dimanche, juillet 26, 2009

ORAGES AU PARTI SOCIALISTE

ORAGES AU PARTI SOCIALISTE

C'est un véritable front du refus qui est en voie de se constituer contre Martine Aubry. Le PS apparaît miné à la fois de l'extérieur et de l'intérieur,

LES PORTES SE FERMENT A L'EXTERIEUR

Martine Aubry aurait souhaité constituer une maison commune avec les autres forces de gauche. Elle avait envoyé une lettre en ce sens aux responsables des formations d'opposition. La maire de Lille proposait un rassemblement de la gauche dès les élections régionales de l'année prochaine, avant de préparer un projet commun pour 2012.Elle n'a pas rencontré d'échos favorables.Les écologistes en premier, suivis par les radicaux de gauche puis par Jean-Luc Mélenchon, président du parti de gauche ont rejeté la proposition du maire de Lille. Jean-Luc Mélenchon souhaite s'unir avec le parti communiste et l'extrême gauche. «Une entente qui s'élargit, et qui seule permettra de renverser le rapport de force en passant devant le PS.» Le Parti de Gauche et le Nouveau parti anticapitaliste ont décidé de travailler à l'élaboration de listes communes pour les élections régionales. «Les deux formations estiment indispensable d'unir les forces de gauche et des écologistes qui rejettent la logique du système capitaliste aux élections régionales»,
Les Verts ne sont pas plus sensibles aux appels au rassemblement de la première secrétaire. Ils ont décidé de se présenter seuls au premier tour des régionales.
Le PS parait avoir perdu sa force de rassemblement. S'il n'arrive pas à convaincre à l'extérieur c'est qu'il est affaibli de l'intérieur.

LES DECHIRURES S'ACCENTUENT A L'INTERIEUR

La guerre des chefs et la multiplication des courants ont fini par miner le Parti Socialiste de l'intérieur. Au point que certains demandent même que soit officialisé l'acte de décès du PS. Bernard-Henri Lévy estime que la première secrétaire Martine Aubry est le «gardien» d'une «maison morte».A son avis, il faut dissoudre le PS et en finir le plus vite possible avec ce grand corps malade. «J'ai rarement vu des politiques mettre autant d'énergie à s'autodétruire»,
affirme le philosophe. «Si ça ne concernait qu'eux, ce ne serait pas trop grave. Mais il s'agit de l'alternative à Nicolas Sarkozy, de l'espérance des gens. Or, ce PS n'incarne plus l'espérance de qui que ce soit. Il ne provoque plus que la colère et l'exaspératiom>.Berna rd-Henri Lévy compare la situation du PS à l'effondrement du Parti communiste. «A quoi bon se voiler Ia face ? On est à la fin d'un cycle. Le PS est dans la situation du PCF de la fin des années 1970, quand la désintégration s'amorçait et qu'on tentait de la conjurer par des formules incantatoires sur - déjà - la refondation, la rénovation».Et le philosophe porte l'estocade. «Le PS va mourir ? Non. II est mort. Personne, ou presque, n'ose le dire. Mais tout le monde, ou presque, le sait» ...II est comme le cycliste d'Alfred Jarry qui pédalait alors qu'il était déjà mort. Ou comme le chevalier d'Italo Calvino dont l'armure était vide. Il est mort».
Ce constat est relayé par de nombreuses voix à l'intérieur du Parti. Manuel Valis critique est menacé d'exclusion. Jack Lang est entré en dissidence Et Julien Dray, peu soutenu par la direction du parti dans ses difficultés judiciaires, se venge en attaquant durement Martine Aubry.
Impuissance», «amateurisme», «incapacité à entendre», «autisme hautain et suicidaire».Le député socialiste de l'Essonne dresse un bilan accablant du début de mandat de la première secrétaire. «En l'espace d'une semaine, par la publication de deux lettres, Martine Aubry a résumé et confirmé les grandes caractéristiques de son début de mandat : l'impuissance, l'amateurisme, et surtout une étonnante incapacité à entendre ce qui se passe et dans son parti, et dans la société».
Pour Julien Dray, «autant se l'avouer, le bilan comme les perspectives sont sombres. II semble bien que l'on soit réduit à boire jusqu'à la lie le calice du congrès raté de l'automne dernier. Nous n'en finissons pas de subir les conséquences de cette absence fondamentale de projet, qui fait du parti socialiste un grand corps non seulement malade, mais a la dérive. Et ce ne sont pas quelques coups de menton, qui sont autant d'aveux d'impuissance, qui y changeront quelque chose».

LES RAISONS DU DECLIN DU PS

Comment un parti qui gouverne les plus grandes régions et les principales villes françaises peut-il être dans cet état catastrophique ? Sans doute parce qu'il est aux prises avec deux problèmes qu'il n'arrive pas à résoudre.
Le premier est celui de la doctrine. Le socialisme classique qui repose sur l'appropriation publique des entreprises et la fonctionnarisation de la société est mort. Il faut imaginer des thèmes nouveaux pour une gauche nouvelle.
Le second est celui du leadership. Dans le système politique de la Cinquième République, un parti ne rencontre l'adhésion que s'il dispose d'un leader incontesté pour mener le combat présidentiel. Ce n'est pas le cas du parti socialiste.
Le PS n'est plus en situation de peser sur les autres mouvements. Il ne peut pas davantage mobiliser ses partisans.
Il manque à ce parti le ciment d'un grand présidentiable.

Charles Debbasch