vendredi, mars 20, 2009

CRISE MONDIALE ET POLITIQUE INTERIEURE

CRISE MONDIALE ET POLITIQUE INTERIEURE

Entre 1,2 millions (selon la police) et 3 millions (selon la CGT) de personnes ont défilé dans 229 manifestations à l'appel des huit syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, Solidaires, FSU, Unsa). Ce nouveau rassemblement de masse ,après celui du 29 janvier, illustre l’inquiétude des travailleurs face à la dégradation de la situation économique.
L’objectif des syndicats était de conduire le gouvernement à renforcer les mesures de relance de l’économie. Mais, avant même le mouvement de grève, Nicolas Sarkozy avait fait savoir que le plan de relance resterait intangible. Cette position a été confirmée, au soir du 19 mars, par François Fillon. Le Premier ministre a dit comprendre une inquiétude qui est très légitime face à une crise mondiale d'une très grande gravité", Mais, il a exclu tout nouveau plan de relance. Selon lui, il faut "attendre" que le premier plan de relance de 26 milliards d'euros lancé en décembre "produise ses effets" et notamment "des emplois qui vont être sauvés et qui ont déjà été sauvés", "des mesures pour aider la trésorerie des entreprises", une extension du recours au chômage partiel et sa meilleure indemnisation. Un effort important a selon lui déjà été consenti avec la suppression des deux tiers provisionnels de l'impôt sur les revenus 2008 pour les foyers relevant de la première tranche d'imposition et le crédit d'impôt accordé à deux autres millions de contribuables."Six millions de Français vont voir leur impôt sur le revenu diminué en 2009 des deux tiers", a-t-il rappelé."Tous les Français comprennent qu'on ne peut pas aller au delà" car d'une part le déficit public, déjà "doublé" cette année en serait aggravé et "ce serait empêcher la reprise" alors que "des signes" dans ce sens existent "pour l'année 2010".
Trois enseignements peuvent être tirés de cette journée de manifestations.
Sous l’apparence d’un front uni de gauche politico syndical, une fracture existe entre les mouvements traditionnels et les « autonomes » à la mode d’Alain Besancenot qui cherchent à exploiter la crise actuelle pour arriver à un grand soir de révolte. On peut cependant constater que, jusqu’ici, le mouvement de protestation ne s’est pas transformé en révolution et que seuls de petits groupes ont cherché à en découdre avec la police.
Malgré la volonté gouvernementale de démontrer que la crise est importée et ne dépend pas de son action, l’opinion est tentée de faire supporter les conséquences de la crise au gouvernement en place. Le parti socialiste cherche à recueillir les fruits du mécontentement. Mais, les sondages démontrent que ses propositions ne sont pas jugées crédibles par l’opinion publique.
Si la majorité sarkozyste reste unie, il existe cependant en son sein des individualités qui sont tentées par les slogans de gauche visant « à faire payer les riches ».Le bouclier fiscal est devenu une sorte d’enjeu symbolique. Mais le Président Sarkozy a clairement exprimé que l’on ne toucherait pas à un des fondamentaux de sa doctrine.
Qu’il s’agisse de la majorité ou de l’opposition, la crise est en voie de créer de nouvelles lignes de fractures.

Charles Debbasch