lundi, juillet 16, 2012

LA NOUVELLE DONNE AFRICAINE DE LA FRANCE


LA NOUVELLE DONNE AFRICAINE DE LA  FRANCE



A l’occasion de la crise malienne, le président de la République a précisé dans son interview du 14 juillet les contours d’une nouvelle politique africaine.

CONDAMNATION SANS RESERVES DE LA SITUATION MALIENNE»

Le Chef de l’Etat ne sous-estime pas la gravité de la situation au Mali. « Il faut que nos compatriotes sachent bien ce qui se passe au Mali. Ce n'est pas, vous savez, comme on le pense souvent, dans un regard distant à l'égard de l'Afrique, un coup d'Etat supplémentaire. Non. Il y a dans le nord du Mali un terrorisme qui s'est structuré, qui s'est organisé, qui occupe un territoire, qui à la fois met en cause les droits des personnes, parfois même leur intégrité physique, détruit des sites historiques qui sont au Patrimoine mondial, et qui veut engager un terrorisme pas simplement sur le lieu où il s'est déjà mis en place, mais à l'échelle de l'Afrique, et peut-être même de l'Europe. »

 Cette condamnation sans réserves montre la dimension réelle du drame malien : c’est un problème qui, au delà d’un pays,  a une dimension continentale.



LA FRANCE N’INTERVIENDRA PAS EN PREMIERE LIGNE



Le temps est fini où la France était le gendarme de l’Afrique.Si le président est solidaire du drame malien, ce partage ne se déroulera peut-être «  pas dans les formes qu'on connaissait autrefois, où c'était l'armée française qui venait faire sa police. »François Hollande souhaite  qu’une intervention se place dans le cadre de l’Union africaine et des Nations unies. 

« C'est aux Africains de décider ce qu'ils ont à faire. Et au Conseil de Sécurité, il y a eu une résolution qui permet justement aux Africains de faire cette intervention, avec le soutien de l'ONU.  »

LE FACHEUX PRECEDENT LIBYEN

On ne peut oublier le fâcheux précédent libyen car c’est la dislocation de la Libye qui a permis au terrorisme armé d’essaimer au Sahel. Certes le régime libyen devait évoluer mais les conditions dans lesquelles ces changements ont été engagés sont à l’origine de la situation actuelle. En effet, le Conseil de Sécurité a autorisé une opération destinée à protéger les populations mais celle- ci a été interprétée comme une autorisation de détruire les institutions. Cette opération a généré le chaos. Elle rejaillit aujourd’hui sur la situation en Syrie puisque la Russie et la Chine qui estiment avoir été bernées sur le problème libyen refusent de s’associer à   une nécessaire intervention contre le régime de Damas.

Pourtant, il y a urgence à rétablir l’intégrité du Mali. Mais la France n’est plus le gendarme de l’Afrique mais une partenaire parmi d’autres d’un continent auquel elle reste indissolublement liée mais qui, aujourd’hui majeur, doit prendre en mains son destin.

Charles Debbasch



PRESIDENT NORMAL ,JOUR SANS PLUIE,CIEL ORAGEUX


La présidence de François Hollande est bien arrosée. Dans cet été maussade, le nouveau président a du essuyer plusieurs fois les orages. Ce qui dans d’autres contrées serait considéré comme une bénédiction du ciel est jugé dans notre société hédoniste qui a le culte du soleil comme une gène. Voilà pourquoi un des  deux interviewers-Laurent Delahousse- du Chef de l’Etat ce 14 juillet 2012 s’est permis de remarquer« Il n'a pas plu aujourd'hui ! C'était magnifique ! » Et le président de lui répondre « Voyez, un président normal peut connaître aussi un jour sans pluie».

Sans pluie peut être mais un ciel chargé d’orages : la crise économique qui s’aggrave, le plan terrible de Peugeot, le terrorisme au Mali, l’impasse syrienne sans oublier l’interférence de la compagne du président dans la campagne des législatives. Tout converge pour rendre l’atmosphère électrique et il faut une bonne dose d’optimisme pour transformer cette surcharge de courant en une tension supportable.

Pourtant, François Hollande a réussi sa prestation en déminant un à un les dossiers les plus délicats.

VIE PRIVEE, VIE PUBLIQUE

A commencer par celui qui, probablement, - lui qui est pudique et réservé- le gène le plus : l’intrusion de sa compagne dans le débat public qui fut à l’évidence une erreur. Le président a rappelé ici une règle essentielle. Les Français ont élu un président et non un couple. De ce fait, le seul statut de la première dame qui puisse exister c’est l’absence de statut et l’extrême discrétion est la seule option possible. Comme François Hollande l’a exprimé clairement,   je suis pour une claire distinction entre vie publique et vie privée. Et donc, je considère que les affaires privées se règlent en privé, et je l'ai dit à mes proches, pour qu'ils acceptent scrupuleusement le respect de ce principe ».
 

LE PS ET LE PRESIDENT

Le candidat du PS est devenu le président de tous les Français. Comme ses prédécesseurs, le Chef de l’Etat est tenu à un équilibre difficile.

Il doit garder un  œil sur la gestion de son parti. S’il en perdait le contrôle, son pouvoir serait affaibli. Mais il doit également incarner la nation dans son ensemble et en respectant sa diversité. « Pour le Chef de l’Etat le président de la République ne se mêlera pas de la vie de son parti. Parce que ça c'est terminé. Moi je considère que je suis en charge de l'essentiel, des grandes orientations, je dois rassembler les Français, y compris même ceux qui n'ont pas voté pour moi, qui me regardent, qui se demandent ce que je vais faire à la tête de l'Etat : eh bien, moi je vais réconcilier les Français, apaiser, faire en sorte qu'ils se retrouvent, même s'ils ont des sensibilités différentes, dans la même perspective, qu'ils comprennent le chemin. Le gouvernement travaille, le Premier ministre est le chef de la majorité ; lui veut aussi se préoccuper du Parti Socialiste, c'est ce qu'il a décidé de faire avec Martine AUBRY. Et si Martine AUBRY conduit le Parti Socialiste jusqu'au mois d'octobre, elle décidera de savoir ce qu'elle a à faire. »

LA REPARTITION DES ROLES AU SOMMET DE L’ETAT

Chaque président a sa propre conception de l’équilibre des pouvoirs à l’intérieur de l’exécutif. Nicolas Sarkozy avait tendance à être le vrai premier ministre et considérait le chef du gouvernement comme un de ses collaborateurs. Pour François Hollande, « moi je donne les grandes orientations ; ensuite, je ne veux pas décider de tout, tout seul. C'est fini...c'est terminé. Je ferai des arbitrages. Disons que c'est un gouvernement, dont le Premier ministre conduit et détermine la politique de la Nation. C'est Jean-Marc AYRAULT qui règle, coordonne, agit, présente devant le Parlement les réformes, avec son gouvernement.»

On en revient donc, dans le principe, à la théorie gaullienne du partage des fonctions. Ceci se traduit également par la fin de la prise de parole des collaborateurs du Président qui était une déviation de l’ère précédente.

LA JUSTICE SOCIALE

Dans une période de crise, les inégalités sociales ont tendance à s’accentuer alors qu’elles sont moins supportables.

François Hollande reprend ses thèmes de campagne en faisant supporter l’alourdissement du fardeau fiscal par les plus aisés « en appelant la solidarité des catégories les plus favorisées... et des entreprises qui ont aussi eu, par des investissements spéculatifs, ou par des situations qui n'étaient pas forcément celles que nous souhaitions favoriser, des avantages exorbitants de la part du gouvernement précédent.»

L’équilibre sera difficile à trouver dans  ce domaine entre la justice sociale et la nécessaire protection des talents et de l’innovation.

Devant la brutalité du  plan de licenciement de Peugeot, lg président de la république a justement réagi pour signifier qu’il ne serait pas accepté.

LA NECESSAIRE RIGUEUR

François Hollande marque son souci du compromis européen en soutenant les nouveaux traités –soumis cependant à l’appréciation du conseil constitutionnel- et en réduisant la dépense publique. Il confirme que seules l’éducation, la justice et la sécurité échapperont à cette rigueur qui ne dit pas son nom.

Une grande partie des dérives financières sont le résultat de la décentralisation mise en œuvre depuis 1981 .On a créé de nouveaux centres de décision sans leur transférer les personnels qui effectuaient dans les bureaux parisiens les tâches qui leur sont à présent dévolues. La gestion locale a entrainé également des recrutements de personnels et des  inflations salariales notables. Interrogé sur ce point le chef de l’Etat - qui sait que le Ps contrôle la majeure partie de ces nouveaux cercles décisionnaires- n’a pas voulu s’engager. Il a simplement précisé : « Ça, ce sont les élus locaux qui décident.. »

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Pour bien marquer le début d’une nouvelle présidence, le Chef de l’Etat a effectué son intervention depuis l’Hôtel de la Marine : le présage d’une bonne navigation dans le gros temps qui s’annonce ?

Charles Debbasch

Les déclarations de François Hollande sur l’Afrique seront exposées ultérieurement.