mercredi, février 06, 2008

LA CRISE DE LA SOCIETE GENERALE

SOCIETE GENERALE
LE TROU D'AIR DU TRADER


Un jeune trader, Jérôme Kerviel, vient de faire vaciller la Société Générale, une des plus grandes banques françaises en générant 5 milliards d'euros de pertes. La question se pose de savoir comment un seul employé peut causer un tel désastre.
La fonction même du trader est génératrice de risque. Le trader passe en effet des ordres d'achat et de vente d'actifs et contrats financiers sur un marché organisé ou de gré à gré .Le trader, en jouant sur des écarts de cours,doit maximiser son profit en minimisant son risque. C'est une sorte de jeu financier auquel on peut naturellement se brûler. Voilà pourquoi les banques encadrent strictement leurs traders en fixant des plafonds à leurs opérations.
Dans la présente affaire, les premiers résultats des investigations laissent présumer que, pour se soustraire à ces contraintes, Jérôme Kerviel se serait livré à des "abus de confiance", "faux et usage de faux", et "introduction dans des systèmes de données informatiques" L'intéressé reconnaît les faits mais, pour se justifier, avance qu'il bénéficiait d'une autorisation tacite de la banque.
Il y a eu en tout cas dans cette affaire une singulière défaillance des contrôles internes à l'établissement bancaire. Mais, la réflexion doit aller au-delà.
L'activité de trading est un des éléments essentiels de la spéculation financière qui déstabilise les marchés. Il est devenu aujourd'hui plus rentable de jouer en bourse que d'investir. Le financier a pris le pas sur l'industriel. C'est une déviation dangereuse dont la crise américaine des subprimes n'est qu'une des facettes.
Cette affaire illustre aussi la vulnérabilité des systèmes informatiques. Il ne s'agit pas de citadelles imprenables mais de toiles d'araignée qu'un spécialiste intelligent peut facilement transpercer.
Les progrès de l'informatique et de l'Internet sont si rapides que le juriste est souvent en retard par rapport au technicien. Veillons donc à faire en sorte que chaque nouveau pas de la technique soit encadré par des normes et que toute violation de celles-ci soit sanctionnée pénalement.
Charles Debbasch