jeudi, juin 19, 2008

RAYMOND DOMENECH ET LES ASTRES

RAYMOND DOMENECH ET LES ASTRES

L’Euro 2008 vient de se terminer en catastrophe pour la France et chacun s’interroge sur l’aptitude réelle de l’entraîneur national Raymond Domenech. De multiples questions sont soulevées et les réponses ne sont pas évidentes.
Dans les moments difficiles, deux types de sorties sont possibles. Il y a la voie rationnelle : il faut alors analyser la capacité réelle d’un entraîneur qui n’a jamais connu le succès, le vieillissement d’une équipe qui conjugue sa gloire au passé. Mais, il y a une autre explication qui relève de l’irrationnel : il faut interroger les astres. C’est ce qu’a tenté de faire le magazine suisse L’illustré qui a demandé ses prédictions à Elisabeth Tessier. L'astrologue avait prédit la victoire... de l'équipe de France à l'Euro-2008 et "un moment unique dans la vie" du sélectionneur Raymond Domenech, "Le ciel de Raymond Domenech, comparé à celui de la finale de l'Euro, m'a éblouie", écrit Elizabeth Teissier."Ce verseau ascendant vierge vit un moment unique dans sa vie, à l'instar d'Alain Prost en 1985, lorsque je lui ai annoncé qu'il serait champion du monde. De là à conclure que la France va gagner l'Euro, il n'y a qu'un pas, que je franchis allégrement!" ajoute-t-elle.
Comble de malchance pour l’astrologue cette chronique a été publiée au lendemain de l'élimination de l'équipe de France de l'Euro. On voudrait pourtant absoudre la Madone des horoscopes. Elle a pensé que Raymond Domenech vivait sur la planète Terre alors qu’il parait le plus souvent dans la Lune.

Il est significatif qu’après l’échec de son équipe, il ait demandé publiquement devant des journalistes sa compagne en mariage. Je pense que l’erreur de prédiction d’Elisabeth Tessier s’explique parce qu’elle n’avait pas pris conscience de l’état d’esprit de l’entraîneur .Le management des joueurs l’intéressait moins que la nouvelle étape de son ménage. Tel était « le moment unique dans la vie» que s’apprêtait à vivre Raymond Domenech. Elisabeth Tessier s’était simplement trompée de terrain de jeu : il ne s’agissait pas d’un stade mais d’une chambre à coucher. Il faut savoir d’une façon ou d’une autre tirer au but.

Voilà comment on est passé des astres au désastre.

Charles Debbasch

lundi, juin 16, 2008

LES LECONS DU NON IRLANDAIS AU TRAITE DE LISBONNE

LES LECONS DU NON IRLANDAIS

Il va falloir très vite tirer les leçons du non de l’Irlande au traité simplifié de Lisbonne.

Certes, on peut trouver qu’il témoigne de quelque ingratitude de la part des électeurs d’un petit pays qui a largement profité de son intégration dans l’Europe.

Certes, on peut trouver qu’il est anormal qu’un seul pays puisse bloquer un processus désiré par tous les autres.

Mais on doit aussi tirer les leçons de ce rejet.

Pourquoi, en effet, les autres Etats ont-ils choisi de ne pas soumettre au referendum la question de l’adoption du Traité simplifié et ont préféré la voie parlementaire. ?

Tout simplement, parce qu’ils savaient que le risque était grand de voir les peuples se prononcer contre l’adoption. On peut être tenté de penser que les élites parlementaires sont plus avancées dans la connaissance de l’Europe que les opinions publiques et que c’est pour cette raison que l’on écarte le choix direct par les électeurs. Mais une démocratie ne doit jamais avoir peur des citoyens.

En réalité, l’Europe est devenu un monstre technocratique auquel les citoyens ne comprennent plus rien. Bien que simplifié le Traité ne comprenait pas moins de 350 pages. Est- ce bien raisonnable ?

L’Europe est lancée dans une fuite en avant qui peut l’entraîner à sa perte. L’élargissement trop rapide à de nouveaux membres avant qu’ait été réalisé l’approfondissement démocratique préalable fut une erreur grave.

Il faut sortir l’Europe de la technocratie et la réconcilier avec les citoyens.

Telle devrait être la tache essentielle de la Présidence française qui s’ouvre dans les prochains jours.

Charles Debbasch

jeudi, juin 12, 2008

QUEL AVENIR POUR L'UMP ?

L’UMP A LA RECHERCHE DE SON IDENTITE

Il n’est jamais aisé d’être le parti du Président. L’UMP le ressent particulièrement à l’heure actuelle.

Son positionnement par rapport au Chef de l’Etat est particulièrement difficile. A l’égard de l’opinion , le parti du Président porte la responsabilité de la politique gouvernementale et donc en assume totalement l’actif mais aussi le passif. Ce qui, en période de crise économique, est lourd à porter. D’où la tentation de se distinguer quelque peu de la position des ministres pour acquérir une volonté propre. C’est ce que tente de faire, avec plus ou moins de succès, Patrick Devedjian .Mais la mesure est difficile à tenir puis qu’il faut se distinguer sans s’opposer, être original sans être dissonant.

La situation du Président de la République n’est guère plus facile. Il doit, à tout prix, garder le contrôle de son parti .C’est lui qui l’a aidé à prendre le pouvoir. C’est lui qui l’aidera à le conserver. Mais, le maintien de ce contrôle est difficile. Les plus fidèles sont devenus des ministres qui disposent de moins de temps pour l’action politique. Les plus ambitieux ne font pas davantage l’affaire car ils aideraient le parti à se distinguer du chef de l’Etat. Nicolas Sarkozy n’a pas laissé une seule personne diriger le parti à sa place. Il a dilué les responsabilités pour permettre aux ambitions de se heurter. Ce qui n’a pas manqué de se produire au prix d’une certaine perte de l’efficacité.

La responsabilité même du Président de la République l’écarte d’une gestion étroitement partisane. Président de tous les Français, il doit se montrer ouvert et disponible pour tous. Il lui faut donc parfois sacrifier les siens sur l’autel de l’ouverture ce qui fait grincer les dents à l’UMP.

L’UMP doit donc être étroitement tenue en main. La bataille pour son contrôle est plus vive que jamais. La situation n’est pas nouvelle. Georges Pompidou était devenu après la dissolution de 1968 le vrai chef du parti gaulliste et avait éclipsé le général de Gaulle. Lionel Jospin avait pris ses distances par rapport à François Mitterrand au nom de la politique d’inventaire. Et Nicolas Sarkozy s’est emparé du parti gaulliste à la barbe de Jacques Chirac.

C’est en réalité par l’action et la proposition que l’UMP trouvera ses propres marques

Charles Debbasch

jeudi, juin 05, 2008

LA VICTOIRE DE BARACK OBAMA

LA VICTOIRE DE BARACK OBAMA

Après une longue période de confrontation avec Hillary Clinton, Barack Obama a obtenu l’’investiture du parti démocrate pour la prochaine élection présidentielle américaine. Il s’agit d’un choix important pour la grande puissance américaine et aussi pour l’ensemble de la société internationale.

Cette compétition a été marquée par une double novation .Pour la première fois un noir et une femme se disputaient la candidature pour la Présidence. Le double mouvement pour l’émancipation des femmes et pour le non discrimination à l’égard des citoyens américains de race noire a produit ses fruits. Il est quand même singulier que ces deux libérations se soient trouvées en compétition. . Pour la première fois, un Africain-Américain va se présenter sous les couleurs de l'un des deux grands partis dans la bataille présidentielle. "Président noir", ces deux mots ne sont plus inconciliables, a souligné le Washington Post.

C’est, sans doute, la singularité de l’Amérique de nous surprendre. Et de nous faire rêver aussi. On est en effet loin des investitures en catimini à la française. Les candidats américains sont contraints à une dure compétition, Etat après Etat, qui favorise la participation populaire c'est-à-dire la démocratie. Prés de trente sept millions de citoyens ont participé au choix du candidat et non, comme en France quelques milliers. Certes le système a un coût mais, à tout prendre, il est infiniment digne et respectable.

Cette longue compétition de six mois révèle les qualités et les défauts des candidats. Elle les aguerrit afin de les rendre dignes du pouvoir. Elle leur permet de roder les aspérités de leurs programmes et de les adapter aux vœux des électeurs Au point qu’à la fin de la compétition, les programmes se ressemblent pour mieux rassembler. Comme l’écrivait Alexis de Tocqueville, en Amérique « C’est donc réellement le peuple qui dirige, et, quoique la forme du gouvernement soit représentative, il est évident que les opinions, les préjugés, les intérêts et même les passions du peuple ne peuvent trouver d’obstacles durables qui les empêchent de se produire dans la direction journalière de la société. »

L’investiture de Barack Obama illustre l’émergence d’une nouvelle Amérique, un melting pot où les Whasps ne monopolisent plus le pouvoir.

A présent, une nouvelle compétition s’ouvre qui opposera le candidat démocrate à John Mac Cain, le candidat républicain. Barack Obama va avoir besoin des femmes américaines qui avaient rêvé voir la féminité gouverner à la Maison Blanche. A ce titre, Hillary Clinton peut-être un bon appui et donc une personne à honorer de quelque façon que ce soit. On comprend alors l’hommage que Barack Obama a rendu à sa rivale. « La sénatrice Hillary Clinton est entrée dans l'Histoire dans cette campagne, pas seulement parce qu'elle est une femme qui a accompli ce qu'aucune femme n'avait accompli avant, mais parce qu'elle est un leader qui inspire des millions d'Américains par sa force, son courage, et son engagement. (…) Notre parti et notre pays sont meilleurs grâce à elle, et je suis un meilleur candidat pour avoir eu l'honneur de faire campagne contre Hillary Rodham Clinton. » Traumatisée par l’échec, la compagne de Bill n’a donc pas tout perdu.

Charles Debbasch

mardi, juin 03, 2008

UN MONDE AFFAME

UN MONDE AFFAME

La Conférence internationale de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) sur la sécurité alimentaire, qui se tient à Rome du 3 au 5 juin 2008 se situe à un moment crucial.

Le monde a découvert brusquement, dans ces dernier mois, qu’il existait un déficit considérable de la production alimentaire mondiale. Il en résulte une hausse du prix des denrées qui a entrainé dans les pays les plus pauvres des émeutes. Le cas du riz est particulièrement significatif. La tonne de riz thaïlandais se vendait 200 dollars en 2003, environ 300 dollars au début de 2007. Son prix est monté à 760 dollars au mois de mars 2008.

Plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. 86 pays ne produisent pas eux-mêmes de quoi nourrir leur population et n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour importer de la nourriture. Alors que la malnutrition recule partout et notamment en Chine, elle progresse en Afrique où se trouve la moitié des pays qui souffrent de la faim.

A qui la faute ?

Un défaut général de prévision explique en partie cette situation catastrophique. On s’est tellement félicité de l’augmentation des rendements et des progrès de l’agriculture industrialisée que l’on a perdu les repères essentiels.La croissance de la production a entrainé une baisse des prix qui a ruiné progressivement les petites exploitations.

Les pays riches n’ont rien fait pour aider les pays pauvres à soutenir leur agriculture. En subventionnant largement leurs producteurs, ils ont vulnérabilisé les paysans des pays les plus pauvres. Les Etats-Unis ont voté par exemple une nouvelle aide de 305 milliards de dollars, sur cinq ans, aux agriculteurs qui rend encore plus vulnérables les producteurs de mais ou de coton africains. L’Union européenne porte également sa part de responsabilité dans la situation présente.

Les spéculateurs aggravent la crise. Les denrées agricoles sont devenues des produits financiers sur lesquels se sont rués les spéculateurs qui se sont détournés du marché immobilier.

Face à cette crise, une politique mondiale volontariste est nécessaire.il faut aider les plus pauvres à se procurer engrais et semences. Il faut également freiner le mouvement d’urbanisation et encourager les agriculteurs.

Si l’augmentation des prix des produits agricoles est, à l’heure actuelle, un lourd fardeau, elle peut, en revanche, favoriser à terme un renouveau de l’agriculture.

Charles Debbasch