mercredi, avril 07, 2010

LE CHOC EN RETOUR DES REGIONALES

LE CHOC EN RETOUR DES REGIONALES
L’échec cinglant de la majorité aux régionales a produit une onde de choc qui atteint le président de la République lui-même.
Une controverse est née sur l’aptitude de l’actuel Président à conduire une compétition présidentielle victorieuse en 2012 .
On peut toutefois se demander si l’analyse des contestataires n’est pas superficielle et s’il ne faut pas aller plus au fond des choses .
I-LA CONTESTATION DU PRESIDENT
Notre société médiatique vit tout entière dans l’anticipation .En cette période de mi-mandat chacun s’interroge donc sur la volonté et sur l’aptitude de Nicolas Sarkozy pour gagner la compétition de 2012 .
-L’ATTITUDE DES PROCHES DU PRESIDENT
Avant son élection ,Nicolas Sarkozy pensait à la présidentielle même en se rasant. Certains observateurs peuvent aujourd’hui se demander si l’exercice de la fonction présidentielle ne « rase » pas l’ancien maire de Neuilly et, si rassasié de s’être montré capable d’emporter la compétition majeure, Nicolas Sarkozy ne souhaitait pas à présent voguer vers d’autres horizons . L’expression des personnes les plus proches de son entourage fait à cet égard naître le doute.
Dans un entretien au Figaro Madame, Carla Bruni a donné son avis sur l’éventualité de la candidature de son mari en 2012."En tant qu'épouse, je ne le souhaite pas vraiment. Peut-être ai-je peur qu'il y laisse sa santé, peut-être ai-je envie de vivre ce qui nous reste à vivre dans une certaine paix", a-t-elle déclaré.
Quant au père de Nicolas Sarkozy il s’est montré réservé sur un second mandat de son fils . «C'est lui qui décidera, mais, personnellement, je pense qu'il aura une vie beaucoup plus tranquille et beaucoup plus confortable s'il ne se représente pas»avant d’ajouter «C'est une opinion de père qui aime son fils et qui aimerait le voir heureux … Je peux imaginer le poids des soucis qu'il porte : entre la crise économique, le chômage, les gens dans la rue...».
Dans la mesure où ces déclarations reposeraient sur la pensée intime du chef de l’Etat, elles font naître un débat qui émousse son autorité politique. Le gouvernement des hommes n’a jamais été une partie de plaisir et le bonheur d’une nation exclut souvent la quiétude et la sérénité des gouvernants .On comprend alors que ces propos viennent s’additionner à la contestation de l’après régionales pour nourrir la sédition à l’égard du président .
-LES REMOUS DANS LA MAJORITE PRESIDENTIELLE
Sur le thème des grenouilles qui se cherchent un roi, les « bonnes volontés » n’ont pas tardé à se manifester. C’est tout d’abord Alain Juppé qui a annoncé sa disponibilité à entrer dans la course présidentielle comme pour ne pas être oublié ou prendre chacun de vitesse .L’ancien ministre du budget, le sénateur UMP , Alain Lambert, a été plus radical . Il estime que Nicolas Sarkozy n'est pas en situation de faire gagner la majorité en 2012. Il appelle les ténors de l'UMP, tels que Juppé, Raffarin, Villepin et Fillon, à se rencontrer pour «envisager toutes éventualités» dans «l'intérêt supérieur du pays».
Thierry Mariani, candidat malheureux à la présidence de région PACA, a boycotté l'invitation lancée par le chef de l'Etat aux députés de la majorité à l'Elysée. «Quand on est pris pour un con, il faut savoir terminer les choses», a-t-il déclaré.

Mais la contestation n’est pas seulement l’affaire d’individualités, ce sont désormais des pans entiers du credo sarkozyste qui sont attaqués.
Le bouclier fiscal, première réforme du nouveau président, est contesté par de nombreux députés. Ainsi, treize parlementaires UMP annoncent le dépot d’une proposition de loi pour suspendre le bouclier fiscal.
La décision de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux est également attaquée alors que les citoyens réclament de meilleurs services publics notamment dans les hopitaux , l’éducation nationale ou la sécurité ;
Quant à l’abandon de la taxe carbone, il est applaudi pas certains ou vivement contesté par d’autres comme la secrétaire d’Etat Chantal Jouanno.
Les parlementaires deviennent rétifs devant les réformes et ils contestent pêle-mêle la réforme envisagée de la justice ou même l’éventuel projet de loi sur le voile intégral à propos duquel Bernard Accoyer , président de l’Assemblée nationale observe"Il y a des priorités plus pressantes, qui sont celles de l'emploi et du pouvoir d'achat. La loi doit être applicable et ne doit pas être annulée par le Conseil constitutionnel ou la Cour européenne des droits de l'homme".
Tout ceci donne une impression de désordre et de fin de rêgne. Des réactions trop rapides et non réfléchies risquent en effet de miner l’édifice sarkozyen plutôt que d’aider à son ravalement. Il faut donc s’attacher à refonder les bases d’une doctrine de la droite.
II-LA NECESSAIRE REFONDATION
A l’évidence , le discours politique de la droite comme de la gauche ne correspond pas à l’attente des électeurs .
-LE DESARROI DES FORCES POLITIQUES TRADITIONNELLES
Quand la moitié des électeurs négligent d’accomplir leur devoir électora !il ne suffit pas d’invoquer un trouble passager. Il faut prendre conscience de la gravité du malaise des citoyens qui ne trouvent pas dans les partis politiques traditionnels une réponse à leurs attentes .
D’autant qu’à notre avis il faut ranger également le vote écologiste dans le même clan du refus .Je m’explique. Il ne s’agit pas de railler la préoccupation écologique qui doit imprégner tout programme politique. Il s’agit d’affirmer haut et fort que l’écologie est une des composantes nécessaires d’une doctrine politique mais qu’elle ne peut être la finalité globale et synthétique d’une action politique .Il ne faut pas confondre la partie et le tout .Il faut confronter en permanence la donnée écologique avec les autres exigences du gouvernement des hommes comme le progrés économique, la création des emplois, l’innovation des techniques. La dictature écologique n’a pas de sens. Bloquer au nom de l’écologie les changements ou le progrés technique n’a pas de sens.Transformer la France en une principauté écologique dont le chef de l’Etat serait le grand prince est une régression .La majorité provisoire qui s’est formée au lendeman des régionales entre le PS et génération Ecologie est un leurre.Elle se brisera nécessairement devant les réalités du gouvernement. Qui pourra accepter, par exemple, qu’au lendemain d’un éventuelle victoire de ce panaché disparate, la France soit conduite à renoncer à l’électricité d’origine nucléaire ?
En ce sens, le vote écologique ne peut être considéré que comme une manifestation protestataire, un refus de choisir entre les deux principaux partis .
De même la vigueur retrouvée de la gauche ne doit pas dissimuler que le parti socialiste n’a pas de programme précis sur les orientations qu’i compte donner à la politique de la France.Le PS n’est plus collectiviste et étatiste.Il est plutôt l’expression de tous les conservatismes qui sont inquiets devant les changements de la société. Il bénéficie de la crise économique qui est toujours attribuée aux gouvernements en fonction . Mais le mauvais exemple de l’Espagne et de la Grèce-deux pays gouvernés par des majorités socialistes- démontre que le PS au pouvoir ne fait pas mieux que la droite et qu’il est, au contraire , plus prisonnier qu’elle des déficits publics. La droite est donc loin d’être condamnée à la condition qu’elle sache se réformer.
-LA NECESSAIRE REFORME DE LA DROITE
Les fondamentaux qui avaient inspiré la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy ont profondément évolué. La crise économique a conduit à la contestation du laisser-faire et a revalorisé le rôle de l’Etat .Le chômage et l’appauvrissement qu’il entraine ont renforcé les exigences de solidarité et d’égalité. Est-ce pour autant qu’il faille jeter le libéralisme dans la même fosse que le collectivisme loin de là
-QUEL PROGRAMME POUR LA DROITE
- la crise économique a remis l’Etat fort en évidence. Mais c’est un Etat garant des grands équilibres économiques et sociaux et non un Etat gérant.
-le dégraissement de l’Etat doit être poursuivi mais en période de crise, il faut tenir compte des exigences de l’opinion concernant le maintien des services publics essentiels : éducation , santé, ordre public.
-il faut développer les droits et libertés dont disposent les citoyens et passer d’une société administrée à une société de participation
-Sauf s’il venait à renoncer à se présenter, le candidat naturel de la Droite à la présidentielle est Nicolas Sarkozy. Le seul qui ait une chance réelle de l’emporter.
Charles Debbasch