dimanche, décembre 07, 2008

LE PARTI SOCIALISTE ENTRE IMPLOSION ET COURANTS D'AIR

LE PARTI SOCIALISTE ENTRE IMPLOSION ET COURANTS D’AIR
Après l’affrontement dramatique de Martine Aubry et de Ségolène Royal deux voies étaient possibles pour le Parti socialiste soit la persistance de l’affrontement, soit la réconciliation .Pour l’heure on est plus proche de la première option. Le PS oscille entre implosion et démembrement en courants.
L’IMPOSSIBLE RECONCILIATION
"J'ai fait à Ségolène Royal des propositions fortes pour qu'elle puisse, dans la logique de ce qu'elle a défendu", accepter "un texte pour la rénovation du parti et même faire figurer dans la direction certains de ses amis", avait déclaré Martine Aubry .Mais, cette affirmation de portée médiatique ne correspondait pas aux intérêts bien compris des deux protagonistes.
Les courants qui avaient poussé en avant Martine Aubry ne souhaitaient pas que Ségolène Royal et ses partisans investissent les rangs de « leur »parti. Les amis de Ségolène Royal qui ne croyaient pas à la sincérité de l’élection de Martine Aubry n’avaient aucun intérêt à conforter sa position.
LES TERRAINS D’AFFRONTEMENT
Le courant royaliste exigeait en prime de son ralliement le poste de numéro deux du parti et la présidence de la fédération des élus socialiste .Les amis de Martine Aubry craignaient de voir leurs positions grignotées par la montée en puissance des royalistes.
Pour conduire Ségolène Royal à la rupture, ils ont donc agité le chiffon rouge du Modem. En insérant dans le texte d’orientation le refus d’alliance avec le mouvement de François Bayrou, ils bloquaient ainsi toute possibilité d’accord.
LE PS DIVISE EN DEUX
En refusant tout accord Martine Aubry et ses partisans ont fragilisé le parti. C’est ainsi la moitié de ses adhérents qui est exclue des instances dirigeantes. Comme le soutiennent deux des amis de la présidente de Poitou-Charentes, Vincent Peillon et Manuel Valls: «il y a sans doute un «tout sauf Ségolène Royal», il y a malheureusement «un tout sauf la moitié des militants socialistes».Et Vincent Peillon d’ajouter : "La volonté était clairement de nous exclure de la direction du Parti socialiste. La porte est bien fermée".
COURANTS ET COURANTS D’AIR
Martine Aubry n’est pas seulement menacée par la dissidence royaliste. Elle a du également accepter un compromis avec tous les autres courants du parti et notamment sceller une alliance avec le maire de Paris et l’aile gauche menée par Benoît Hamon. Si Bertrand Delanoë, traumatisé par son échec, ne siège plus dans les instances dirigeantes, ses partisans y figurent en bonne place. Neuf des proches de Benoit Hamon sont cooptés dans la direction, comme, l’ancien président du syndicat étudiant Unef, Bruno Julliard, chargé de l'éducation, ou l'ancien président du Mouvement des jeunes socialistes(MJS) Razzy Hammadi, chargé des services publics. Plusieurs proches de Laurent Fabius sont nommés (Guillaume Bachelay à l'industrie, Laurence Rossignol à l'environnement) Les partisans de Dominique Strauss-Kahn comme Jean-Christophe Cambadélis, ne sont pas davantage oubliés. Le pouvoir de Martine Aubry est ainsi sérieusement encadré par les représentants des barons du parti.
ET MAINTENANT
Les partisans de Martine Aubry- ou plus exactement les adversaires de Ségolène Royal -peuvent penser qu’ils ont gagné la partie. En verrouillant le PS, ils peuvent espérer endiguer l’influence de l’ancienne candidate socialiste à la Présidence et bloquer le moment venu son investiture par le parti pour la prochaine présidentielle. De son côté, Ségolène Royal peut espérer que ce repli du PS sur sa vieille base décevra les nouveaux militants et qu’elle pourra incarner le moment venu le renouveau du Parti.
En tout état de cause, le PS sort affaibli de cette confrontation. Toujours menacé d’implosion, divisé en baronnies, menacé par l’extrême gauche, il court le risque de voir les tendances centrifuges l’emporter sur les orientations centripètes.

Charles Debbasch


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