SARKOZY VIRTUELLEMENT BATTU OU POTENTIELLEMENT
GAGNANT
A quatre mois de la présidentielle, c’est le
temps de l’euphorie pour les instituts de sondages et les cartomanciens en tous
genres capables de répondre à l’avance à la question des résultats du prochain
scrutin ; Pourtant, les aléas restent nombreux et les variables encore
branlantes au point que l’on peut se poser la question : le président
sortant est-il virtuellement battu ou potentiellement gagnant.
SARKOZY VIRTUELLEMENT BATTU
Pour la majorité du monde médiatique, Nicolas
Sarkozy sera battu à la prochaine présidentielle.
Une addition de facteurs négatifs plombe sa
candidature au point que l’on voit mal comment il pourrait sortir victorieux de
l’épreuve.
-Un déficit d’image
Le
Président sortant pâtit d’un déficit d’image personnelle très pénalisant. En décembre, les opinions favorables à l’égard de
Nicolas Sarkozy marquent le pas, selon un sondage LH2-"Le Nouvel
Observateur". 37% des Français déclarent avoir une opinion positive du
chef de l’Etat (dont 9% une opinion "très positive"), un chiffre
stable. Tandis que la part de Français ayant une opinion négative du président
progresse à 58% (+3 points). Les résultats d’un sondage du 16 décembre IFOP
Journal du dimanche sont encore plus accablants ; le Président sortant
recueille 66% d’opinions négatives et seulement 34% d’opinions positives.
-Le pessimisme de la
société française
En Europe, tous les
pouvoirs sortants ont été balayés par les citoyens qui leur font payer le prix
de la crise.
On voit mal comment
Nicolas Sarkozy pourrait échapper à cette mise au pilori. Alors et surtout que
le premier trimestre 2012 s’annonce désastreux : entrée en récession,
perte du triple A, turbulences sur l’euro, hausse du chômage.
Les Français broient du noir et font
assaut de pessimisme. Dans ces conditions, les électeurs risquent de penser
qu’ils n’ont rien à perdre à sortir les sortants.
-la poursuite de la
vague rose
Toutes les élections
qui se sont tenues sous la présidence Sarkozy ont été remportées par la gauche .Après
les bastions locaux régionaux, départementaux ou municipaux c’est la seconde
Chambre, le Sénat, qui a viré à gauche. Cet enracinement du PS dans la France
profonde des grands prescripteurs de vote est un handicap pour Nicolas Sarkozy qui manque de relais
dans l’opinion.
-Les troubles de la
droite
Les dissidences à
l’intérieur de la droite sont de plus en plus nombreuses. Les conquêtes
médiatiques féminines comme Rama Yade ou Rachida Dati sont entrées dans le persiflage .Une
partie des centristes tendance Borloo ou cru Morin s’est écartée du tronc
commun tandis que Marine le Pen attire tous les déçus de la droite qui
préfèrent le chais du Front National au territoire que tente de dessiner le
ministre de l’Intérieur Guéant.
En prés de cinq ans de
sarkozysme, on en est encore à attendre une génération de brillants sarkozystes
capables de soutenir avec panache la politique du chef de l’Etat.
Le constat semble
imparable : l’actuel Chef de l’Etat additionne trop de handicaps pour
espérer pouvoir accomplir un second mandat. Et pourtant, une autre face de la
monnaie présidentielle éclaire son destin.
SARKOZY POTENTIELLEMENT GAGNANT
-Le socialisme
dépensier est mort
L’arrivée de la
gauche au pouvoir a toujours conduit à des vagues de dépenses pour répondre aux
espoirs placés en elle. Or, il n’existe plus guère de possibilités de ce côté
là en raison du poids de l’endettement et de la pression fiscale. Le programme
du candidat PS est sur ce point très ambigu aussi bien sur la question des
retraites que sur celle du recrutement de nouveaux fonctionnaires. La gestion
dispendieuse par la gauche des collectivités locales qu’elle gère est un contre exemple de ce qu’il
convient de faire.
En revanche, Nicolas
Sarkozy s’est fait le champion de la règle d’or sorte de contrainte vertueuse
de réduction du déficit public à laquelle l’opinion adhère à une large
majorité.
-Les tensions à
l’intérieur du PS
Elles se sont
accentuées lors de la compétition des primaires. François Hollande l’a emporté
mais c’est Martine Aubry qui contrôle le parti et qui ne donne pas toujours l’image
d’une franche collaboration avec son rival. Quant à Arnaud Montebourg, il est
lancé dans une orbite orientée plus sur 2017 que sur 2012.Le lanceur PS de la
candidature Hollande paraît grippé.
-Des écologistes
encombrants
Avec le choix d’Eva
Joly par les écologistes , une nouvelle épine a surgi pour la candidature de
Hollande .Les écologistes- qui veulent tout à la fois brader le nucléaire
et renoncer au statut privilégié de la France à l’ONU- ne paraissent d’accord
sur rien avec le PS tandis que ce dernier qui a besoin des voix vertes au
second tour lâche d’ores et déjà circonscriptions et postes
ministériels .Les interventions d’Eva Joly - qui cherche à marquer ses
différences - sont mal accueillies par l’opinion et réduisent la capacité de
séduction de François Hollande.
-L’aptitude à la
gouvernance suprême
La mer est mauvaise
et les temps sont rudes. L’expérience et la détermination du capitaine du
navire sont essentielles. Or, ces deux qualités sont plus présentes chez
l’actuel président que chez son challenger. Ce qui explique que l’écart des
intentions de vote entre Hollande et Sarkozy se resserre.
Tout ceci explique
que pour l’instant l’issue de la présidentielle n’est pas tranchée.
Alors que l’opinion
n’est pas convaincue par les débuts de la campagne. A ce jour, seulement 10% des Français estiment
que les réponses apportées par les candidats à la présidentielle sont
"plus concrètes qu’en 2007", 30% les jugeant "moins
concrètes" et 59% "ni plus, ni moins concrètes". 27% d'entre eux
considèrent que la campagne telle qu'elle se déroule "apporte des réponses
proches" de leurs préoccupations, et 72% "éloignées" de leurs
préoccupations.
Alors et surtout que
la multiplication des candidatures à droite comme à gauche laisse planer sur la
tête des deux candidats en tête à ce jour un lourd nuage noir.
Figureront-ils au
second tour ou seront ils distancés par d’autres ?
C’est toute la difficulté
de l’épreuve. Sarkozy et Hollande doivent conduire une campagne de second tour
pour être élus sans courir - comme l’a durement subi naguère Lionel Jospin- le
risque de l’élimination à l’épreuve de qualification du premier.
Charles Debbasch