mercredi, novembre 29, 2006

CHIRAC NON CANDIDAT

LA NON CANDIDATURE CHIRAC

Au moment où Jacques Chirac fête son soixante quatorzième anniversaire, il feint de laisser planer un doute sur sa possible candidature aux prochaines présidentielles. Les commentateurs ne manquent d’ailleurs pas de signaler la nouvelle ardeur du Chef de l’Etat qui multiplie les déclarations solennelles .et les gestes forts comme pour marquer un territoire qu’il n’envisage pas de laisser à d’autres.

Pourtant, sauf évènement exceptionnel toujours possible dans la vie politique, Jacques Chirac ne sera pas candidat aux prochaines présidentielles.

Ce serait tout d’abord une belle inconséquence pour un Président qui a fait réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans afin de permettre à la vie politique d’être plus aérée de solliciter un troisième mandat. On ne peut pas à la fois marquer sa volonté de renouveler les élites grâce à des mandats plus brefs et chercher à s’incruster au pouvoir.

Une seconde raison interdit pratiquement à Jacques Chirac de se représenter. Il existe dans l’opinion publique un puissant courant rénovateur qui aspire au changement. La France a perdu confiance dans sa classe politique et cherche d’autres valeurs et d’autres responsables pour les incarner. Une candidature Chirac dans ces conditions serait suicidaire pour le Président sortant qui risquerait d’être sorti sans ménagement. Cette situation bloque naturellement la candidature Chirac.

Jacques Chirac est trop fin politique pour ne pas le percevoir. La dissimulation de ses intentions a donc d’autres raisons.

Il s’agit de ne pas gaspiller la dernière année du mandat présidentiel. Cinq ans c’est court mais quatre ans c’est encore plus court si le Président laisse son mandat tomber dans le débat des prochaines présidentielles. Chirac, par son attitude, démontre qu’il entend user son mandat jusqu’à la dernière minute quitte à surprendre et à impatienter.

Le comportement de Jacques Chirac signifie aussi qu’il n’entend, en rien, faciliter la tache de son ami et concurrent de l’UMP Nicolas Sarkozy. Loin de l’installer sur une rampe de lancement, l’actuel Président multiplie les coups de frein et les feux rouges à l’égard du ministre de l’Intérieur comme s’il attendait un effondrement éventuel de ce dernier pour dévoiler ses préférences.

Enfin, et c’est le plus difficile, Jacques Chirac cherche à utiliser ces derniers mois de mandat pour imprimer sa marque dans l’histoire en s’efforçant de régénérer les vertus républicaines. Mais, il a beaucoup de mal à se faire entendre dans le brouhaha et l’effervescence de la campagne déjà plus qu’entrouverte.

Charles Debbasch

dimanche, novembre 26, 2006

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samedi, novembre 25, 2006

RACISME DANS LES STADES

Deux incidents viennent de se produire qui démontrent la montée du racisme dans les stades. A Montpellier le maire George Frèche, habitué des déclarations tonitruantes qui s'exprimait sur la composition de l'équipe de France de football a choqué en affirmant: «Dans cette équipe, il y a neuf Blacks sur onze. La normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société. Mais là, s'il y en a autant, c'est parce que les Blancs sont nuls. J'ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze Blacks.». A Paris, lors d’un match du PSG, un policier a tiré pour protéger un supporter victime d’une agression raciste. Lors des matchs du PSG des bandes de voyous primaires et violents déshonorent régulièrement le sport.

La sur-médiatisation du football n’est pas étrangère à ces phénomènes. N’oublions pas que le principal évènement de l’année a été le Mondial de foot et qu’il a provoqué un engouement de masse inédit. Les vedettes du foot ont supplanté toutes les autres célébrités, leurs salaires, leurs amours font la une des journaux Elles suscitent des sentiments mêlés d’admiration et d’envie. Il n’est donc pas étonnant que la boue se mélange au meilleur et que des esprits faibles ou détraqués se mêlent aux vrais sportifs.

Le nationalisme qui a de moins en moins d’espace dans nos sociétés aseptisées s’exprime dans cette nouvelle enceinte et il se cristallise autour de la couleur ou de l’origine des joueurs. Trop de comportements déviants ont été tolérés trop longtemps dans les stades et le cas du PSG est plus qu’un simple incident. Si ce club n’est pas capable de se débarrasser des voyous qui déshonorent son enceinte, il doit être soumis aux rigueurs de la loi et la menace de la dissolution doit peser sur les épaules de ses dirigeants/

Alors il est vrai que beaucoup de joueurs sont d’origine étrangère ou de race noire. Et alors ? N’était- ce pas la France rassemblée qui saluait la victoire de ces joueurs lorsqu’elle a gagné le précédent Mondial ? George Frèche qui est un brillant historien aurait du savoir que les disciplines artistiques et sportives hautement compétitives et reposant sur les seuls talents et mérites attirent les minorités qui souffrent dans les autres secteurs de l’inégalité. C’est dans ces domaines que l’ascenseur social fonctionne le mieux. Il ne faut pas s’en émouvoir mais seulement souhaiter que d’autres champs s’ouvrent à ces talents.

Charles Debbasch

vendredi, novembre 17, 2006

LA VICTOIRE DE SEGOLENE

LE SUCCES DE SEGOLENE

La victoire au premier tour de scrutin sans contestation possible de Ségolène Royal à l’investiture socialiste a plusieurs significations.

Elle marque tout d’abord de façon claire l’insertion définitive des femmes dans la vie politique. C’est la première fois qu’un grand parti offre ainsi la première place à une femme. Et pas à n’importe quelle femme : une femme libre non mariée qui partage la vie du premier secrétaire du parti socialiste dont elle a plusieurs enfants. Elle incarne une nouvelle condition féminine, celle de la femme engagée dans la vie professionnelle émancipée et libre dans laquelle beaucoup de femmes se reconnaitront. C’est un fait majeur qui pèsera sur l’élection présidentielle car par son image novatrice cette candidature Royal enfonce quelque peu dans l’obsolète toute autre candidature.

Le succès de Royal signifie aussi que l’on s’était trompé en se risquant à prédire que les militants du parti pouvaient s’écarter du choix des sympathisants. Tout s’est passé comme si le processus avait reposé sur un courant d’adhésion populaire qui s’est communiqué aux sympathisants puis s’est propagé aux militants et aux apparatchiks. Les appareils partisans ne peuvent plus se replier sur leurs coteries. Ils dépendent de plus en plus de l’opinion publique. Les sondages qui ont révélé l’importance de l’adhésion populaire à la candidature Royal ont joué naturellement un grand rôle. Les deux rivaux de Ségolène se sont quelque peu trompés de combat en imaginant qu’ils pouvaient s’appuyer sur les structures du parti pour contrecarrer le succès de Royal.

L’ambigüité du discours de la candidate Royal l’a également servie. Sans se laisser emprisonner dans le programme du parti elle n’a pas craint de s’attaquer à des tabous pour les socialistes intégristes : respect des valeurs morales, lutte contre l’insécurité, service des enseignants et manifestement ces infidélités aux dogmes de la gauche ne l’ont pas desservie.

C’est pourtant là que va se jouer à présent le destin de la candidature Royal. La machine du parti va à présent se rassembler autour de Ségolène. Ses concurrents d’hier vont se mettre à son service. Ils vont chercher à l’enfermer dans un programme socialiste désuet et rétrograde qui ne correspond pas aux besoins de la société française. Difficile exercice d’équilibriste pour la candidate : trouver dans le parti la rampe de lancement mais choisir sa propre direction sans se laisser programmer comme un vulgaire satellite.

Doyen Charles Debbasch

jeudi, novembre 16, 2006

DEFONCTIONNARISER LA POLITIQUE FRANCAISE

L’UMP vient de présenter un important projet de réforme : les fonctionnaires « devront démissionner de leurs fonctions lorsqu'ils choisissent d'exercer des responsabilités politiques ».Je dénonçais déjà dans un ouvrage publié en 1969 la bureaucratisation de la vie politique française (Charles Debbasch, L’administration au pouvoir, Calmann-Lévy). Depuis, ce phénomène n’a fait que s’accentuer. On recense dans l’actuelle Assemblée nationale, quelque 240 fonctionnaires sur 577 députés, soit 41 %. Les ministres étaient à 75 % des fonctionnaires dans le gouvernement Raymond Barre. À l'exception d'Édith Cresson, tous les occupants de Matignon depuis 1958 sont des fonctionnaires.

Cette sur représentation des fonctionnaires dans les fonctions politiques est due au privilège qu’ont les serviteurs de l’Etat. A la différence de ce qui se passe en Grande Bretagne, ils ne sont pas obligés de démissionner de l’administration lorsqu’ils se lancent dans la vie politique et ils retrouvent ipso facto leurs postes dans l’administration lorsqu’ils quittent la politique. Alors que les ouvriers, les cadres, les titulaires des professions libérales et autres partenaires du secteur privé n’ont aucune certitude de se réinsérer facilement dans la vie professionnelle au terme de leurs mandats.

La vie politique française est ainsi totalement bureaucratisée. A droite comme à gauche, l’approche est bureaucratique et favorable à l’extension du rôle de l’Etat. La machine étatique est ainsi lourde et mal contrôlée. Les règles de droit sont envahissantes et peu claires. Cette bureaucratisation explique aussi que la politique de la droite soit aussi interventionniste que celle de la gauche. L’Etat est le dieu des fonctionnaires et il ne sont pas prêts à en sacrifier une quelconque part. Voilà pourquoi la France est le pays le plus bureaucratise de l’Europe.

La réforme proposée par l’UMP est donc une avancée incontestable. Mais les élus issus de la fonction publique accepteront-ils de se faire hara kiri.
CHARLES DEBBASCH

dimanche, novembre 05, 2006

BANLIEUES ET ORDRE PUBLIC

BANLIEUES EN FOLIE

Puisque les médias avaient décidé de célébrer avec fracas le premier anniversaire des émeutes urbaines de l’an dernier, il fallait bien que quelques excités fêtent à leur manière cet évènement. Mais, le tragique s’est installé et l’incendie du bus de Marseille a marqué d’une pierre rouge cette lugubre commémoration.

On ne trouvera pas une seule excuse à ces actes de violence. Une société républicaine ne doit tolérer aucune violence d’où qu’elle vienne. La paix civile protège les faibles contre les forts, les honnêtes gens contre les truands. Aucune atteinte contre les personnes ou contre les biens même la plus minime ne doit être tolérée. La passivité et la démission sont les deux mamelles du désordre.

On a sans doute trop tardé à sévir contre cette délinquance soit disant banale qui commence par les graffiti, qui s’enfle des destructions des ascenseurs, des incendies de voiture, qui se déploie dans le racket, qui se nourrit des agressions. On a sans doute trop longtemps accepté l’intolérance au nom de la tolérance. Aucune excuse ne peut justifier l’inexcusable.

Il va falloir du temps pour remonter la pente car les mauvaises habitudes ont été prises et la sauvagerie ne se civilise pas par un coup de baguette magique. Mais il faut sans concession rétablir l’ordre sur chaque pouce du territoire.

Alors -j’entends bien- il faut aussi résoudre le problème du chômage, lutter contre les discriminations, défendre un habitat plus humain. Mais rien ne sera possible si avant tout l’ordre public républicain n’est pas imposé à tous avec une rigueur implacable.


Charles Debbasch

CHINE AFRIQUE

LA POLITIQUE AFRICAINE DE LA CHINE


L’importance du Sommet Afrique Chine qui vient de se tenir à Pékin n’échappera à personne.

Remarquons tout d’abord qu’il n’est pas anormal que la grande puissance asiatique marque son intérêt pour le continent africain, pour ses dirigeants et pour ses peuples. Dans la société actuelle, il n’existe plus de chasse gardée ou d’exclusion. La mondialisation n’est pas à sens unique. Les rapports internationaux sont devenus multipolaires et l’Afrique est un continent ouvert qui doit tirer le meilleur parti des relations internationales La controverse ne peut donc porter sur la volonté légitime et partagée des partenaires chinois et africains de dialoguer et d’échanger dans un esprit constructif.

Le débat s’est élevé ; en revanche, sur les conditions de la nouvelle assistance apportée par la Chine à l’Afrique. Le monde occidental a construit un système d’aide fait de conditionnalités, de surplus démocratique, de qualité de gouvernance, de gestion financière, de contrôle des dépenses. Aucune de ces exigences prise isolément n’est anormale mais lorsqu’elles sont, comme c’est souvent le cas, additionnées, on aboutit à une mise sous tutelle du pays bénéficiaire de l’aide. Or ; voici que surgit un nouveau partenaire, la Chine, pour lequel le développement est la conditionnalité suprême qui transcende toutes les autres conditionnalités et chacun de s’émouvoir cette nouvelle politique ne va-t-elle pas compromettre les efforts de rigueur prêchés par l’Occident ? Cette critique nous parait vaine. Il n’est pas mauvais qu’un peu de poil à gratter vienne secouer le cocotier des idées reçues. L’Afrique a besoin d’être aidée et non d’être enfermée.

L’intérêt de la coopération de l’Afrique avec la Chine est indéniable. La Chine offre des prestations moins chères, des produits plus adaptés et plus à la portée des économies africaines.
Cette coopération n’est pourtant pas un pur bénévolat. La Chine dans un livre blanc précise : « La Chine œuvre à établir un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique. »

Charles Debbasch

LES LEADERS DE LA COURSE PRESIDENTIELLE EN COMPETITION

MENACES SUR LES LEADERS DE LA COURSE PRESIDENTIELLE

Les élections présidentielles sont encore lointaines. A ce stade de la compétition rien n’est figé et tout est encore possible. C’est pourquoi les deux leaders des sondages Ségolène Royal à gauche, Nicolas Sarkozy à droite voient se dresser face à eux des candidats potentiels qui cherchent à renverser le diagnostic des sondages. Il existe cependant entre les deux compétiteurs de profondes différences de situations.

La candidature de Ségolène Royal a été imposée au Parti socialiste de l’extérieur par une sorte de vox populi qui a reconnu en elle une fraicheur étrangère au milieu politique traditionnel. Portée par cette vague populaire, la compagne du premier secrétaire du PS s’est progressivement affirmée. Mais, bien qu’elle ait reçu des soutiens de certaines fédérations du PS, elle n’a pas à ce jour été choisie par son parti. Ce qui explique que d’autres éminences du PS briguent le soutien du parti. Après le retrait de Lionel Jospin, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn s’opposent au grand jour à Ségolène Royal. Pour ses adversaires, le meilleur moyen de brider la candidature Royal est d’enfermer la présidente de Poitou Charente dans le cadre du parti. Alors qu’elle cherche une approche centriste, il faut l’obliger à faire sa bible du programme du PS. Alors qu’elle s’appuie directement sur l’opinion, il faut lui rappeler que seuls les adhérents du PS désigneront le candidat du Parti.

Tout autre est la situation du candidat Sarkozy. Il est lui le maître de l’UMP dont il contrôle strictement l’appareil. Sa désignation par le parti ne parait pas douteuse. Mais ses faiblesses sont ailleurs. Pour élargir sa base électorale, il doit marquer sa différence par rapport à Jacques Chirac. Mais, plus il le fait plus il mécontente le camp des chiraquiens qui inévitablement en viennent alors à songer à d’autres candidatures. Et, si Dominique de Villepin est pour l’heure quelque peu plombé par ses échecs, d’autres candidats potentiels existent comme Michèle Alliot-Marie ou Alain Juppé qui vient de reconquérir une virginité politique à Bordeaux. Sans oublier le suspense Chirac qui ne sera pas dénoué avant le début de l’année prochaine.

Ainsi, avec des situations fort différentes, chaque candidat potentiel doit s’imposer dans son propre camp. La compétition présidentielle est un moteur à deux temps : il faut d’abord s’imposer parmi les siens puis décompresser pour élargir sa base électorale.
Charles Debbasch