mercredi, février 21, 2007

FRANCE AFRIQUE UN SOMMET DES DESILLUSIONS

CANNES LE SOMMET FRANCE-AFRIQUE DES DESILLUSIONS

Le 24e sommet France Afrique de Cannes était le dernier rassemblé sous la houlette de Jacques Chirac. Il est sans doute aussi le dernier à se tenir sous cette forme. La France a changé, l’Afrique aussi et ces mutations commandent des révisions des politiques et des procédures.

La politique africaine de la France est en voie de passer de l’affectivité au bureaucratique. La relation Afrique France reposait jusqu'à ces dernières années sur la conscience d’un devenir commun, les liens résultant de l’histoire, de la langue, de l’échange des cultures. Tout ceci justifiait un traitement à part de l’Afrique. Les relations personnelles prenaient le pas sur la diplomatie. Progressivement, la France a négligé cette relation spécifique. La population française est de plus en plus repliée sur le pré carré territorial et néglige son expansion extérieure. Les bureaucrates ont mis la main sur la politique africaine et le Quai d’Orsay a remplacé la Coopération. Jacques Chirac était sans doute le dernier Chef d’Etat français à refuser cette banalisation de la relation franco-africaine.

L’Afrique elle-même a évolué. Les populations africaines manifestent une grande lassitude à l’égard de la France qui les néglige : une France trop présente pour être innocente et trop absente pour soulager leurs misères. Une nouvelle génération de leaders politiques qui ne se sentent plus liés à la France par un lien indéfectible arrive progressivement au pouvoir.

Au même moment, les Etats-Unis, la Chine, le Brésil, l’Inde développent des politiques africaines dynamiques et remplacent progressivement la France dans la culture, l’industrie ou le commerce.
La France si elle ne réagit pas à temps paiera cher sa lassitude africaine avec l’érosion de sa langue, de son industrie, de son commerce et de son influence stratégique. Que pèsera demain dans l’ONU une France réduite à l’hexagone ?

Telle était la question fondamentale qui aurait pu être posée à Cannes.

Charles Debbasch



mardi, février 20, 2007

BAYROU LE TROISIEME HOMME DE LA PRESIDENTIELLLE

FRANCOIS BAYROU LE TROISIEME HOMME
DE LA PRESIDENTIELLE

François Bayrou est à l’évidence le troisième «homme » -Ségolène Royal nous pardonnera de la masculiniser ainsi.-de la compétition présidentielle Il progresse constamment dans les sondages et une étude récente montre que s’il parvenait à franchir e cap du second tour il battrait aussi bien Royal que Sarkozy

Cette envolée est due sans conteste aux qualités personnelles du candidat à sa foi, à sa force de conviction. Elle est aussi l’expression de tendances plus profondes.

Depuis le début de la cinquième République, la bipolarisation de la vie politique est plus subie qu’acceptée par l’électorat. Celui-ci ressent que le clivage droite gauche et le manichéisme qu’il entraîne ne correspondent pas aux exigences de la société française. Et il est vrai qu’il est largement obsolète. Les facteurs traditionnels de division entre la droite et la gauche sont brouillés. Il suffit de remarquer, par exemple, que la droite défend les avancées sociales et que la gauche s’est ralliée à la promotion du secteur privé. L’opposition droite gauche apparaît donc comme la défense d’une situation dépassée par ceux qui sont installés dans le confort de leurs camps respectifs. François Bayrou situé au point des convergences recueille de ce fait naturellement les effets bénéfiques de ce courant consensuel .Et cela d'autant plus fortement que Ségolène Royal rattrapée par les éléphants du PS abandonne son image consensuelle et s’arc-boute sur le socialisme pur et dur.

Mais, pour transformer son essai, le patron de l’UDF doit vaincre des pesanteurs vivaces. Le système électoral législatif favorise la bipolarisation. Les députés centristes s’ils ne veulent pas être laminés aux élections doivent bénéficier d’alliances politiques à droite. Ce rouleau compresseur électoral a broyé naguère Lecanuet. Il a contrecarré le giscardisme. Il freine les volontés émancipatrices de l’UDF.

Une surprise est cependant toujours possible. S’il parvenait au second tout, Bayrou pourrait lancer un grand rassemblement centriste pour répondre à l’attente conciliatrice de l’électorat.

Charles Debbasch

lundi, février 19, 2007

PRESIDENTIELLE ET DEMOCRATIE DIRECTE

CAMPAGNE PRESIDENTIELLE : VERS LA DEMOCRATIE DIRECTE

Alors que la campagne présidentielle officielle n’a pas encore débuté, des modifications majeures sont apparues dans le style et dans le fond de la compétition Elles marquent, d’ores et déjà, une nouvelle étape dans l’évolution démocratique française.

La première mutation concerne les organes de médiation entre l’opinion publique et les candidats. Cette médiation était, jusqu’ici, l’œuvre quasi exclusive des journalistes qui jugeaient ou jaugeaient les attentes des électeurs et les réponses des politiques. Progressivement, les journalistes sont en voie de perdre ce monopole. Ils souffrent d’un manque de crédit. Ils sont jugés pas assez indépendants et on leur reproche de confondre trop souvent leur opinion personnelle et la relation des faits. L’irruption de l’internet permet aujourd’hui aux groupes organisés comme aux simples citoyens d’intervenir dans le débat et de faire valoir leur opinion. Ce journalisme citoyen révolutionne la campagne. Il interpelle les candidats aussi bien que les organes d’information.

Un deuxième phénomène illustre les mutations. Le besoin que ressentent les candidats de recueillir directement les souhaits des citoyens ; Segolène Royal a cherché à travers ses débats participatifs à moissonner les desiderata des électeurs .Quant à Nicolas Sarkozy, il est allé au-devant des divers groupes sociaux pour en tirer la substantifique moelle. TF1 ne se contente plus de faire interroger les candidats par des journalistes mais fait appel à un panel d’électeurs. Les sondages eux-mêmes se sont affinés : ils scrutent les attentes avec précision et rigueur.

Une sorte de démocratie directe parait remplacer la démocratie participative.

Il n’est pas certain que cette évolution n’ait que des conséquences positives.

L’addition des vœux contradictoires de l’opinion ne constitue pas une politique. La société française a besoin de réformes de structures qui heurtent les intérêts alors que la photographie de l’opinion est conservatrice. Les politiques qui se calent sur les revendications des groupes sociaux se verront demain reprocher de n’avoir pas été assez audacieux et de ne pas avoir crié haut et fort que le système de sécurité sociale, le régime des retraites, l’éducation nationale vont droit dans le mur si des réformes drastiques ne sont pas initiées le plus vite possible.

Il est vrai que l’homme politique qui annoncerait toutes ces réformes mécontenterait tellement de catégories sociales qu’il aurait peu de chances d’être élu. Il restera alors demain au futur président à ouvrir avec les citoyens le débat de la nécessaire réforme que la campagne électorale n’aura pas permis d’aborder.

Charles Debbasch

lundi, février 12, 2007

SEGOLENE ROYAL RETROUVE LE PS

SEGOLENE ROYAL AU SERVICE DES ELEPHANTS DU PS ?

En dévoilant son programme ce 11 février 2007, Ségolène Royal a, comme l’annonçaient déjà ses dernières prises de position, revêtu les couleurs du socialisme .Sa tenue vestimentaire rose renforçait son choix à l’image Ainsi, s’ouvre la nouvelle phase de la candidature Royal.

Pour s’imposer dans la pré campagne aux éléphants du PS, Ségolène Royal s’était appuyée sur l’opinion publique contre l’appareil de son parti .Pour ce faire, elle avait tenu un discours vague, attrape-tout, destiné à séduire la plus large partie de l’opinion. Elle avait ainsi triomphé des éléphants du PS. Mais, ceux-ci ont bien vite retrouvé la puissance de leurs défenses. Dans le dur match présidentiel, la candidate Royal est apparue trop faible et peu expérimentée. Elle a accumulé des bévues qui l’ont fragilisée. Par ailleurs, la multiplication des candidatures à gauche lui faisait courir le risque majeur d’un émiettement des voix susceptible de l’écarter du second tour de la présidentielle. Il fallait donc remobiliser l’électorat de gauche.

Le discours de Villepinte sonne le retour au classicisme : la candidate Royal est rentrée dans le rang. Elle est désormais la représentante du peuple de gauche et ses 100 propositions rappellent les 110 mesures du candidat Mitterrand. Le catalogue est classique et peu innovateur : La priorité sera donnée au social avec l’abrogation du CNE, la revalorisation immédiate des petites retraites, le smic à 1 500 euros "le plus tôt possible dans la législature", une conférence nationale sur les salaires dès 2007. La candidate cible la "vie chère", et les tarifs bancaires excessifs. Elle insiste sur le droit au logement, souhaite promouvoir les services publics. Tout ceci est d’un classicisme de gauche bon teint.

Le bilan électoral de ce discours sera contrasté. S’il va contribuer à ressouder le PS autour de Ségolène Royal, il va également écarter les électeurs qui recherchaient chez la présidente de Poitou- Charente un vent nouveau loin des clivages politiques traditionnels. La candidate était trop fragile pour porter sur ses seules épaules le poids de la campagne. La voici à présent sur le dos des éléphants qui la conduiront vers leurs sentiers traditionnels.

Charles Debbasch

jeudi, février 08, 2007

LE VIRAGE A GAUCHE DE SEGOLENE ROYAK

SEGOLENE ROYAL VIRE A GAUCHE

Jusqu’ici, la candidate Ségolène avait réussi à maintenir le flou sur son programme et ses alliances. Sa candidature était une candidature attrape-tout. Elle jouait plus sur sa personnalité que sur son programme, plus sur l’opinion que sur son parti.

Voici qu’elle vient brusquement de changer d’orientation en adoptant un discours résolument de gauche et en se rapprochant de l’appareil du PS.

Cette évolution s’explique par l’impasse dans laquelle se trouvait la candidate.

D’une part, ses propos ont révélé une certaine fragilité qui a détruit une partie de l’image positive ressentie jusqu’alors par l’opinion. Il était donc nécessaire de trouver un renfort dans le militantisme de parti.

D’autre part, le « peuple de gauche »avait du mal à se mobiliser autour d’une candidature peu colorée. Il retrouve son élan au fur et à mesure que Ségolène Royal rejoint la ligne traditionnelle de son parti.

On peut penser que la candidate va accentuer cette imprégnation de gauche au fur et à mesure que la campagne va avancer.

On se rapproche donc, de plus en plus d’un affrontement traditionnel droite-gauche.
Les conséquences de ce changement vont inévitablement profiter au candidat centriste Bayrou. Les électeurs centristes qui avaient été séduits par le modernisme de Ségolène Royal vont progressivement rejoindre leur famille d’origine. Et, si par réplique, le candidat Sarkozy se laissait enfermer dans le camp de la droite traditionnelle-ce qui n’est pas le cas pour l’instant-la même tendance pourrait se manifester dans une partie de son électorat.

Charles Debbasch

jeudi, février 01, 2007

JOSE BOVE CANDIDAT

A QUI NUIT JOSE BOVE ?

Fort des 30.000 signataires de son manifeste qui lui ont demandé d’être candidat, José Bové a annoncé sa présentation à la magistrature suprême.

Sa décision est à l’opposé du choix de Nicolas Hulot. L’écologiste a préféré imposer ses idées plutôt que sa personne. José Bové, lui, s’est lancé dans un combat frontal contre l’establishment politique.

L’idéologie qu’il véhicule est connue : c’est celle de l’alter mondialisme, même si elle reste vague, empreinte d’un anarchisme anti libéral et antimoderniste. A l’évidence cette candidature retiendra les voix de tous ceux qui se sentent exclus du système et qui aspirent à un nouveau grand soir.

Le problème est maintenant d’évaluer, en termes électoraux, le changement qu’induit cette nouvelle candidature. José Bové définit sa base électorale comme celle » d'un rassemblement de forces et de citoyens issus du mouvement social, du monde syndical, de courants politiques et des associations de l'immigration qui aspirent à l'unité de cette gauche-là".
C’est donc à gauche qu’il cherche ses électeurs. Il est donc peu probable qu’il enlève des voix à Nicolas Sarkozy même si quelques déçus du chiraquisme peuvent songer à lui apporter des suffrages sans risque. A gauche, la candidature Bové va distraire des voix au trotskysme et au communisme. Par sa présence médiatique, ce candidat du refus peut également aspirer des voix non négligeables dans l’électorat socialiste comme il peut capter les voix de certains éléphants du PS et de leurs entourages qui n’ont aucun intérêt politique à la victoire de Ségolène Royal.

José Bové peut ainsi devenir le candidat des déçus de tous horizons. un alter candidat en agissant un peu à la manière de Coluche lors de la campagne qu’il avait naguère amorcée.

Charles Debbasch