jeudi, août 21, 2008

MOURIR POUR KABOUL

MOURIR POUR KABOUL

Avec la mort de dix de ses soldats en Afghanistan la France découvre qu’elle est engagée dans une guerre lointaine.

Le prix de la guerre parait toujours trop lourd dans une société en paix. Il faut pourtant savoir parfois payer le prix de la paix en faisant la guerre.
La relative quiétude dont nous bénéficions en France fait trop souvent oublier combien cette situation est fragile. Le monde est assis sur une poudrière. Nous sommes menacés par la poussée des extrémismes et les vagues de la pauvreté. Les expansionnismes ne sont pas morts comme l’illustre l’exemple de la Géorgie. Les fondamentalismes religieux menacent la survie de la planète. Et ils sont à notre porte comme l’illustrent les attentats de ces derniers jours en Algérie. L’effort en faveur de la défense nationale est donc nécessaire .Il est comme l’assurance qui ne paraît chère qu’avant l’accident.
Tout individu qui choisit le métier des armes sait qu’il peut le conduire au sacrifice de sa vie. C’est tout l’honneur et la servitude de la condition militaire. Et c’est pourquoi l’armée mérite la considération de la Nation. Et c’est pourquoi ces dix jeunes fauchés dans la fleur de l’âge ont droit à notre respect et à notre reconnaissance.
Cela ne signifie pourtant pas que nous nous posions la question de savoir pourquoi nous luttons en Afghanistan.
La réponse est simple. Nous sommes aux cites de nos partenaires occidentaux pour défendre la société démocratique et les droits de l’homme contre l’extrémisme des talibans et les terroristes d’Al Quaida En défendant le gouvernement légitime de Kaboul nous cherchons aussi à nous protéger.
Cela n’empêche pas les doutes et les questions. La stratégie de l’Occident est-elle adaptée à la gravité de la menace ? Le pouvoir de Kaboul mérite-t-il toute la considération que nous lui apportons ? Sommes- nous suffisamment associés à la définition des objectifs alors que nous développons notre implication dans le conflit ? Comme le résume fort bien le député Pierre Lellouche, éminent spécialiste des relations internationales, "J'aurais souhaité .., que ce soit une démarche de donnant-donnant : nous augmentons notre contribution à l'effort de guerre, nous sommes impliqués dans les choix stratégiques.".
Voilà pourquoi, après le temps du nécessaire recueillement, viendra le moment où il faudra s’interroger sur la question de savoir s’il est opportun et nécessaire de mourir pour Kaboul.
Charles Debbasch