La présidence de François
Hollande est bien arrosée. Dans cet été maussade, le nouveau président a du
essuyer plusieurs fois les orages. Ce qui dans d’autres contrées serait
considéré comme une bénédiction du ciel est jugé dans notre société hédoniste
qui a le culte du soleil comme une gène. Voilà pourquoi un des deux interviewers-Laurent Delahousse- du Chef
de l’Etat ce 14 juillet 2012 s’est permis de remarquer« Il n'a pas plu
aujourd'hui ! C'était magnifique ! » Et le président de lui
répondre « Voyez, un président normal peut connaître aussi un jour
sans pluie».
Sans pluie peut être
mais un ciel chargé d’orages : la crise économique qui s’aggrave, le plan
terrible de Peugeot, le terrorisme au Mali, l’impasse syrienne sans oublier
l’interférence de la compagne du président dans la campagne des législatives.
Tout converge pour rendre l’atmosphère électrique et il faut une bonne dose
d’optimisme pour transformer cette surcharge de courant en une tension
supportable.
Pourtant, François
Hollande a réussi sa prestation en déminant un à un les dossiers les plus délicats.
VIE
PRIVEE, VIE PUBLIQUE
A commencer par celui qui,
probablement, - lui qui est pudique et réservé- le gène le plus :
l’intrusion de sa compagne dans le débat public qui fut à l’évidence une
erreur. Le président a rappelé ici une règle essentielle. Les Français ont élu
un président et non un couple. De ce fait, le seul statut de la première dame
qui puisse exister c’est l’absence de statut et l’extrême discrétion est
la seule option possible. Comme François Hollande l’a exprimé clairement, je
suis pour une claire distinction entre vie publique et vie privée. Et donc, je
considère que les affaires privées se règlent en privé, et je l'ai dit à mes
proches, pour qu'ils acceptent scrupuleusement le respect de ce
principe ».
LE PS ET LE
PRESIDENT
Le candidat du PS est devenu le
président de tous les Français. Comme ses prédécesseurs, le Chef de l’Etat est
tenu à un équilibre difficile.
Il doit garder un œil sur la gestion de son parti. S’il en
perdait le contrôle, son pouvoir serait affaibli. Mais il doit également
incarner la nation dans son ensemble et en respectant sa diversité. « Pour
le Chef de l’Etat le président de la République ne se mêlera pas de la vie de
son parti. Parce que ça c'est terminé. Moi je considère que je suis en charge
de l'essentiel, des grandes orientations, je dois rassembler les Français, y
compris même ceux qui n'ont pas voté pour moi, qui me regardent, qui se
demandent ce que je vais faire à la tête de l'Etat : eh bien, moi je vais
réconcilier les Français, apaiser, faire en sorte qu'ils se retrouvent, même
s'ils ont des sensibilités différentes, dans la même perspective, qu'ils
comprennent le chemin. Le gouvernement travaille, le Premier ministre est le
chef de la majorité ; lui veut aussi se préoccuper du Parti Socialiste, c'est
ce qu'il a décidé de faire avec Martine AUBRY. Et si Martine AUBRY conduit le
Parti Socialiste jusqu'au mois d'octobre, elle décidera de savoir ce qu'elle a
à faire. »
LA
REPARTITION DES ROLES AU SOMMET DE L’ETAT
Chaque président a sa propre
conception de l’équilibre des pouvoirs à l’intérieur de l’exécutif. Nicolas
Sarkozy avait tendance à être le vrai premier ministre et considérait le chef
du gouvernement comme un de ses collaborateurs. Pour François Hollande,
« moi je donne les grandes orientations ; ensuite, je ne veux pas décider
de tout, tout seul. C'est fini...c'est terminé. Je ferai des arbitrages. Disons
que c'est un gouvernement, dont le Premier ministre conduit et détermine la
politique de la Nation. C'est Jean-Marc AYRAULT qui règle, coordonne, agit,
présente devant le Parlement les réformes, avec son gouvernement.»
On en revient donc, dans le principe,
à la théorie gaullienne du partage des fonctions. Ceci se traduit également par
la fin de la prise de parole des collaborateurs du Président qui était une
déviation de l’ère précédente.
LA JUSTICE SOCIALE
Dans une période de crise, les
inégalités sociales ont tendance à s’accentuer alors qu’elles sont moins
supportables.
François Hollande reprend ses thèmes
de campagne en faisant supporter l’alourdissement du fardeau fiscal par les
plus aisés « en appelant la solidarité des catégories les plus
favorisées... et des entreprises qui ont aussi eu, par des investissements
spéculatifs, ou par des situations qui n'étaient pas forcément celles que nous
souhaitions favoriser, des avantages exorbitants de la part du gouvernement
précédent.»
L’équilibre sera difficile à trouver
dans ce domaine entre la justice sociale
et la nécessaire protection des talents et de l’innovation.
Devant la brutalité du plan de licenciement de Peugeot, lg président
de la république a justement réagi pour signifier qu’il ne serait pas accepté.
LA NECESSAIRE
RIGUEUR
François Hollande marque son souci
du compromis européen en soutenant les nouveaux traités –soumis cependant à
l’appréciation du conseil constitutionnel- et en réduisant la dépense publique.
Il confirme que seules l’éducation, la justice et la sécurité échapperont à
cette rigueur qui ne dit pas son nom.
Une grande partie des dérives
financières sont le résultat de la décentralisation mise en œuvre depuis 1981
.On a créé de nouveaux centres de décision sans leur transférer les personnels
qui effectuaient dans les bureaux parisiens les tâches qui leur sont à présent dévolues.
La gestion locale a entrainé également des recrutements de personnels et
des inflations salariales notables.
Interrogé sur ce point le chef de l’Etat - qui sait que le Ps contrôle la
majeure partie de ces nouveaux cercles décisionnaires- n’a pas voulu
s’engager. Il a simplement précisé : « Ça, ce sont les élus
locaux qui décident.. »
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Pour bien marquer le début d’une
nouvelle présidence, le Chef de l’Etat a effectué son intervention depuis l’Hôtel
de la Marine : le présage d’une bonne navigation dans le gros temps qui
s’annonce ?
Charles Debbasch
Les déclarations de François
Hollande sur l’Afrique seront exposées ultérieurement.