lundi, mai 26, 2008

QUAND LE NOUVEL OBS DERAPE EN IMPUTANT DE FAUX PROPOS A NICOLAS SARKOZY

QUAND LE NOUVEL OBSERVATEUR DERAPE
A PROPOS DES FAUX PROPOS PRETES A NICOLAS SARKOZY

Dans sa rubrique Téléphone rouge du 15 mai 2008, le Nouvel Observateur publie un confidentiel qui relate un entretien informel donné, lundi 5 mai, par Nicolas Sarkozy à des journalistes spécialistes de l'Europe. Selon cet article, le chef de l'État aurait convié ses invités à passer en terrasse sur un mode vulgaire : "Putain les mecs, il fait chaud, on se fout sur la terrasse !" Et le Chef de l’Etat interrogé "sur sa pusillanimité à propos des droits de l'homme en Tunisie", aurait perdu tout sang froid et aurait répliqué : "Rien à foutre, de toute manière, ce ne sont que les connards qui posent des questions à la con..."

On voit immédiatement le dégât que peut causer une telle attitude. Malgré ses efforts pour adopter un nouveau style, le président n’aurait pas changé et il aurait réédité l’épisode du Salon de l’agriculture en l’aggravant. Il y a là de quoi ternir définitivement l’image de Nicolas Sarkozy dans l’opinion. D’autant que l’on peut supposer qu’un hebdomadaire aussi prestigieux ne peut pas mettre entre guillemets des propos du Président de la République sans les avoir vérifiés.

Mais, hélas pour le Nouvel Obs. et heureusement pour Nicolas Sarkozy, un journaliste de Libération, Jean Quatremer qui publie un blog justement célèbre et qui fait autorité sur les affaires européennes était présent à cette réunion. Et il témoigne : "Comment rester muet devant un tel mensonge qui nuit à toute la profession", s'insurge-t-il avant de livrer sa compte-rendu des faits. Ce jour-là, il fait beau dehors, et Nicolas Sarkozy s'amuse du décor dans lequel il reçoit ses hôtes : "Je ne suis pas contre la distance présidentielle, mais là, quand même, c'est trop. Cette maladie de faire des trucs tristes. Ça manque de convivialité. Et si on se mettait dehors, êtes-vous d'accord ?" "Mais nul putain les mecs ", précise Quatremer.

Il n’y a pas eu plus de connard dans les propos de Nicolas Sarkozy. Selon Jean Quatremer , "sur la Tunisie, Sarkozy a défendu sa position avec passion, expliquant que Ben Ali n'était sans doute pas le plus grand des démocrates, mais que grâce à lui le pays n'avait pas versé dans l'islamisme radical, que les femmes n'étaient pas voilées et qu'elles faisaient des études."Et le blogeur de préciser que, ce jour-là, "l'hebdomadaire n'ayant pas de correspondant à Bruxelles". Il n’y avait aucun collaborateur du Nouvel Obs présent.

Il s’agit bien entendu d’une addition de fautes déontologiques graves. Comment un journal réputé sérieux peut-il prêter des propos à un Chef d’Etat sans les avoir vérifiés ?

Il s’agit là au surplus d’un second épisode des attaques déplacées du Nouvel Obs à l’égard du Président après l'affaire du prétendu SMS de Nicolas Sarkozy à son ex-épouse, Cécilia. Dans ce dossier, le Nouvel Obs, par la voix de Jean Daniel, avait présenté des excuses. Ce qui n’avait pas empêché Guillaume Malaurie, directeur de la rédaction du «Nouvel Observateur», d’assurer maintenir « son soutien et sa confiance »au journaliste auteur de l’article et de répondre à la question : « -Avez-vous des regrets? Les regrets éternels sont réservés à d’autres circonstances. »

Or, il est probable que si l’hebdomadaire avait engagé une réflexion collective à propos de l’affaire du SMS ses journalistes auraient été plus vigilants et auraient évité la nouvelle dérive.

La liberté de la presse est une exigence fondamentale dans un Etat de droit mais les journalistes doivent l’accompagner d’un sens de la responsabilité et d’un respect de la déontologie sans failles. Ceux-ci sont les chevaliers servants de la liberté et non les électrons libres de leurs pulsions, inclinations ou préférences. La vérité ne se marchande pas.

Charles Debbasch
Ancien Président du Groupe de Presse Dauphiné Libéré-Lyon-Matin

Charles Debbasch a publié de nombreux travaux sur le droit de l’information Traité du droit de la radiodiffusion, (radio et télévision) 1967. . Le droit de la radio et de la télévision, PUF, Collection "Que sais-je ?", n° 1360, 1ère éd., 1969 ; 2ème éd., 1984, (Le droit de l'audiovisuel). . Le Droit de l'audiovisuel, Précis Dalloz, 1ère éd., 1988 ; 2ème éd., 1991 ; 3ème éd. 1993 ; 4ème éd. 1995. . La régulation de la liberté de la communication audiovisuelle, PUAM-Economica, 1991. . Cinéma et télévision, PUAM-Economica, 1992. . Publicité et audiovisuel, PUAM-Économica, 1993. . Les campagnes électorales radiotélévisées, PUAM-Economica, 1995. . La C.N.C.L., Economica 1988. . Les grands arrêts du droit de l'audiovisuel, Sirey, 1991 . Droit des Médias, collection Références, Dalloz 1999 ; 2ème éd., 2001. . Droit de la communication, 1ère édition Dalloz, 2001.