J’appartiens à cette génération de l’avant-guerre qui a connu l’horreur
des nazis et qui ne peut oublier la folie collective qui s’était emparée du peuple allemand.
J’appartiens à cette génération qui a applaudi à l’action de réconciliation
franco-allemande conduite dans le sillage de Robert Schuman et qui la croit
définitive.
J’appartiens à une génération universitaire qui a vu naître une jeunesse
européenne prête à se rencontrer, à échanger, à se marier.
J’appartiens à une génération libérale qui s’indignait du misérabilisme
totalitaire de l’Allemagne de l’Est et qui s’est réjouie de la chute du mur de Berlin
et de la réunification de l’Allemagne.
Je juge donc insensées les déclarations antiallemandes de ces derniers
jours.
Ne voilà-t-il pas que le député
socialiste Jean,- Marie le Guen compare l’entretien Sarkozy-Merkel à la reculade
de Daladier à Munich. Quant à Arnaud Montebourg, il demande une
confrontation dure avec la chancelière allemande qu’il a accusée d’être «en train de tuer l’euro» et de
conduire «une politique à la Bismarck».
Pour lui, en refusant que la Banque centrale européenne rachète massivement les
dettes souveraines des pays de la zone euro, Angela Merkel a «décidé d’imposer» à ces pays «un ordre allemand». Marine Le Pen qualifie
la situation présente d’’’Europe à la Schlague.’’
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé vendredi que les
socialistes «prenaient les risques de
ressusciter en France les vieux démons de la germanophobie», jugeant «honteux, par hargne partisane, de
fragiliser notre acquis le plus précieux: la réconciliation, l’amitié franco-allemande».
Mais tous les socialistes ne peuvent pas être rangés dans le camp antiallemand.
Pierre Moscovici, directeur de campagne du candidat Hollande déclare que la gauche ne doit pas «ranimer des relents et des sentiments antiallemands».
«Le couple franco-allemand est plus que jamais nécessaire pour sortir de la
crise en Europe».
Cette crise
franco-allemande est pourtant sérieuse. Elle repose sur une évolution profonde
de l’économie européenne.
Les pays du
Sud et la France sont à la traine. L’Allemagne et les pays du nord constituent
un pôle d’attraction fort auquel tendent à se rattacher les Etats de l’ancien
glacis soviétique.
Ce différentiel
de puissance a tout naturellement sa traduction diplomatique. Les fourmis ne
veulent pas payer pour les cigales et la Chancelière allemande demande à juste
titre des règles de solidarité budgétaire avant de s’engager plus avant dans le
sauvetage de l’euro.
Mais nous
sommes là dans une discussion diplomatique classique qui ne doit pas dégénérer
en germanophobie.
A la
condition toutefois que les forts n’abusent pas de leur puissance.
Une publicité
en allemand pour une auto allemande sur les télévisions françaises vantant la
qualité allemande comme pour l’opposer au ‘’bricolage français’ ’a sans doute
fait plus pour réveiller la germanophobie que les exigences d’Angela Merkel !
Charles
Debbasch