vendredi, novembre 16, 2007

LE DISCOURS AMERICAIN DE SARKOZY

STANDING SARKOVATION


Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy le 7 novembre 2007 devant le Congrès des Etats-Unis restera dans l'histoire comme un monument érigé à l'amitié entre les Etats-Unis et la France. Rédigé avec talent, exprimé avec émotion, partagé avec chaleur, il a touché représentants et sénateurs qui se sont levés à plusieurs reprises pour manifester leur chaleureuse approbation. Ces « standing sarkovation »appuyées et répétées manifestaient la joie des élus de retrouver une France qui leur avait tant manqué.


Le discours agressif et sans concession de Villepin avait introduit une fracture entre les deux peuples. Ce qui avait choqué ce n'était pas tant la condamnation justifiée de l'intervention de Bush en Irak que la forme inutilement véhémente des propos du Premier ministre français.


Nicolas Sarkozy a su trouver le ton juste pour célébrer l'amitié franco-américaine tout en affirmant la continuité de la position française.


L'arbre irakien ne doit pas cacher la foret des valeurs partagées. L'appartenance commune de la France et des Etats-Unis au monde libre et démocratique représente un socle inébranlable du lien entre les deux peuples. «Les Etats-Unis et la France, ce sont deux nations qui sont fidèles à un même idéal, qui défendent les mêmes principes, qui croient dans les mêmes valeurs. En tant que Président de la République française, mon devoir c'est de dire au peuple d'Amérique que vous représentez dans votre diversité, que la France n'oubliera jamais le sacrifice de vos enfants, et de dire aux familles de ceux qui ne sont pas revenus, aux enfants qui ont pleuré des pères qu'ils ont à peine eu le temps de connaître que la gratitude de la France est définitive »


Qui peut en effet oublier l'appui décisif que les Etats-Unis ont apporté à la cause de la liberté ? Sans leur appui, sans le sacrifice du sang de leurs soldats, la barbarie nazie et l'oppression communiste n'auraient pu être extirpées.


Nicolas Sarkozy a exalté également les valeurs spirituelles et la vitalité du dynamisme américain : « L'Amérique incarnait pour nous l'esprit de conquête. Nous avons aimé l'Amérique parce que l'Amérique c'était une nouvelle frontière sans cesse repoussée, un défi sans cesse renouvelé à l'inventivité de l'esprit humain. Je l'affirme à la tribune de ce Congrès, la force de l'Amérique n'est pas seulement une force matérielle, c'est d'abord une force morale, une force spirituelle. Nul ne l'a mieux exprimé qu'un pasteur noir qui ne demandait à l'Amérique qu'une seule chose, qu'elle fût fidèle à cet

Idéal au nom duquel il se sentait, lui le petit fils d'esclave, si profondément américain. Il

s'appelait Martin Luther King. Il a fait de l'Amérique une référence universelle dans le monde. Et le monde se souvient de ces paroles que pas un jeune Français de ma génération n'a oubliées, les paroles de Martin LUTHER KING, des paroles d'amour, des paroles de dignité,des paroles de justice. Et ces paroles, l'Amérique les a entendues. Et l'Amérique a changé. Et les hommes qui avaient douté de l'Amérique parce qu'ils ne la reconnaissaient plus se sont mis à aimer de nouveau l'Amérique. »





Mais cet hommage rendu aux forces de l'esprit civique américain n'a pas pour autant conduit le Président français à une attitude de soumission. Il a affirmé l'ardente obligation pour les Etats-Unis de rester attachés à l'idéal de liberté, de défendre l'écologie, de lutter contre les dérives financières


La France est amie mais dans la sauvegarde de son indépendance, dans sa fidélité à l'Union européenne. «Au final, je veux être votre ami, votre allié, votre partenaire. Mais je veux être un ami debout, un allié indépendant, un partenaire libre. »


Nicolas Sarkozy a su, en l'espace d'un discours, effacer les scories de l'ère Ville pin, tisser la toile d'un nouveau partenariat avec les Américains et surtout toucher les coeurs. Un succès incontestable.



Charles Debbasch