vendredi, septembre 04, 2009

INVENTER LA DEMOCRATIE AFRICAINE

INVENTER LA DEMOCRATIE AFRICAINE
A l’évidence, un demi-siècle après les indépendances, la démocratie africaine reste à inventer.
Au lendemain de la décolonisation, le système politique reposait sur des leaders charismatiques s’appuyant sur un parti unique qui constituait le creuset de la Nation. Puis, se sont imposés progressivement la démocratie pluraliste et le principe majoritaire. Cette transposition de la démocratie occidentale a été la source de conflits et de déchirements. Le gouvernement des majorités laisse les minorités dans la frustration. Dans des pays pauvres, l’essentiel des ressources est dans les mains du pouvoir et, être écarté des cercles de décision, c’est aussi être privé des moyens de subsistance et des emplois publics.
Par ailleurs, le passage du parti unique au multipartisme s’est souvent accompagné de la constitution de partis ethniques ou régionalistes qui sont destructeurs de l’unité nationale et qui engendrent conflits et frustrations.
Dés lors, les pouvoirs africains cherchent confusément des solutions à cette situation.
Puisque le leadership du chef est nécessaire pour l’unité de l’Etat, il ne faut pas se séparer de ce Président. On voit alors les constitutions africaines révisées pour permettre la réélection indéfinie du Président de la République. Mais il faut aussi prévoir la continuité après sa mort. D’ou la tentation de mettre en place des systèmes dynastiques. Puisque la force d’un leader est la seule façon de combattre l’effritement de l’Etat, il faut veiller à ne pas perdre cette aura du chef. On voit alors les fils succéder aux pères dans plusieurs Etats comme le Congo Kinshasa, le Togo, le Gabon.
De même, on recherche d’autres formules comme le partage du pouvoir entre la majorité et l’opposition. La solution, adoptée non sans mal au Kenya, est proposée aujourd’hui pour Madagascar.
Il reste à inventer de nouvelles règles pour la démocratie africaine qui permettent l’association de tous au pouvoir sans porter atteinte à la nécessaire autorité de l’Etat.
Charles Debbasch