mardi, septembre 19, 2006

LE BLOG DE CHARLES DEBBASCH LE PRE PRESIDENTIEL

LE PRE PRESIDENTIEL

LE BLOG DU DOYEN CHARLES DEBBASCH


SARKOZY AUX ETATS UNIS

La visite de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis ne cesse pas de faire des vagues. Jacques Chirac aurait qualifié d’irresponsable les déclarations de son ministre de l’Intérieur. Quant aux socialistes, ils ont rangé le président de l’UMP au rayon animalier : il serait pour Fabius le future caniche du Chef d’Etat américain et pour Emmanuelli un chiot couché devant son maitre.
Essayons de remettre un peu d’ordre dans ce débat qui touche au plus profond des orientations politiques.
Observons tout d’abord qu’il est normal et même légitime qu’un candidat potentiel à la Présidence de la République française se rende aux Etats-Unis. Qu’il l’ait fait dans la semaine du 11 septembre au moment où le peuple américain était recueilli dans le souvenir de la tragédie du World Trade Center ne peut qu’être approuvé. Il n’y a pas de concession dans la lutte contre le terrorisme et la barbarie. Et, il faut avoir de la mémoire. Comme le dit justement Michel Sardou dans une de ses chansons « Si les Ricains n'étaient pas là,Vous seriez tous en Germanie,A parler de je ne sais quoi, A saluer je ne sais qui.» Il faut que les nouvelles générations aillent visiter en Normandie ou ailleurs les tombes de ces jeunes américains fauchés dans la fleur de l’âge pour défendre notre liberté au moment où les dictatures nazies ou communistes dressaient le voile noir ou rouge de leur oppression sur le monde. Les Etats-Unis et la France partagent les mêmes idéaux de justice et de liberté et ce n’est pas parce qu’il est à la mode de hurler avec les loups anti-américains que la France doit confondre l’essentiel et l’accessoire.

Cela ne signifie pas pour autant que la France doive couvrir les erreurs de Bush et notamment la guerre en Irak. Mais cela veut dire qu’il faut éviter les rodomontades guerrières, les expressions tonitruantes, les blessures inutiles. En d’autres termes, on peut, sans être le toutou de Bush, refuser d’aboyer avec la meute et préférer la discussion, le débat. Cela nous éviterait le ridicule après avoir hurlé notre hostilité aux Etats-Unis de nous faire tout petit pour ne pas gêner nos exportations de vin ou de foie gras. Au demeurant , les déclarations de Nicolas Sarkozy ont été plus mesurées que le condensé qui en a été publié. Sarkozy n’a pas critiqué la position française sur le fond-il est et reste hostile à l’intervention en Irak-mais sur la forme. Il y avait surement d’autres méthodes que le discours bravache pour faire entendre la différence de la France.

Les sonorités différentes de la droite française ne sont pourtant pas nouvelles. Il existe depuis des lustres une droite francaise pro-atlantique incarnée par le courant démocrate-chrétien puis centriste et une droite gaulliste qui cherche à affirmer l’indépendance de l’Europe par rapport aux Etats-Unis. Les déclarations de Nicolas Sarkozy manifestent à cet égard une évolution puisque le Président de l’UMP se rapproche d’une position plus atlantiste Mais la politique est tout d’abord une affaire de langage. Les paroles enflammées de Villepin au moment du déclenchement de l’affaire irakienne ont flatté l’ego des Français qui se sont imaginés redevenir le centre du monde. Il n’est pas certain que le réalisme de Nicolas Sarkozy ne soit pas plus proche des potentialités françaises. Pour reprendre le langage animalier que l’on évoquait en commençant :rien ne sert de se faire passer pour le roi lion quand on se contente de pousser le cri du coq.