vendredi, décembre 12, 2008

AGITATION DANS L'EDUCATION

AGITATION DANS L’EDUCATION

L’agitation dans l’éducation est récurrente. Tous les gouvernements de droite et de gauche ont eu à l’affronter. Les mouvements divers contre la politique que conduit le ministre de l’éducation, Xavier Darcos, au nom du gouvernement doivent donc être replacés dans ce contexte général.

LES CAUSES PERMANENTES

Notre société est instable. Les mouvements importants de population, l’urbanisation, l’immigration, l’évolution des mœurs ont déraciné les valeurs anciennes sans en créer de nouvelles communément acceptées. Il existe donc une incertitude sur les valeurs que l’école doit transmettre.

La diversité des élèves rend la tâche des enseignants plus difficile à exercer. La plupart des familles ne sont plus en mesure d’exercer l’accompagnement du travail éducatif qu’elles effectuaient autrefois. Les enseignants doivent exercer à la fois le rôle de maîtres et de parents. Ils représentent la seule autorité à laquelle les jeunes sont soumis dans une société permissive. C’est donc contre eux que s’exercent les rébellions. Ce qui explique les agressions physiques multipliées contre le personnel de l’éducation nationale.

Notre société devenue plus matérialiste ne respecte plus la fonction enseignante comme elle le faisait à l’âge de l’idéal laique. Les maîtres sont devenus des débiteurs de savoirs auxquels on demande de délivrer un produit fini sans se préoccuper de la difficulté de leur fonction. Le slogan est connu : l’école ne remplit pas son rôle, elle ne diffuse pas les savoirs élémentaires, elle est inadaptée face au monde professionnel. On en viendrait même à lui faire supporter la responsabilité du chômage en lui imputant à débit le décalage entre les formations et les emplois.

Face à l’ensemble de ces remises en cause, le monde enseignant garde dans l’ensemble le sens de la valeur de sa responsabilité éducative. Mais, traumatisé par la lourdeur de sa responsabilité, il développe aussi des attitudes négatives.

La première est de croire que le quantitatif peut remplacer le qualitatif. Les syndicats d’enseignants sont tentés d’imaginer que les moyens doivent l’emporter sur les missions. La crise de l’éducation serait liée au défaut de moyens financiers. Les « il n’y a qu'à..augmenter le budget de l’éducation nationale pour résoudre le problème de l’école » deviennent l’échappatoire à la solution des problèmes de fond. Or former des salles de trente , de vingt ou de dix élèves ne remplacera pas la volonté d’apprendre et celle d’enseigner. Dans ma génération de la guerre, nous étions 45 à 50 élèves par classes et nous étions heureux d’apprendre et nos maîtres étaient fiers d’enseigner. Retrouver l’idéal missionnaire de l’enseignant me parait plus important que de ferrailler sur des pourcentages de crédits.

Le second tropisme négatif devant le changement consiste pour les enseignants à s’isoler, à se transformer en corporation détachée du reste de la société. Dés lors, tout changement leur parait suspect. Toute modification d’une virgule dans les programmes engendre la révolte. D’opinions souvent « avancées », beaucoup d’enseignants sont prêts à faire la révolution dans le monde qui les entoure mais sont rebelles à tout changement dans l’univers éducatif. Souvent de bonne foi, ils ne se rendent pas compte que c’est au contraire l’adaptation permanente de l’éducation à la société qui redonnera son lustre à la fonction enseignante.

LES CAUSES CONJONCTURELLES

Toute crise économique provoque des inquiétudes dans la jeunesse. La contraction des emplois est supportée principalement par les jeunes. Les syndicats privilégient la protection des emplois existants et leurs adhérents plutôt que la création des emplois pour les jeunes au sortir de leur formation. La précarité s’installe chez les jeunes. Ceux qui sont en formation sont inquiets devant la fermeture du marché de l’emploi à ceux qui les ont précédés. Il faut respecter cette inquiétude et tenter d’y répondre à la fois par une meilleure adaptation des formations et par une politique résolue d’aide à l’emploi des jeunes.

L’agitation éducative repose aussi sur l’exploitation politique. La plupart des forces syndicales de l’éducation sont marquées politiquement à gauche et sont donc tentées de ferrailler contre un gouvernement de droite. Pour tenter de faire oublier la crise profonde de la gauche et les luttes de tendance du parti socialiste, il existe une tentative pour provoquer l’autorité et l’amener à se durcir pour exacerber la colère des jeunes.

Pourtant le combat sur l’école doit se construire dans l’unité nationale.

Quelle mission plus exaltante pour les maîtres que de revenir les phares de la société ?

Quelle fonction plus importante pour un gouvernement que de moderniser l’école pour la rendre performante, compétitive et missionnaire ?

Il faut cesser de pleurnicher sur l’éducation. Il convient de remplacer l’imprécation par la redécouverte de la vocation.

Charles Debbasch