances sur les Etats européens.
Toit ceci veut dire que
l’Europe va connaitre une longue crise qui peut engendrer des répercussions politiques
considérables.
Le clivage entre
socialistes et libéraux va nécessairement s’estomper. Les socialistes adeptes
de la dépense publique vont être contraints de revoir à la baisse leurs propositions.
Les libéraux partisans de la loi du marché vont devoir accepter l’augmentation de
la pression étatique.
La division entre la majorité
et l’opposition devrait normalement s’estomper et des gouvernements de coalition
devraient se former.
Le courant
contestataire va naturellement se renforcer
L’extrême gauche et l’extrême
droite devraient en bénéficier. Les populations habituées à la facilité sont
tentées d’attribuer leurs malheurs actuels à la gestion des hommes politiques.
Un sondage récent montre une défiance
massive des Français à l'égard du système politique. Sur les 1559 personnes
interrogées fin septembre-début octobre, 83% pensent que les responsables
politiques ne se préoccupent pas d'eux, 69% qu'ils sont "plutôt
corrompus". Et 22% associent même le mot "politique" à celui de
"dégoût". Seuls 13% ont confiance dans les partis. Tous les élus sont
touchés, même les maires, dont la cote a abandonné onze points en deux ans
(54%).62% partagent l'idée que les notions de droite et de gauche "ne
veulent plus rien dire".
Les Français sont de plus en plus nombreux (57%) à se déclarer
prêts à manifester. "La politisation augmente", sur fond de "climat
protestataire", note le CEVIPOF. Ainsi, une majorité veut une réforme "en
profondeur" du système capitaliste et une réglementation plus forte de
l'économie.
La crise économique va entrainer inéluctablement
une crise politique.
Charles Debbasch