samedi, décembre 03, 2011

LA FOLIE DE LA GERMANOPHOBIE





J’appartiens à cette génération de l’avant-guerre qui a connu l’horreur des nazis et qui ne peut oublier la folie collective qui s’était emparée  du peuple allemand.



J’appartiens à cette génération qui a applaudi à l’action de réconciliation franco-allemande conduite dans le sillage de Robert Schuman et qui la croit définitive.



J’appartiens à une génération universitaire qui a vu naître une jeunesse européenne prête à se rencontrer, à échanger, à se marier.



J’appartiens à une génération libérale qui s’indignait du misérabilisme totalitaire de l’Allemagne de l’Est et qui s’est réjouie de la chute du mur de Berlin et de la réunification de l’Allemagne.

Je juge donc insensées les déclarations antiallemandes de ces derniers jours.

Ne voilà-t-il pas que  le député socialiste Jean,- Marie le Guen compare l’entretien Sarkozy-Merkel à la reculade de Daladier à Munich. Quant à Arnaud Montebourg, il demande une confrontation dure avec la chancelière allemande qu’il a accusée d’être «en train de tuer l’euro» et de conduire «une politique à la Bismarck». Pour lui, en refusant que la Banque centrale européenne rachète massivement les dettes souveraines des pays de la zone euro, Angela Merkel a «décidé d’imposer» à ces pays «un ordre allemand». Marine Le Pen qualifie la situation présente d’’’Europe à la Schlague.’’

Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé vendredi que les socialistes «prenaient les risques de ressusciter en France les vieux démons de la germanophobie», jugeant «honteux, par hargne partisane, de fragiliser notre acquis le plus précieux: la réconciliation, l’amitié franco-allemande». Mais tous les socialistes ne peuvent pas être rangés dans le camp antiallemand. Pierre Moscovici, directeur de campagne du candidat Hollande déclare que  la gauche ne doit pas «ranimer des relents et des sentiments antiallemands». «Le couple franco-allemand est plus que jamais nécessaire pour sortir de la crise en Europe».

Cette crise franco-allemande est pourtant sérieuse. Elle repose sur une évolution profonde de l’économie européenne.

Les pays du Sud et la France sont à la traine. L’Allemagne et les pays du nord constituent un pôle d’attraction fort auquel tendent à se rattacher les Etats de l’ancien glacis soviétique.

Ce différentiel de puissance a tout naturellement sa traduction diplomatique. Les fourmis ne veulent pas payer pour les cigales et la Chancelière allemande demande à juste titre des règles de solidarité budgétaire avant de s’engager plus avant dans le sauvetage de l’euro.

Mais nous sommes là dans une discussion diplomatique classique qui ne doit pas dégénérer en germanophobie.

A la condition toutefois que les forts n’abusent pas de leur puissance.

Une publicité en allemand pour une auto allemande sur les télévisions françaises vantant la qualité allemande comme pour l’opposer au ‘’bricolage français’ ’a sans doute fait plus pour réveiller la germanophobie que les exigences d’Angela Merkel !



Charles Debbasch