samedi, septembre 03, 2011

TRANSPARENCE OU VIOL

TRANSPARENCE OU VIOL


WikiLeaks s’est fait une spécialité de publier des documents diplomatiques volés. Or, voici que le voleur a été à son tour volé. Le site, avec la participation de quelques journaux, s’était fixé une limite dans la publication de ses sources. Il avait occulté le nom des personnes qui pouvaient être mises en danger à la suite de ces divulgations. Mais, il n’existe pas de bornes dans la piraterie. Un malin ayant réussi à décoder les sources de WikiLeaks a franchi les frontières et a publié les noms jusqu’alors cachés. Le site de Julian Assange ne voulant pas être en reste a dès lors décidé à son tour de franchir la barrière fragile qu’il s’était fixée. Il a publié à son tour les 251 287 câbles diplomatiques sans biffer les noms de personnes pouvant pâtir de cette publication.

En France, l’on apprend que le coordinateur national du renseignement c’est-à-dire en définitive l’homme qui est censé détenir le plus de renseignements confidentiels s’est fait voler son portable qui, comme on l’imagine, doit stocker les informations les plus confidentielles.

Le Monde qui annonce la nouvelle se garde bien de se réjouir. Il aurait pourtant pu y voir une réponse du berger à la bergère lui qui a porté plainte pour l’atteinte au secret des sources de deux de ses journalistes.

A l’évidence, le développement dans notre société de l’utilisation des ordinateurs, d’internet ou de la téléphonie mobile pose en des termes nouveaux la question de la transparence.

La transparence est une vertu démocratique. Il est normal que l’action des Etats se déroule sous un contrôle public et que les journalistes disposent du plus large accès aux sources. Mais si l’on ne veut pas que la transparence détruise la démocratie, il faut admettre qu’elle connaisse des limitations.

Il est indispensable que les informations liées à la sécurité de l’Etat ou à l’action contre la délinquance et le crime organisé, à l’action extérieure, à la monnaie et au crédit restent confidentielles. Il n’y a pas d’Etat sans le maintien du secret sur ses intérêts vitaux. Bien entendu, ces limitations ne peuvent pas être discrétionnaires et leur mise en mouvement doit être contrôlée par des instances indépendantes

La transparence doit être plus restreinte concernant les personnes. La recherche ou la publication d’informations personnelles ou relatives à la vie privée violent les droits de la personnalité. Seules les sociétés totalitaires font peser un contrôle total sur l’activité des individus.

En résumé, il ne faut pas qu’au nom de la démocratie de la transparence on en arrive à justifier des pratiques qui relèvent des régimes autoritaires. Justement la limite franchie par WikiLeaks.

Charles Debbasch