mercredi, mai 30, 2012

LA LECON D'EQUILIBRE DE FRANCOIS HOLLANDE




Pour sa première interview télévisée sur France 2, François Hollande avait choisi la simplicité et la modération.
Simplicité : il s’était déplacé  dans le studio de la chaine et avait évité la majesté de l’Elysée.
Modération : le président s’il s’est déclaré résolu à mettre en œuvre toutes ses promesses électorales a rappelé qu’il a cinq ans pour le faire.
Conscient de l’impopularité des mesures fiscales, il s’est refusé à les annoncer avant les élections législatives.
Il faut en effet pour cela qu’il dispose d’une majorité à l’Assemblée. Les engagements que j’ai pris «Je ne les tiendrai que s'il y a une majorité à l'Assemblée nationale, a-t-il affirmé. Si les Français veulent ces réformes, je crois qu'ils auront à cœur d'accorder une majorité large, solide et cohérente au président de la République.»

Le président de la République sait que les temps sont difficiles et incertains, c’est pourquoi son ton est loin du socialisme triomphant de 1981. 
Il définit tout au long de son entretien un programme d’une justice d’équilibre du possible, «un chemin d'équilibre».
Augmenter le SMIC oui : «Il devra rattraper ce qui n'a pas été accordé cette dernière année. ».Mais, « Il devra aussi veiller à ce que cela ne déstabilise pas les entreprises» ; «Il va falloir faire un effort, c'est certain», a reconnu François Hollande. Mais cet effort  «sera justement réparti» avec des «décisions fiscales qui s'adresseront à ceux qui ont le plus».
Le même équilibre sera recherché dans les relations avec l’Allemagne. Avec Angela Merkel, François Hollande veut «trouver un bon équilibre». Il s’était engagé à renégocier le pacte de stabilité européen  pour y ajouter un volet sur la croissance. Le temps du compromis est venu. «Elle admet le principe de la croissance comme j'admets le principe de la rigueur budgétaire. Cela peut ouvrir un certain nombre de compromis…Je crois qu'est acté le fait qu'il y aura de la croissance dans le pacte».
La voie est étroite pour le chef de l’état ; il ne doit pas décevoir les espoirs qu’il a fait naître pendant sa campagne : sa politique d’équilibre ne doit pas être trop raisonnable .
Mais si la croissance n’est pas au rendez-vous, il ne jouera pas à l’équilibriste «nous trouverons des économies ailleurs», a-t-il promis.

Charles Debbasch

jeudi, mai 24, 2012

LEGISLATIVES:LES PARTIS EN MANOEUVRE

PS et UMP sont engagés dans une nouvelle lutte pour la conquête de la majorité à l’Assemblée Nationale.

I-LES OBJECTIFS DU PS


Pour le parti socialiste l’objectif est double. Il s’agit, tout d’abord ,d’éviter une cohabitation paralysante.Il s’agit, ensuite, de ne pas être trop dépendant de ses alliés et de disposer d’une majorité socialo-socialiste.


Ceci explique les tensions qui se manifestent avec le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.



Jean-Luc Mélenchon a accusé Martine Aubry d'avoir fait échouer les négociations entre le Parti socialiste, les écologistes et le Front de gauche sur les circonscriptions où le Front national fait peser un risque d'élimination de la gauche au premier tour des législatives. Martine Aubry a pour sa part attribué cet échec à des dissensions internes au Front de gauche.



Des tensions plus feutrées se manifestent avec les écologistes

En vertu d’un accord conclu au mois de  novembre, le Parti socialiste a retiré ses candidats de 63 circonscriptions au profit d’Europe écologie - Les Verts (EELV), Mais après le score décevant d’Eva Joly à la présidentielle (2,3%), certains candidats ou élus PS remettent en cause l’accord. Dans une quarantaine de circonscriptions, des socialistes ont décidé de se maintenir contre l’accord PS-EELV ou le candidat officiellement investi par le Parti.


 Dans la plupart des cas, Martine Aubry prononce leur exclusion du Parti. Ce qui ne les empêche de se présenter sans étiquette. Les Verts blâment ce double-jeu mais ils ne peuvent durcir leur position avec le PS dont les voix leur sont nécessaires pour arriver à constituer un groupe parlementaire.

II- LES DECHIREMENTS DE LA DROITE

La défaite de Nicolas Sarkozy a laissé la droite orpheline sans leader naturel. Aussi un combat pour le leadership est engagé.

François Fillon selon un sondage IFOP réalisé du 10 au 11 mai, est la personnalité préférée des Français (27% contre 13% pour Jean-François Copé) et des sympathisants du parti (42%) pour prendre les rênes de l'UMP. Fort de ce soutien dans l’opinion, l’ancien premier ministre estime que. «C'est une évidence que le départ de Nicolas Sarkozy laisse l'UMP sans leader naturel», «La France a besoin d'une droite républicaine qui donne l'espoir et qui rassemble», soutient François Fillon. Il y aura une «compétition» pour la présidence de l'UMP et il ajoute: «Je prendrai toute ma part, avec d'autres, à cette compétition.»



Ces déclarations ont provoqué des réactions des partisans de Jean-François Copé, Rachida Dati, proche de Copé, a jugé ces déclarations de Fillon «très déloyales» et manquant «d'élégance». Jean-François Copé a assuré ne pas se sentir «visé» par Fillon. Mais fort de son contrôle de l’appareil du parti, il rappelle que ce sont les 250.000  adhérents qui désigneront le moment venu le responsable de l’UMP.

Une autre fracture touche l’UMP celle des sarkozystes qui ne se sont pas résignés à l’effacement de leur leader. Ils s'apprêtent à créer une association  «Les amis de Nicolas Sarkozy». Son futur Président : sera Brice Hortefeux. Il entend défendre le bilan de Nicolas Sarkozy

L’unité de l’UMP est en débat ou, à tout le moins, la constitution de courants. Certains estiment, en effet, que c’est le monolithisme du parti de droite qui est à la base de l’échec du président sortant.


Le Modem connait lui aussi ses turbulences. La stratégie du tout présidentiel de François Bayrou laisse les députés sortants dans une grande solitude, le leader même du parti étant menacé dans son fief. Le seul espoir du mouvement qui présente 400 candidats est d’arriver à constituer un groupe parlementaire dont l’appoint serait nécessaire pour former une majorité de gouvernement.

Dans de nombreuses circonscriptions le Front national sera l’arbitre des triangulaires.et, souveraine, Marine le Pen entend distribuer d’éventuels bons points tantôt au PS et tantôt à l’UMP

Quoi qu’il en soit, les forces de droite n’ont pas encore purgé leur échec présidentiel et vont au combat en ordre dispersé.

Charles Debbasch


dimanche, mai 20, 2012

QUELLE PRIORITE EDUCATIVE ?




Si je m’interroge sur les raisons de mon choix pour l’éducation nationale, après une carrière de plus de cinquante ans -et encore partiellement active-  je  ne vois que l’admiration que j’éprouvais pour l’institution scolaire et ses serviteurs.



La passion d’apprendre puis celle d’enseigner je les ai contractées au contact de l’extrême qualité de mes professeurs .Certes, il en était de plus talentueux que d’autres, de plus respectés et de plus recherchés Mais tous avaient la foi dans leur vocation au service de la République laïque et impartiale, tous s’astreignaient à garder un comportement à la hauteur de leur mission, tous veillaient à être justes dans leurs appréciations .Ils cultivaient le mérite comme valeur suprême.



Il y avait sans doute des élèves plus rétifs que d’autres à la discipline scolaire mais la communauté éducative disposait des moyens de les guider sur le droit chemin et le cas échéant –rarement-de les sanctionner.



Les professeurs étaient appuyés dans leur mission par les parents qui reconnaissaient leurs vertus et acceptaient leurs verdicts.



L’ensemble de la société plaçait l’estime pour les enseignants au-dessus de toutes les autres.



Alors les classes pouvaient être surchargées, les établissements vétustes, les livres et les matériels insuffisants et les classes trop froides chacun s’en accommodait.



L’école était la pépinière de la République et ses pousses se rassemblaient dans la forêt du savoir.



Alors vous me direz que je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.



Voire !



Est-ce qu’une société peut tenir son rang sans respecter l’école ?



Une Nation peut-elle grandir et se développer sans donner toute leur place à ses enseignants.



Peut-elle rester elle-même sans transmettre aux jeunes les règles de discipline et les racines  du savoir ?



Au moment où commence ses premiers pas un gouvernement dirigé par un enseignant et où le ministre de l’éducation se voit placé aux premiers rangs de la hiérarchie gouvernementale, est-ce trop demander à toute la classe politique d’ouvrir un débat serein sur la place de l’école dans la République ?



Charles Debbasch

Doyen honoraire de la Faculté de Droit d’Aix-en- Provence

Président honoraire de la Conférence des Doyens des Facultés de droit

Ancien membre du Conseil d’administration et du Directoire du CNRS

samedi, mai 19, 2012

AYRAULT A LA SAUCE ARABE


AYRAULT A LA SAUCE ARABE

La France a un nouveau premier ministre qui a un nom  plutôt agréable à prononcer. Il pourra passer pour un héros. Ou encore il peut être le héraut des bonnes nouvelles. Breton, on ne  le confondra pas avec le département de l’Hérault. Et on se gardera bien de passer du côté de l’érotisme.

C’est bien pourtant dans ce dernier secteur que la nomination du Chef du gouvernement  français a posé quelques problèmes dans les pays arabes. Le nom du nouveau Premier ministre français est en effet synonyme de "pénis" dans le langage familier de nombreux pays du Proche-Orient. Les journalistes arabophones de par le monde ont donc dû se livrer à des contorsions dans la prononciation.

Certains médias ont transcrit "Aro", ou ajouté un "H" aspiré au début de son nom, ou encore prononcé les deux consonnes muettes de la fin du nom. Afin de dissiper tout malentendu, le ministère français des Affaires étrangères a transmis à la presse une transcription officielle, retenant l'option de transcrire toutes les lettres de son nom comme si elles se prononçaient, y compris le L et le T.

Le Premier ministre peut être rassuré.Il pourra se rendre dans les pays arabes sans provoquer des sourires amusés.Il n’est pas nécessaire pour lui de demander un changement de nom du type de ceux qui sont régulièrement publiés au journal officiel pour les Prout, Débile, Conard, Crotte, Legland, Queulvée, Goret, Lavache, ou autres Anus,

Et pour ceux qui prononceraient mal en langue arabe le nom de notre nouveau premier ministre n’éprouvons aucune crainte. Dans un pays qui connait tant de difficultés, il est rassurant que le chef du gouvernement incarne la virilité française.



Charles Debbasch

UN GOUVERNEMENT HOLLANDAIS


UN GOUVERNEMENT HOLLANDAIS

La formation du premier gouvernement de François Hollande et de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault est  fortement marquée par l’empreinte présidentielle.

Le président a souhaité qu’aucune cellule de’ l’action gouvernementale n’échappe à son emprise. Le ^pouvoir ne se partage pas. Le choix de Jean-Marc Ayrault se situe dans cette perspective. La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, avec son fort caractère et son réseau aurait pu constituer un pouvoir concurrent. Elle a donc été écartée. De même si deux postes sont attribués aux verts, l’écologie est donnée à une socialiste de stricte obédience. Ainsi seront évitées les crises liées aux choix nucléaires. Et,  si Laurent Fabius est nommé aux Affaires étrangères, il faut remarquer que ce domaine est strictement piloté depuis l’Elysée.

Pour le reste, le gouvernement respecte les promesses faites par le Chef de l’Etat durant la campagne.

La parité hommes-femmes est strictement observée. L’équipe compte 34 membres, 18 ministres et 16 ministres délégués soit 17 femmes et 17 hommes. Ainsi la jeune garde du Ps entre au gouvernement. Najat Vallaud-Belkacem devientà34 ans, responsable des Droits des femmes, porte-parole et Delphine Batho ,à 39 ans, ministre déléguée à la Justice., Aurélie Filippetti, 38 ans, est placée à la Culture et Fleur Pellerin, 37 ans, hérite  du portefeuille de déléguée aux PME, à l'Innovation et à l'Economie numérique.

La composition politique du gouvernement reflète la majorité qui s’est formée pour le deuxième tour de la présidentielle.

Les différents courants du Ps sont représentés. Des très proches de Martine Aubry se retrouvent ainsi nommés à des postes importants : Marylise Le Branchu obtient la Réforme de l'État,  François Lamy la Ville. et Benoît Hamon l’Economie sociale et solidaire. Les fidèles de Ségolène ne sont pas oubliés, avec les nominations de Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre du Droit des femmes, de Delphine Batho, ministre déléguée auprès du garde des Sceaux et de Dominique Bertinotti  nommée ministre déléguée en charge de la Famille. Mais les postes essentiels reviennent aux fidèles du chef de l’Etat : Manuel Valls à l’intérieur, Michel Sapin est  chargé du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social. Pierre Moscovici, se voit confier le portefeuille de l'Economie, des Finances et du Commerce extérieur, et Jérôme Cahuzac, président de la commission des Finances de l'Assemblée, le Budget. Jean-Yves Le Drian obtient la Défense et Stéphane Le Foll l'Agriculture.



On remarquera que le numéro 2 du gouvernement est le ministre de l’Education, Vincent Peillon chargé de mettre en œuvre la réforme éducative promise par le Chef de l’Etat.

Les alliés Verts du Parti socialiste disposent de deux portefeuilles, dont un pour Cécile Duflot au ministère de l'Egalité des territoires et du Logement.

Les radicaux de gauche ont deux postes si l’on inclut Christiane Taubira ancienne candidate à la présidentielle de 2002. En revanche, le Front de gauche ne figure pas dans l’équipe.

Le nouveau gouvernement ne constitue cependant qu’un pouvoir intérimaire.



Ne disposant pas d’une majorité à l’Assemblée, il ne pourra pas faire voter des réformes législatives. C’est donc au lendemain de ces élections que pourra être constitué un gouvernement pleinement opérationnel dont, selon les propos du premier ministre, seront exclus les éventuels battus aux élections.



 Une deuxième bataille électorale s’ouvre à présent, celle des élections législatives.





Charles Debbasch








mercredi, mai 16, 2012

LA PRISE DE FONCTIONS DE FRANCOIS HOLLANDE


LA PRISE DE FONCTIONS DE FRANCOIS HOLLANDE



L’histoire retiendra que ce 15 mai 2012 François Hollande, septième Président de la Ve République, a été installé dans ses fonctions.

Les politiques remarqueront qu’avec cet ancien premier secrétaire du PS, la gauche retrouve le sommet de l'Etat après dix-sept ans d'absence.

Les sociologues observeront que, pour la première fois, accède au pouvoir un Chef de l’Etat qui vit en union libre et que ceci est jugé normal par les 2/3 des Français.

L’ensemble touffu de cérémonies et de discours qui a meublé cette longue journée permet déjà de définir l’orientation du quinquennat qui s’ouvre.

LE STYLE PRESIDENTIEL

François Hollande a tiré les enseignements des dérives de comportement sarkozyennes par rapport au modèle idéal souhaité par les Français.il annonce avec force qu’il exercera son mandat «avec dignité et simplicité». Au fil de la journée, on à découvert un président tour à tour, ému, grave, serein, recherchant le contact avec la foule et soucieux d’éviter tout faux pas.

LA FONCTION PRESIDENTIELLE

On avait beaucoup reproché à Nicolas Sarkozy son hyper-présidence.Le nouvel hôte de l’Elysée se démarque de cette attitude : «Je fixerai les priorités, mais je ne déciderai pas de tout, «pour tous et partout», a-t-il affirmé avec force. Cette conception de la présidence s’écarte tout à la fois du modèle gaullien et de la conception sarkozyenne.

La conception gaullienne reposait sur une séparation horizontale des fonctions, le président ayant un domaine réservé notamment dans la politique étrangère. Nicolas Sarkozy -au moins dans les trois premières années de son mandat -avait fait de l’Elysée le centre unique de traitement des dossiers, le premier ministre et les ministres étant simplement ses collaborateurs. Avec le nouvel élu, on en revient à la séparation verticale des fonctions : le Président décide des grandes orientations. Le reste relève de l’équipe gouvernementale.

Il conviendra de juger de l’application de ce principe dans la pratique.

LES PRIORITES

Le chef de l’Etat a réaffirmé les priorités fixées dans sa campagne mais il a tenu à insister tout particulièrement sur l’éducation ;

Certes le nouveau Chef de l’Etat est un pur produit du système élitiste. Il est le troisième président de la Cinquième république issu de l’ENA après Giscard et Chirac. Mais il a marqué son soutien à l’ensemble de l’appareil éducatif.

Il a rendu hommage, au Jardin des Tuileries, à Jules Ferry "un grand ministre de l'instruction publique" et père de l'école obligatoire, gratuite et laïque.

 Je suis venu saluer le législateur Ferry qui conçut l'école publique, ce bâtisseur de cette maison commune qu'est l'école de la république’’

L'école "doit être assurée de ses ressources, on ne peut pas enseigner correctement sans un encadrement suffisant pour nos enfants", a-t-il déclaré. "C'est la raison de mon engagement, et je le réitère aujourd'hui comme président de la République, de recruter 60 000 personnels de l'éducation sur la durée de mon mandat", a-t-il martelé. "Je veux que [l'école] retrouve tous les moyens d'être fidèle à sa vocation, je veux lui redonner confiance en elle-même, sa foi dans ses propres capacités, sa volonté d'être conforme à notre histoire et à ce qu'exige notre avenir, a-t-il martelé. L'école a besoin de réformes, elle attend aussi de la considération de la nation et elle appelle le soutien de l'Etat.’’

Cet hommage terminé le président a fait connaître le nom de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le maire de Nantes, dont la profession d’origine était le professorat d’allemand. Nouvel hommage à la condition enseignante.

Charles Debbasch




mercredi, mai 09, 2012

L'ELECTION DE FRANCOIS HOLLANDE



L’imprévu est souvent au rendez-vous de la politique .Voilà encore quelques mois  , Nicolas Sarkozy, de son piédestal élyséen, pouvait regarder François Hollande avec dédain. Il se voyait en lièvre pouvant se contenter d’une campagne brève et musclée. Il a été doublé par la tortue Hollande qui partie tôt en campagne a, avec ténacité, labouré le terrain.

LA TORTUE HOLLANDE
Avec son allure modeste  , son apparente indétermination, le candidat Hollande a trompé tout son monde et notamment son adversaire. .Il est monté  en puissance sans précipitation, sans ostentation.
Orateur besogneux et poussif en début de campagne, il s’est révélé tribun capable de soulever les foules au fur et à mesure que la vague qui le portait s’est enflée.
Après le retrait forcé de Dominique Strauss-Kahn, il lui a  fallu s’imposer parmi les siens. Il a du supporter les critiques et les remarques peu flatteuses sur sa  « normalité » avant de réussir à gagner l’investiture du Ps après une primaire rude et disputée mais réussie. Le voilà aujourd’hui élu  des Français et devenant le sixième Président de la cinquième République battant le Président sortant Nicolas Sarkozy. Il est porté au pouvoir avec 51,67 % des voix (soit 17,8 millions de voix) devant Nicolas Sarkozy (48,33 % des suffrages exprimés, soit 16,7 millions de voix).
LE RECUL DE L’ABSTENTION
Les Français se sont davantage déplacés pour ce second tour de scrutin le taux d'abstention s'est établi à 18,97 %. Mais la participation est inférieure à celle de 2007 où le taux d'abstention était de 16,03. La participation s'établit à 81,14 %. Un taux inférieur au second tour de la présidentielle de 2007 (83,97 %), mais supérieur à celui du premier tour de 2012 (79,5 %).
LA PROGRESSION DES VOTES BLANCS ET NULS

2,1 millions d'électeurs ont voté blanc ou nul, soit près de 5,84 % des votants. En 2007, ils étaient 1 568 426 (4,2 %), selon les chiffres du ministère de l'intérieur.
En effet, Marine Le Pen (FN) qui était arrivée troisième du premier tour avec 17,90 % des voix, avait annoncé qu'elle voterait blanc, refusant de choisir entre le candidat de l'UMP et celui du PS.
Ainsi, deux millions de Français ont délibérément refusé d’apporter leurs votes aux candidats en présence. A titre comparatif on peut citer les chiffres des votes blancs et nuls lors des précédents scrutins présidentiels.
1995 : 2,82% au premier tour, 5,97% au second ;
1988 : 2,00% au premier tour, 3,62% au second ;
1981 : 1,62% au premier tour, 2,88% au second :
1974 : 0,92% au premier tour, 1,34% au second.
1965, 1,01% au premier tour et 2,74% au second.

Les partisans d’un comptage à part du vote blanc y trouveront un argument supplémentaire. En effet , si on comptabilisait les votes blancs, François Hollande obtiendrait moins de 50% des suffrages exprimés. C’était le déjà le cas de Jacques Chirac en 1995.
Je ne partage cependant pas cet      avis .La démocratie exige un choix des citoyens et pas une posture d’enfant gâté recherchant un idéal qui n’existe pas.

DE BONS REPORTS DE VOIX

Un sondage CSA révèle plusieurs enseignements sur le scrutin présidentiel.
Le report de voix a été très bon à gauche. 87 % des électeurs au premier tour du candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon se  sont reportés sur François Hollande.
Les électeurs du centriste François Bayrou, ont été 33 % à se reporter sur François Hollande, et 52 % sur Nicolas Sarkozy alors que François Bayrou a indiqué voter, à titre personnel, pour François Hollande,
Quant aux électeurs au premier tour de Marine Le Pen, ils ont voté majoritairement, et sans surprise, pour Nicolas Sarkozy (56 %) plutôt que pour François Hollande (28 %). Mais seul un report de l’ordre de 70 % à 80 % aurait permis au président sortant de l’emporter.
ET MAINTENANT
L’élection de François Hollande est la traduction d’une profonde volonté de changement.
Souhait de sortir de la crise économique, souhait aussi de voir une nouvelle élite politique accéder au pouvoir. Mais les problèmes de fond restent entiers.
La France a un chômage de plus de 10 %.
Les dépenses publiques absorbent  56 % du PIB.
La dette publique, se situe autour de
1 700 milliards d’euros, soit 85,3 % du PIB.

Une équation difficile pour le nouveau chef de l’Etat : éviter la déroute financière sans décevoir les espoirs de ceux qui l’ont porté au pouvoir.

CHARLES DEBBASCH

dimanche, mai 06, 2012

LA CHUTE DE LA SARKOZYE


LA CHUTE DE LA SARKOZYE



La vie politique est impitoyable. Les courtisans tressent des couronnes de lauriers au leader victorieux. Ils lancent des flèches empoisonnées à ceux qui perdent le pouvoir.

Durant ce quinquennat, Nicolas Sarkozy aura vu se prosterner devant lui tous les seigneurs du système avant de les voir quitter son entourage  de façon souterraine ou  dans un mode brutal.

Il aura exercé, il est vrai, dans les deux premières années de son mandat un pouvoir quasi absolu qui s’est ensuite effiloché au fur et à mesure que s’additionnaient les échecs électoraux. En ce sens, la défaite présidentielle était largement induite par la perte de presque tous les bastions locaux et la chute du Sénat, naguère si conservateur, dans les bras de la gauche.

Aujourd’hui que l’échec est consommé, chacun s’emploie à noircir le tableau de la Sarkozye.

Sarkozy serait la victime de ses erreurs de  style : une soirée au Fouquet, une croisière sur le yacht d’un industriel et un’ ’Casses toi pauvre con’’ lancé à un trublion.

Vétilles que tout cela mais la difficulté que Nicolas Sarkozy a éprouvée à trouver un style présidentiel adéquat a marqué plus profondément. Passant de la familiarité excessive à un rigorisme disproportionné, il a choqué les partisans de la présidence gaullienne.

Son style de gouvernement en lignes brisées lui a également fait perdre beaucoup de terrain. Discours divergents sur l’Afrique, alliances en ordre dispersé tantôt avec la Grande Bretagne, tantôt avec l’Allemagne, Kadhafi reçu en grande pompe avant d’être mitraillé.

La Sarkozye a souffert aussi d’une inadéquate gestion des hommes. Les plus emblématiques des ministres Dati, Yade ou Darcos remerciés, Fillon en sursis au bénéfice de Borloo avant d’être à nouveau adoubé.

Il serait injuste de s’arrêter là et d’oublier la brillante représentation de la France sur le plan international, l’amorce de la gestion rigoureuse des dépenses publiques, l’indispensable réforme des retraites et la gestion maitrisée des crises internationales ou internes.

En réalité, Nicolas Sarkozy paie, comme les autres dirigeants européens, la note de la crise économique. C’est à elle qu’il doit son échec.

 Comme naguère Valery Giscard d’Estaing, il est la victime expiatoire du désastre économique et financier. Tous les défauts qui sont aujourd’hui portés au passif du président sortant ne sont que des explications dérisoires par rapport à l’essentiel.

Quand l’économie va mal, les citoyens se vengent en renvoyant leurs dirigeants

Nicolas Sarkozy est le premier élu du quinquennat qui se voit refuser un second mandat.

Charles Debbasch


vendredi, mai 04, 2012

SARKOZY/HOLLANDE UN MATCH A JEU EGAL


UN MATCH A JEU EGAL



Le débat de l’entre-deux tours est devenu un rituel des campagnes présidentielles. Largement médiatisé et, même s’il ne décide pas de l’issue de l’élection ; il permet de jauger la valeur des candidats.

Pour ce débat du 2 mai 2012 chacun des protagonistes se présentait avec une équation personnelle fort différente.



Nicolas Sarkozy portait à son actif son expérience des plus hautes fonctions publiques. Mais, en sa qualité de Président sortant, il supportait le passif de la crise économique. A cet égard,  François Hollande pouvait faire rêver à un avenir meilleur tandis qu’il  ne pouvait revendiquer aucune pratique du sommet de l’Etat



Chacun des candidats va donc, dans un débat âpre et sans concessions, tenter de faire trébucher son adversaire. Le candidat du Ps va sans cesse insister sur les tares de la gestion Sarkozy tandis que le candidat de l’UMP va tenter  de faire apparaitre son concurrent comme un, néophyte auquel il serait imprudent de confier les rênes de la France.



Il s’en est suivi un long débat, technique et souvent ennuyeux, où les deux concurrents ont tenté d’esquiver leurs faiblesses pour mettre en lumière leurs forces.



Nicolas Sarkozy, en mauvaise posture dans les sondages, n’a pas réussi à désarçonner François Hollande et ce dernier n’a pu disqualifier le président sortant dont la gestion ne comporte pas que des éléments négatifs.



Jeu égal en ont conclu les commentateurs.



Mais, ce jeu égal ne permet pas à Nicolas Sarkozy d’inverser la tendance générale favorable à son challenger.





C harles Debbasch

mardi, mai 01, 2012

LES TROIS 1 MAI 2012




A cinq jours du second tour de l’élection présidentielle, le 1 mai 2012 a été rattrapé par la politique et a offert trois visages différents.

Nicolas Sarkozy, a réuni 200.000 de ses partisans place du Trocadéro à Paris. Il a revendiqué le droit de manifester un 1er mai sous les « drapeaux tricolores ».  Les syndicats qui ont appelé à voter contre lui ont été vertement réprimandés. Le candidat UMP leur a demandé de «servir la France».
Célébrant la «vraie fête »  du travail, Nicolas Sarkozy leur a lancé« Je le dis aux syndicats: posez le drapeau rouge et servez la France ! ». « Laissez de côté  les partis. Parce que ceux que vous soutenez aujourd'hui ne vous le rendrons pas, Votre rôle n'est pas de défendre une idéologie, votre rôle est de défendre les salariés ». « Dans la République ce ne sont pas les syndicats qui gouvernent, c'est le gouvernement », a déclaré le président sortant.

Dans un discours synthétique et rassembleur Nicolas Sarkozy a défendu trois libertés fondamentales des Français,
Celle d’être fiers de leur Nation et de leur identité contre les exclusions communautaristes.
Celle de travailler et de profiter des acquits de son Travail.
Celle enfin d’être protégé et non spolié par l’Etat,
Nicolas Sarkozy s’est efforcé tout au long de son discours de concilier son credo libéral et le souci de répondre aux inquiétudes des partisans du Front National.
Craignant que son image de rassembleur soit écornée par sa présence  dans les défilés syndicaux François Hollande s'en est allé à Nevers célébrer la mémoire de Pierre Bérégovoy. Il n’en a pas moins répondu à son adversaire, pour défendre les syndicats : "Je ne peux pas accepter qu'il puisse y avoir ici en France une bataille le 1er mai contre le syndicalisme", a-t-il dit. "Les syndicalistes mènent leur combat indépendamment de la politique. Ils peuvent avoir leur choix, leur engagement, mais ils sont d'abord au service des salariés, de tous les salariés", a affirmé le candidat du PS.  Pour lui «  il n'y a qu'une seule fête du travail, celle des travailleurs.» 
Se voulant ouvert à tous, M. Hollande s'est défini comme non plus "le candidat du Parti socialiste, des radicaux de gauche" mais comme "le candidat de toute la gauche rassemblée, et qui doit se réunir, se regrouper", jugeant "important (...) que ce rassemblement soit fait".  Il a lancé un appel à "tous ceux qui veulent le changement" afin qu'ils "puissent se retrouver derrière (sa) candidature", ".  

Pour le Front National  le 1 mai est l’occasion traditionnelle de célébrer Jeanne d’Arc mais là aussi la préoccupation électorale s’est exprimée,
Marine Le Pen a annoncé son choix: elle votera blanc au second tour de l'élection présidentielle."Je n'accorderai ni confiance ni mandat à ces deux candidats (Nicolas Sarkozy et François Hollande)", a-t-elle lancé à ses milliers de partisans venus l'écouter sur la place de l'Opéra à Paris. Mais, soucieuse de ménager l’avenir, la présidente du Front n’a donné aucune consigne de vote à ses partisans, Elle sait en effet que le troisième tour se déroulera lors des élections législatives et que ses candidats auront besoin pour l’emporter des voix de la droite, Elle mise donc sur l’échec du président sortant qui génèrera une recomposition de la droite,

Ainsi , ces trois versions du 1 mai se situaient dans des registres très variés tous inspirés par des préoccupations électorales

Charles Debbasch