mardi, janvier 11, 2011

LES OTAGES ET LA POLITIQUE AFRICAINE DE LA FRANCE

LES OTAGES ET LA POLITIQUE AFRICAINE
DE LA FRANCE
L'ensemble de la classe politique française a exprimé son émotion après la mort des deux otages français enlevés au Niger.. Depuis la Guadeloupe où il présentait ses vœux aux Français d'outre-mer, le président Nicolas Sarkozy a condamné un «acte barbare perpétré par des barbares».Cet évènement tragique doit cependant être replacé dans un contexte plus large qui est celui de la présence française dans l'Afrique francophone.
LES LIENS PRIVILEGIES DE LA FRANCE ET DE L'AFRIQUE
A l'évidence , il existe des rapports privilégiés entre la France et l'Afrique francophone. Les liens historiques, la communauté linguistique ont créé un tissu de relations dense et varié;
A l'évidence aussi , la France est concurrencée par de nouveaux partenaires attirés par les ressources multiples du continent africain et qu'on ne peut blâmer de venir chercher leur place au soleil.
Mais deux contestations de la présence française sont plus préoccupantes.
La première vient des populations elles-mêmes qui sont tentées de faire supporter à l'ancien colonisateur le fardeau de leurs misères ou la mauvaise gouvernance de leurs dirigeants.La position de la France n'est pas aisée. Si elle intervient trop, on l'accuse de néocolonialisme. Si elle n'est pas assez présente, on blâme son égoïsme.
La seconde vient de la France elle-même où une addition de facteurs pousse à distendre les rapports que le pays entretient avec l'Afrique francophone. Pour une grande partie de la communauté médiatique , l'existence de rapports privilégiés avec les anciennes colonies est en elle-même inadmissible. Et de noircir ces rapports en confondant influence et corruption. comme a tenté de le faire récemment un film sur la FRANCAFRIQUE diffusé sur France 2. A suivre ces détracteurs , la France n'aurait en Afrique que de noirs desseins. La logique européenne contribue à son tour à éroder la présence française puisque l'aide directe française est devenue marginale par rapport aux crédits de Bruxelles. Enfin , le repli hexagonal incite beaucoup de Français à se désintéresser du contient africain.
Dans ces conditions, il est difficile à tout gouvernement de promouvoir une vraie politique africaine et la position de la France s'érode chaque jour un peu plus.
Mais on ne se débarrasse pas si facilement d'une Afrique qui reproche à la France d'être à la fois trop absente et trop présente.
La France faute d'une ligne politique claire est devenue fragile et vulnérable et les Français sont devenus en Afrique des cibles privilégiées.

LE RETRAIT MILITAIRE FRANÇAIS EN AFRIQUE
Cela est d'autant plus apparent que la France a réduit drastiquement sa présence militaire en Afrique, comme en témoigne la décision de fermeture des bases militaires au Sénégal .Les accords de défense ont été révisés. Ils ne permettent plus à l'armée française d'intervenir dans les troubles intérieurs des pays africains. Le conflit de Côte d'Ivoire avait illustré, dés 2002, la fin de cette clause puisque le président Bédié s'en était vu refuser l'application. La réduction des crédits de la coopération militaire est aussi significative.
Tout ceci s'est fait au nom d'un angélisme béat.
On imaginait que la fin des rivalités Est-Ouest rendait la situation militaire de l'Afrique stable et sans périls.
On en avait oublié que d'autres formes de subversion ou de sédition pouvaient mettre en péril la stabilité et la sécurité des pays africains. Les nébuleuses Al Quaida obligent aujourd'hui la France à intervenir de façon plus masquée. Chassée l'armée officielle, ce sont les forces spéciales qui sont utilisées. Mais, elles n'ont ni les moyens , ni la mission d'une armée régulière.
Et ce n'est pas le moindre des paradoxes des dénonciateurs des réseaux secrets de la FRANCAFRIQUE d'avoir abouti à substituer à l'armée régulière des hommes de l'ombre qui, sans aucun doute, ne cherchaient pas à remplir une mission qui ne peut être qu'exceptionnellement la leur.
Charles Debbasch