vendredi, août 15, 2008

LA GUERRE EN GEORGIE ET LES RAPPORTS EST OUEST

A PROPOS DE LA GUERRE EN GEORGIE.RETOUR A LA POLITIQUE DES BLOCS ?

La guerre de Géorgie doit inciter à réviser quelques lieux communs qui avaient cours dans l’appréciation des relations internationales.

On pensait que la dislocation de l’URSS avait mis à néant les capacités offensives du bloc soviétique.On imaginait que la Russie avait définitivement perdu la main sur ses anciennes colonies. On supposait que l’usage de la force était désormais banni dans les rapports Est-Ouest .Sur tous ces points le conflit géorgien nous oblige à nuancer les idées acceptées jusqu’ici.

La Russie vient de rappeler brutalement que l’on ne touche pas impunément à son glacis. Depuis plusieurs mois, appuyé par l’administration Bush, le Président Saakachvili cherchait à ancrer son pays dans le giron atlantique et souhaitait même le voir adhérer à l’Otan. A plusieurs reprises, la Russie avait mis en garde l’allié américain. Par son irruption brutale , la Russie rappelle que l’on ne doit pas aller trop loin dans le flirt avec l’oncle Sam quand on appartient à son ancien Empire.

L’emploi de la force pour donner une leçon au parent infidèle sonne comme un avertissement à tous ceux qui seraient tentés de s’émanciper. La Russie a voulu donner une leçon armée à la Géorgie afin que nul n’en ignore. Elle n’hésitera pas désormais à utiliser la force pour armer sa politique étrangère. Poutine n’est pas Kroutchev qui avait assisté les bras croisés à la dislocation de l’Empire.

Dans ce nouveau contexte de confrontation, les Etats-Unis ont presque été réduits au rôle de spectateurs. Le risque d’un
Affrontement direct avec l’armée soviétique était trop grand. C’est un signe de faiblesse pour les autres pays issus des jupes communistes. Ils se rendent compte que si les Etats-Unis les engagent à aller trop loin, ils risquent de devoir en supporter seuls les conséquences comme le Président géorgien.

Quant à l’Europe elle a joué, grâce à l’impulsion de Nicolas Sarkozy, un rôle utile de médiation. Mais elle n’est pas en état de garantir l’intégrité territoriale de la Géorgie.

Ce n’est pourtant pas à un retour de la guerre froide que nous assistons. Tout au long de leur action, la Russie et ses dirigeants ont mené une action de communication pour expliquer leur action. La Russie ne veut pas se couper du monde extérieur. Elle a besoin d’échanges commerciaux, industriels et financiers. Elle lutte avec l’Occident contre le terrorisme international.

Certes tout peut encore déraper. Mais il est peu probable que la Géorgie marque une rupture définitive des excellents rapports construits depuis 15 ans entre les deux blocs. Le refroidissement actuel va simplement obliger les deux géants américain et russe à rebâtir le socle de leurs relations.

Charles Debbasch