mardi, janvier 16, 2007

LE SACROZY OU LE SACRE DE SARKOZY

En ces temps de néologismes et de bravitude, il n’est pas interdit de forger un nouveau vocable pour qualifier l’investiture de Nicolas Sarkozy par le Congrès de l’UMP. Nous avons assisté à un véritable Sacrozy : un sacre de Sarkozy par des militants quasiment unanimes qui ont placé leur candidat sur un véritable pièdestal. Cette grande messe de consécration s’est déroulée dans l’enthousiasme et sans bavures. Elle constitue une rampe de lancement idéale pour le ministre de l’Intérieur.

Les obstacles étaient pourtant nombreux sur sa route.

Il devait se concilier tous ceux qui avaient rêvé à leur propre candidature comme les Juppé ou Alliot-Marie.

Il devait également, et c’était plus difficile, balayer les rancœurs de tous ceux qui le soupçonnent d’anti-chiraquisme depuis sa « trahison »balladurienne.

Il lui fallait aussi tracer sa ligne droite malgré le silence dubitatif de Jacques Chirac qui s’est bien gardé jusqu’ici d’indiquer sa position.

Avec une force de conviction sans failles, une détermination sans faiblesse et un sens de la diplomatie qu’on ne lui connaissait pas jusqu’ici, Nicolas Sarkozy a tracé son chemin sans bavures et s’est mis en position d’être le candidat unique de la droite et du centre contre l’élue du Parti socialiste.


Le succès ou l’échec du ministre de l’Intérieur va, à présent, dépendre d’une série de facteurs qui constituent autant d’obstacles potentiels.

Il va luî falloir naviguer entre deux pôles aussi distants que ceux de l’atlas.

Il doit adopter un discours ferme et sécuritaire pour rassurer un électorat inquiet devant les dérives de l’immigration et de l’ordre public. Mais, il doit, dans le même temps, rassembler tous ceux qui rêvent d’une France moderne, ouverte et tolérante. Bel exercice d’équilibrisme.

Il doit se poser en successeur naturel de Jacques Chirac sans se laisser enfermer dans une stricte continuité. Il doit donc incarner le changement dans la continuité. S’il appuie trop fortement sur la pédale de la continuité, il perdra l’adhésion des nouvelles générations avides de renouveau. S’il insiste trop sur la rupture, il perdra le soutien des chiraquiens fervents.

C’est là que se jouera l’échec ou le succès de la candidature Sarkozy. Jacques Chirac a proclamé qu’il souhaitait peser sur la campagne. Ce poids peut faire perdre à Nicolas Sarkozy les voix nécessaires pour être élu ou, au contraire, lui fournir les ailes de la victoire.

Charles Debbasch