mardi, février 19, 2008

L'INNOCENCE ET LA BARBARIE

L’INNOCENCE ET LA BARBARIE
A PROPOS DES ENFANTS EXTERMINES PAR LE NAZISME

Onze mille enfants juifs de France ont été exterminés pendant la seconde guerre mondiale par les nazis et leurs collaborateurs français. « Chaque année, à partir de la rentrée 2008, tous les enfants de CM2 se verront confier la mémoire d’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah», avait proposé le président Nicolas Sarkozy le 13 février lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France, (CRIF)

Cette suggestion avait déclenché une vive polémique.

Des enfants de neuf-dix ans peuvent-ils supporter le fardeau de telles ignominies ? Certes, il ne faut pas oublier. Le silence est pervers car il contribue à effacer de la mémoire collective la dégénérescence de l’âme humaine qui a conduit à ces crimes. Mais, faut-il pour autant charger la conscience d’enfants du martyre d’autres enfants par les adultes ?

A l’évidence, c’est un poids trop lourd. C’est pourquoi la proposition de Nicolas Sarkozy a été mise en œuvre avec intelligence et bon sens par le brillant ministre de l’Education Nationale Xavier Darcos.

Le premier élément du système Darcos est le réajustement des programmes scolaires. Depuis 2002, «L’extermination des juifs et des Tziganes par les nazis : un crime contre l’humanité»figurait expressément au programme de CM1et de CM2. Les programmes de 2007 ne mentionnaient plus que la «Seconde Guerre mondiale» et «les camps d’extermination» C’est pourquoi, dés septembre 2007, Xavier Darcos a demandé que l’étude de la Shoah soit rétablie dans l’ossature des programmes et cette insertion sera encore renforcée.

La seconde inflexion darcosienne consiste à donner tous pouvoirs aux enseignants pour ajuster la mise en œuvre de la proposition Sarkozy aux réalités de la communauté éducative. Nicolas Sarkozy a donné «une direction», «il est dans son rôle», mais «c’est aux éducateurs de construire ce qui pourra se faire dans les classes» estime le ministre de l’éducation Nationale. C’est la sagesse car il faut éviter de provoquer un choc en retour en en faisant trop.

Dés lors la formule de l’adoption par chaque élève d’un supplicié est adaptée. «Ce qui est critiqué, c’est la complexité de l’idée d’une adoption d’un enfant par un enfant, mais personne ne critique le principe qu’il faille connaître la Shoah», a souligné. Xavier Darcos«Nous allons faire un petit peu bouger la chose, en sorte que ce soit la classe plutôt qui adopte un enfant», a-t-il ajouté.

Ainsi,la proposition présidentielle est déminée et rendue acceptable. Une commission dont fera parie Simone Veil réfléchira aux voies et moyens pour permettre à l’école d’accomplir son devoir de mémoire dans le respect de toutes les sensibilités.

Il s’agira de bannir la barbarie sans porter atteinte à l’innocence.

Charles Debbasch