mercredi, septembre 23, 2009

LE CLAIR OBSCUR DE L'AFFAIRE CLEARSTREAM

LE CLAIR OBSCUR DE L’AFFAIRE CLEARSTREAM
Le tumulte assourdissant qui entoure l’affrontement de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy ne doit pas dissimuler la gravité des faits sur lesquels la justice va devoir se prononcer.

LA FALSIFICATION DE LISTINGS BANCAIRES
Pour mettre en cause Nicolas Sarkozy et diverses autres personnalités ,deux personnes, Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, sont soupçonnées d’avoir falsifié des listings bancaires de la banque Clearstream en y ajoutant plusieurs noms dont celui de l’actuel Président de la République.
Bien que Gergorin nie être à l’origine de la falsification on remarquera l’addition dans les listings de personnalités auxquelles il s’est opposé au sein d'EADS ou du groupe Lagardère. Ont été également visées plusieurs personnalités politiques ayant exercé des responsabilités dans l'industrie, la défense ou au ministère de l'intérieur - Alain Madelin, Jean-Pierre Chevènement, Dominique Strauss-Kahn, Charles Pasqua .L’honneur de toutes ces personnes a été mis en cause et elles figurent aujourd’hui parmi les plaignants.
On est donc loin, comme on voudrait le faire croire, d’un procès entre l’actuel président de la République et un ancien Premier ministre . Il s’agit d’une tentative pour déstabiliser une partie de l’establishment de la République ce qui explique qu’il y ait 44 plaignants devant le tribunal.
UNE ZONE GRISE DE L’ETAT
Ce qui complique le problème c’est que l’affaire se situe dans une zone grise de l’Etat où se mêlent les services de renseignement, les financements politiques et les vrais et faux espions. Imad Lahoud a été un temps utilisé par ces services. Un haut responsable des services secrets le général Rondot a été chargé d’une enquête sur l’affaire et le patron Bertrand des renseignements généraux semble être intervenu à plusieurs reprises dans le dossier.

L’INTERFERENCE AVEC LE CHOIX DU CANDIDAT DE LA DROITE AUX ELECTIONS PRESIDENTIELLES
L’affaire nait et se développe à un moment où la lutte pour le choix du candidat de la droite bat son plein. Le camp Chirac tente de s’opposer à la candidature Sarkozy et Dominique de Villepin est à l’avant-poste pour tirer à vue sur ce candidat potentiel qui lui fait de l’ombre. On sait que, dans ces périodes, les diffamations se diffusent comme de la mauvaise herbe. Que l’on se souvienne des montages d’un clan, gaulliste contre Georges Pompidou pour tenter de ruiner sa candidature. Que l’on se remémore l’affaire de la feuille d’impôts de Jacques Chaban-Delmas pour détruire son image de présidentiable. Que l’on garde en mémoire le lancement d’une affaire contre Robert Boulin au moment où Giscard envisageait de le nommer premier ministre. La vie politique se montre là sous son plus mauvais jour : un univers louche où interférent barbouzes et services officiels, vrais espions et faux nez, révélations et déformations de la réalité
.
Dans l’affaire Clearstream on assiste selon le réquisitoire du procureur de Paris Jean-Claude Marin à une "manipulation complexe d'une ampleur exceptionnelle… l'intrication délibérée du vrai et du faux, l'association réfléchie de faits réels et de calomnie". Les acteurs de cette affaire entretiennent tous "un rapport altéré à la vérité ".

QUID DE LA RESPONSABILITE DE DOMINIQUE DE VILLEPIN DANS CETTE DENONCIATION CALOMNIEUSE ?
Tout est dit dans les notes du 30 juin 2004 du Général Rondot chargé par Dominique de Villepin d’enquêter sur cette affaire : "Je constate que cette affaire prend un tour politique qui risque de devenir dangereux … s'il venait à être établi que cette vaste affaire de corruption est réelle, les conséquences politiques, tant à droite qu'à gauche, seraient calamiteuses. Dans le cas contraire, le chef de l'Etat se trouverait mis en cause pour avoir laissé se développer, sinon encouragé à travers Dominique de Villepin, une campagne visant de possibles concurrents, à droite comme à gauche."
Aujourd’hui que la machination est dévoilée, la Justice aura la difficile tache d’établir si Dominique de Villepin a simplement souhaité faire établir la vérité des faits ou s’il a, au contraire, appuyé sur l’accélérateur pour mettre en cause Nicolas Sarkozy.
Charles Debbasch