samedi, juin 30, 2012

UN BON ACCORD EUROPEEN




Pendant sa campagne électorale Francois Hollande avait annoncé qu’il dégagerait la France du plan de rigueur européen car, pour lui ,l’objectif prioritaire est la croissance. Le compromis dont a accouché le sommet européen du 28 juin permet d’éviter ce péril.

Au terme de négociations ardues, les chefs d’Etat ont réussi à venir à bout de l’intransigeance allemande qui refusait a priori toute aide aux Etats cigales et à assortir la rigueur d’un volet croissance.

LE VOLET CROISSANCE



«120 milliards d'euros, soit 1% du PIB européen seront mobilisés pour des mesures favorisant la croissance»,. La Banque européenne d'investissement verra son capital accru de 10 milliards d'euros ce qui lui permettra de prêter jusqu'à 60 milliards. Des «project bonds» seront aussi lancés, permettant 4,5 milliards d'investissements dans des projets d'avenir (transport, énergie). Enfin, 55 milliards seront prélevés sur les fonds structurels européens à destination des grandes infrastructures.



ASSISTANCE AUX BANQUES



. En contrepartie d'une surveillance renforcée de toutes les banques par la BCE, les États de la zone euro acceptent une recapitalisation directe des banques par le Mécanisme européen de stabilité .Il s’agit d’éviter que les plans de sauvetage bancaire passent par un prêt aux États, et alourdissent d'autant leur dette.



Lla BCE recevra un pouvoir de supervision «directe» des banques qu'elle n'a pas aujourd'hui.



L’EBAUCHE D’UNE UNION BUDGÉTAIRE ET BANCAIRE



La cause principale de la crise de la zone euro est l’absence d’une politique économique et budgétaire commune. Comme l’a exprimé le président francais :"La zone euro ne peut pas resterdans l'état où elle est, c'est-à-dire sans union budgétaire mais surtout sans union bancaire.



"Nous sommes également conscients que cette zone euro doit avoir une politique économique commune, pas simplement une politique de marché mais une politique de croissance, une politique de compétitivité, une politique industrielle, une politique énergétique. Cela fait partie de ce que nous devons fairepour les mois ou les années qui viennent", a poursuivi le Chef de l’Etat



"L'union politique, c'est finalement le stade qui nous permet de donner une légitimité à ces transferts de souveraineté. Ce que je dis, c'est qu'il ne peut pas y avoir d'intégration, c'est-à-dire de transferts de souveraineté, s'il n'y a pas de solidarité", a insisté le président .



Pour l’instant , cependant nous en sommes au stade de l’étude pour ces projets de coopération renforcée.•



LES REACTIONS POLITIQUES

Le bon accord de Bruxelles est salué par la classe politique

Pour le nouveau président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, "ce sommet européen marque un tournant". "Sous l'impulsion de François Hollande, une stratégie de croissance est en train de remplacer la politique d'austérité généralisée qui était imposée depuis trois ans", "les 120 milliards qui seront investis dans des programmes de développement économique et industriel" comme "un ballon d'oxygène salvateur" et "la mise en place d'outils de solidarité pour combattre les attaques spéculatives" contre les Etats endettés.



Il se félicite enfin de voir prendre forme cet "engagement fort" de la campagne de François Hollande. "Depuis trois ans, l'Europe subissait la crise. Cette nuit, elle s'est résolue à prendre son destin en main".'.



Alain Juppé a, de son côté, estimé que cet accord était "un petit pas en avant", en regrettant que la France soit "très en recul par rapport aux initiatives" prises. "Je pense que c'est un petit pas en avant". "Le pacte de croissance était déjà dans les tuyaux depuis longtemps, il consiste à réutiliser des fonds qui étaient disponibles mais enfin, cela va dans la bonne direction. De même que la décision de faire intervenir le fonds de secours pour recapitaliser les banques en difficulté des pays qui sont vraiment dans la tourmente aujourd'hui", comme l'Espagne et l'Italie, a-t-il dit.



"En revanche, il y a encore beaucoup à faire pour progresser vers une véritable union bancaire, une véritable union budgétaire, politique", a-t-il ajouté, regrettant que la France soit "très en recul par rapport aux initiatives que prennent soit le président de l'Eurogroupe, le président de la Commission .''



PLUS D’EUROPE ?



L’Allemagne ne souhaitait pas accepter des efforts de solidarité sans le renforcement de l’union politique. La France voulait que la rigueur soit accompagnée d’une politique en faveur de la croissance. Le compromis de Bruxelles ratifie ces deux exigences. Mais, les Etats du Sud ont malgré tout fait pencher la balance en leur faveur. Ceci risque de fragiliser la situation politique de Madame Merkel qui est celle qui a le plus renoncé à ses exigences initiales.



La plus grande difficulté reste cependant la nécessaire popularisation des décisions prises pour surmonter l’incompréhension des opinions publiques nationales à l’égard de la construction européenne.



Le renforcement nécessaire de l’Europe politique ne pourra se faire qu’en arrachant l’institution de Bruxelles à ses tropismes technocratiques.



Charles Debbasch