dimanche, juin 27, 2010

RETRAITES,UNE REFORME COURAGEUSE ET JUSTIFIEE

RETRAITES UNE REFORME COURAGEUSE ET JUSTIFIEE

Un à deux millions de Français ont défilé cette semaine sur l'invitation des syndicats pour manifester contre le projet gouvernemental de réformes des retraites. Cette réforme est pourtant un acte de courage politique. A deux ans de l'élection présidentielle, il est audacieux de prendre de front un dossier aussi explosif. Mais, une collectivité doit avoir l'énergie réformatrice suffisante pour régler des problèmes avant qu'ils ne conduisent à des impasses..La réforme des retraites est nécessaire même si ces modalités doivent être adaptées.
UNE REFORME NECESSAIRE
Des tendances démographiques de fond i menacent nos régimes de retraite. Ces tendances démographiques ont deux origines : la génération du « baby boom », avec 280 000 retraités de plus chaque année depuis 2006 ; et l'espérance de vie plus grande, entrainant des pensions versées plus longtemps.
L’équilibre financier du régime de retraite est menacé. En 2010, son déficit sera de 32 milliards d'euros car le nombre des retraités augmente plus vite que celui des actifs. Il y avait en 1960, 4 cotisants pour 1 retraité ; actuellement, le ratio est de moins de 1,8 cotisant par retraité. Il ne sera plus que de 1,2 en 2050. Il y aura donc quasiment autant de cotisants que de retraités.
Les conséquences de cette évolution pour la viabilité du système de retraite sont graves : en 2010, le déficit de notre système de retraite s’élèverait à 32 milliards d'euros . Plus d’une retraite sur dix n’est plus financée. En 2050 : , ce serait 17 % des pensions dont le paiement ne serait plus assuré par les cotisations.

Les progrès de la médecine et les meilleures conditions de vie et de travail ont permis une nette augmentation de l’espérance de vie. En 1950, l’espérance de vie était de 66 ans. Les gains d’espérance de vie à 60 ans constatés par l’INSEE sont de 2 à 3 mois chaque année : aujourd’hui, les Français peuvent espérer vivre jusqu’à 77 ans et les Françaises jusqu’à 84 ans.
Cette tendance ira en s’accentuant dans les années à venir :, la France comptera 18 000 centenaires en 2015 et plus de 60 000 en 2050 !
Ces gains d’espérance vie s’accompagnent d’une meilleure situation de santé pour les retraités, les progrès en matière de prévention et de traitement des maladies, notamment cardio-vasculaires et les cancers, étant notables.
Ces gains d’espérance de vie s’ajoutent à une précocité du départ à la retraite et à la cessation de l’activité professionnelle. La France est un des pays d’Europe où l’âge moyen de cessation d’activité figure parmi les plus bas : en 2010, il est de 59,4 ans, soit 2 ans plus tôt que leurs partenaires européens (61,2 ans) L’âge légal de la retraite à 60 ans, il est au niveau le plus bas des quinze pays de l’Union Européenne (hors nouveaux Etats Membres). L’évolution de nos régimes de retraite est désormais impérative afin de préserver le service des pensions.
UNE REFORME ADAPTEE
Le contenu de la réforme arrêtée est sage et équilibré.
- Pour répondre aux enjeux démographiques, l’âge légal de départ à la retraite, fixé aujourd’hui à 60 ans sera progressivement porté à 62 ans en 2018.
Cette augmentation sera progressive :
• L’âge augmentera au rythme de 4 mois par an, à partir du 1er juillet 2011, pour atteindre 62 ans en 2018.
• Cette augmentation se fera par année de naissance : ceux qui sont nés après le 1er juillet 1951 devront travailler 4 mois de plus ; ceux qui sont nés en 1952, 8 mois de plus et ainsi de suite jusqu’à ce que l’on atteigne 62 ans en 2018 pour les assurés nés en 1956.
Cette mesure sera applicable dans l’ensemble des régimes de retraite de base : ceux du secteur privé comme ceux de la fonction publique.
-La prise en considération de la pénibilité. L'augmentation de la durée d’activité ne doit pas être la même pour les salariés qui ont eu une vie professionnelle plus dure que les autres.
Pour protéger davantage les salariés exposés à des facteurs de pénibilité. ceux qui ont une incapacité égale ou supérieure à 20% ayant donné lieu à l’attribution d’une rente pour maladie professionnelle (ou pour accident du travail provoquant des troubles de même nature) auront deux avantages au titre de la retraite :
• , L’âge de la retraite ne sera pas augmenté. Il restera fixé à 60 ans.
• La retraite sera attribuée à taux plein même s’ils n’ont pas validé tous leurs trimestres les salariés ne subiront aucune décote.
LES CONDITIONS D'UN SUCCES DE LA REFORME
Trois conditions essentielles sont nécessaires pour que cette réforme franchisse le cap de la contestation.
-UNE EXIGENCE DE JUSTICE SOCIALE Alors qu'un effort supplémentaire est demandé aux salariés, il convient aussi que les revenus du capital contribuent pour une part au financement du nouveau régime Le Gouvernement a prévu à cet égard deux mesures: l'augmentation des impôts sur les hauts revenus et une taxation des transactions financières. Sans tomber dans la démagogie de la gauche qui préconise que la seule taxation du capital suffirait à régler le problème des retraites, il faut fixer le curseur à un niveau qui rende la réforme socialement juste.
-L'ERADICATION DES PRIVILEGES Il convient que la classe politique qui gouverne la France donne le bon exemple. L'annonce de la réforme des retraites a tout à coup mis un coup de projecteur sur les régimes privilégiés dont bénéficient les élus ou sur les utilisations abusives de l'argent public. Une remise à niveau s'impose dans ces domaines.
-UNE CONCERTATION ACCENTUEE Si la France avait une gauche responsable les principes de la réforme auraient du être acceptés par consensus. Mais, même si cette gestion bipartisane n'est pas possible, il convient de continuer l'explication et la concertation pour une réforme aboutie.

En tout état de cause , le temps des cigales est révolu, celui des fourmis s'annonce.
Et au lieu de pleurer sur le recul de l'âge de la retraite, réjouissons nous devant une nouvelle espérance, l'espérance de vie.
Charles Debbasch