lundi, février 28, 2011

DES AFFAIRES ETRANGERES TRES INTERIEURES

Jamais Affaires étrangères n’auront été si intérieures. Telle est l’observation essentielle qu’appelle l’allocution du Président de la République annonçant un nouveau remaniement du gouvernement.

Les affaires étrangères n’excitent pas habituellement les passions. Mais le décalage de l’expression française par rapport aux réalités des exigences modernes des peuples n’a pas seulement coûté son poste à Madame Alliot_Marie,elle a aussi attiré l’attention sur les retards de la diplomatie francaise.Une administration corporatiste repliée sur ellemême. Une primauté du protocolaire et du formel sur l’économie. Cette mise en cause justifiée du Quai a provoqué une réaction indignée de fonctionnaires des Affaires étrangères. Ce groupe dit Marly fustige le pouvoir politique. 
‘’Pendant la guerre froide, nous étions dans le camp occidental, mais nous pesions sur la position des deux camps par une attitude originale. Aujourd'hui, ralliés aux Etats-Unis comme l'a manifesté notre retour dans l'OTAN, nous n'intéressons plus grand monde car nous avons perdu notre visibilité et notre capacité de manœuvre diplomatique. Cette perte d'influence n'est pas imputable aux diplomates mais aux options choisies par les politiques.
Il est clair que le président n'apprécie guère les administrations de l'Etat qu'il accable d'un mépris ostensible et qu'il cherche à rendre responsables des déboires de sa politique. C'est ainsi que les diplomates sont désignés comme responsables des déconvenues de notre politique extérieure. Ils récusent le procès qui leur est fait.’’
Il y a du vrai dans cette adresse. L’échelon politique néglige les capacités d’expertise du Quai. Les ambassadeurs sont déconnectés du réel par les rencontres directes des gouvernants. Mais l’administration des affaires étrangères tente aussi trop souvent d’imposer ses propres vues politiques au pouvoir politique On la sait plutôt socialiste, tiers-mondiste, anti-américaine et pro arabe.
Elle sait aussi se tromper comme elle l’a montré en ne prévoyant pas l’onde de choc démocratique qui bouleverse les pays arabes.
En prenant position en faveur de ce changement démocratique, Nicolas Sarkozy a rejoint les préoccupations intérieures en soulignant que si ce tournant démocratique était mal pris, nos pays connaitraient une immigration déferlante. C’est pourquoi les changements prévus à la tête du Quai se sont accompagnés d’une modification au ministère de l’intérieur. Deux poids lourds Alain Juppé et Claude Guéant sont chargés de ces lourdes responsabilités à quelques mois de l’élection présidentielle. Voila pourquoi ce gouvernement Objectif 2012 marie les préoccupations externes et internes .

Charles Debbasch

vendredi, février 25, 2011

INTERNET DEMOCRACY ? J'EN DOUTE

La vague de révoltes qui frappe divers pays et qui s'étend par voie de contagion est interprétée comme la conséquence d' une forme nouvelle de démocratie l'Internet Democracy.
Il convient d'apprécier la portée de cette novation et d'en mesurer les limites.
I-LA NAISSANCE DE L'INTERNET DEMOCRACY
-UNE NOUVELLE DEMOCRATIE DIRECTE
Dans nos sociétés démocratiques, le peuple transfère la souveraineté pendant un délai déterminé à ses élus. Ceux-ci assurent la médiation entre les citoyens et le pouvoir.
Rares sont les occasions où le peuple peut directement s'exprimer sur un problème déterminé. L'usage du referendum est peu fréquent. Quant à la décision prise directement par le peuple rassemblé, elle n'est pratiquée que dans de petits cantons suisses.
Les sondages sont venus tempérer le pouvoir des élus puisque, à chaque instant, l'opinion est consultée sur les sujets les plus divers.
Internet offre à chacun l'occasion de pouvoir s'exprimer en temps réel sur une question déterminée. Là où le sondage se fonde sur un échantillon limité de population, l'expression par Internet associe des millions de citoyens .
Une nouvelle forme de démocratie directe est née.
que, même en dehors des élections, ils doivent supporter le jugement de l'opinion publique. ll ne peut plus y avoir de dossier tabou ou d'affaire cachée. Une nouvelle transparence se développe et modifie les méthodes de gouvernement.
UNE INFORMATION SANS FRONTIERES
Les journaux étaient cantonnés dans un cadre national. Les radios et les télés satellitaires avaient conquis une audience internationale. Internet se diffuse sur la planète entière et dans un langage anglo-saxon qui a conquis le monde entier.les idées véhiculées par Internet se transmettent intensément.
Une nouvelle démocratie participative mondiale est née.

II-LES LIMITES DE L'INTERNET DEMOCRACY
-UNE LIBERTE D'EXPRESSION SUCEPTIBLE D'ETRE LIMITEE PAR LES GOUVERNANTS
Même si elle est presque universellement condamnée, la censure totale ou partielle du web par les gouvernants est possible. Ceux-ci peuvent restreindre l'accès tel site ou même couper l'accès à l'Internet. De telles mesures, lorsqu'elles ne sont pas justifiées par des violations graves des règles légales, sont cependant considérées comme des atteintes à la liberté d'expression.
-UNE LIBERTE D'EXPRESSION SUSCEPTIBLE DE MANIPULATIONS
Le droit de suffrage fondement de la démocratie repose sur quelques facteurs essentiels tel que l'appartenance à la communauté nationale, l'identification précise des nationaux concernés, la vérification de leur aptitude. Dans les utilisations actuelles de l'internet- sauf pour des paiements en ligne-, l'anonymat reste la règle. Les appels au changement voire à la révolte émanent dont on ne sait qui, ils s'appuient sur une adhésion qui n'est pas mesurable. Toutes les manipulations sont donc possibles.

-UNE LIBERTE D'EXPRESSION QUI NE PEUT REMPLACER LE VOTE
Quelque soit l'engouement dont jouit à l'heure actuelle Internet, on ne saurait oublier qu'il ne traduit que des opinions minoritaires par rapport à celles qui se dégagent d'un vote universel , libre et secret.
Même si la Toile donne une vue de l'opinion plus exacte que celle qui se dégage d'un sondage, la démocratie ne mérite pas d'être sacrifiée sur l'autel d'Internet.
Charles Debbasch

Charles Debbasch spécialiste du Droit des medias a notamment publié:DROIT DE LA COMMUNICATION Audiovisuel-Presse-internet Dalloz Paris 827 pages

mercredi, février 09, 2011

GREVE DU SEXE EN BELGIQUE

Dans une pièce de 411 avant JC, dont l’action se déroule au cours d’une guerre entre Athènes et Sparte, Aristophane raconte l’initiative de Lysistrata, une belle Athénienne qui a réussi à convaincre les femmes de toutes les cités de déclencher une grève totale du sexe, jusqu’à ce que les hommes reviennent à la raison et cessent le combat.
Fatiguées de subir les conséquences de la lutte pour le pouvoir , les femmes kenyanes ont, en mai 2009, lancé un mot d’ordre « Pas de réforme, pas de sexe ! », Même Ida Odinga, l’épouse du chef du gouvernement kenyan, s’est dite solidaire de l’initiative. Par cette action les femmes espéraient convaincre le Premier ministre, Raila Odinga, et le président, Mwai Kibaki, d’agir contre la pauvreté plutôt que de se quereller. Patricia Nyaundi, directrice exécutive de la Fédération des avocates remarquait. « Les grandes décisions sont prises sur l’oreiller, donc nous demandons aux deux dames (les épouses du Premier ministre et du président) lorsqu’elles se retrouvent dans l’intimité avec leurs maris de leur demander : "Mon chéri, peux-tu faire quelque chose pour le Kenya ?" ».
En Belgique, ce n’est pas le trop plein politique mais le vide puisque les partis n’arrivent pas à se mettre d’accord pour former une majorité parlementaire susceptible de permettre la constitution d’un gouvernement. Aussi, la sénatrice flamande, Marleen Temmerman, a demandé aux femmes des décideurs du pays de ne plus se donner physiquement à leur mari et amant afin qu'un gouvernement soit plus rapidement formé. Elle appelle à la grève du sexe jusqu'à l'annonce d'un gouvernement en Belgique.

La grève du sexe devient ainsi un moyen de pression pour obliger une classe masculine majoritaire dans les rouages du pouvoir à se montrer constructive.

On n’est cependant pas sûr que le remède soit très efficace. En punissant les hommes, les femmes se sanctionnent elles-mêmes .La guerre politique s’introduit dans le couple. Et, pour réconcilier les politiques, on met en péril le fragile équilibre des ménages.

Charles Debbasch
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mardi, février 08, 2011

LA REVOLTE DES MAGISTRATS

Nicolas Sarkozy a mis en cause des dysfonctionnements graves au sein de la police et de la justice, ayant abouti à l'absence de surveillance de Tony Meilhon, principal suspect de la disparition et du meurtre présumé de Laëtitia Perrais à Pornic et il a promis des sanctions, déclenchant la colère des magistrats .
Cette critique a provoqué une levée de boucliers chez les magistrats qui y voient une atteinte à lieur indépendance. Pour les juges, c'est la manque de moyens qui est à l'origine des manquements constatés.
Le juge Marc Trévédic estime que: "Il n'y a aucune politique à long terme, il n'y a que de l'affichage, que du pipeau, pour parler clairement".
Les magistrats nient toute faute. Le suspect n'a pas été "libéré" par un magistrat, il avait purgé durant onze ans toutes ses peines, sans réduction, et devait respecter, dans le cadre d'une dernière condamnation pour outrage à magistrat, une "mise à l'épreuve". Si son suivi n' a pas été assuré, c'est par manque d'effectifs. Il n'y a que 3 juges d'application des peines à Nantes et 17 agents de probation pour suivre 3 300 détenus
On peut se demander si ce conflit entre l'exécutif et le judiciaire ne passe pas à côté du problème.
Le Président de la République ne peut pas ne pas tenir compte de l'indignation de l'opinion publique devant le crime horrible commis par un multi récidiviste.
Quant aux magistrats, il est vrai qu'ils n'ont pas les moyens d'assurer un suivi efficace des personnes lâchées dans la nature après avoir purgé leur peine.
il ne suffit pas de se plaindre du manque d'effectifs pour régler le problème sauf à placer un contrôleur derrière chaque personne à risques.
Il faut réviser notre politique criminelle et reconnaître qu'il y a des individus dangereux que rien ne peut amender et que seules des mesures de restriction de leurs libertés peuvent protéger la collectivité.
Charles Debbasch

lundi, février 07, 2011

UN EFFET INATENDU DE LA DEMOCRATIE

UN EFFET INATTENDU DE LA DEMOCRATIE



Le ministre de la Justice et des Affaires constitutionnelles du Malawi, George Chaponda, songe à proposer une loi pour réglementer le pet : "C'est le droit du gouvernement de maintenir la décence publique. C'est à nous d'imposer l'ordre. Voulez-vous que les gens pètent n'importe où ?".

Pour lui cet usage immodéré du pet est une conséquence de la démocratie. Il précise, que "ce n'était pas le cas pendant la dictature parce que les gens avaient peur des conséquences. Maintenant, à cause du multipartisme et de la liberté, les gens s'arrogent le droit de se soulager n'importe où". Pour lui, il ne faut pas confondre démocratie et pétocratie.

Le ministre souhaite donc que le Parlement examine une loi, classant le pet en public comme un "délit mineur", passible d'une amende.

On souhaite donc bien du plaisir aux juges qui auront à appliquer cette loi. Il faudra que l’accusation arrive à prouver que le délit était intentionnel et non fortuit.

On imagine la difficulté de la reconstitution des faits. On peut penser aussi que les prévenus évoqueront des excuses médicales. Le tribunal devra-t-il alors ordonner des obligations de soins ?

Il existe des limites à la réglementation des comportements par la loi.



Charles Debbasch

jeudi, février 03, 2011

REVOLUTIONS ENDEUILLEES
En Tunisie d'abord, en Egypte ensuite, des révoltes populaires ont ébranlé les régimes en place. Ancrées sur les nouveaux moyens de communication notamment Internet et les réseaux sociaux, elles ont montré les ressources de mobilisation qu'offrent les nouveaux medias. Elles ont été portées ,dans un premier temps, par un élan de sympathie de l'opinion mondiale. Voici cependant qu'avec les troubles importants que connait la société égyptienne, le vent semble tourner.
La démocratie de la rue est en effet pleine de dangers. Donnant l'impression du spontané et de la liberté, elle peut, en effet, très vite être manipulée par des groupes organisés qui récupèrent à leur profit les initiatives désordonnées. Les peuples qui voulaient s'affranchir se trouvent souvent soumis à des tutelles plus lourdes que celles qu'ils supportaient auparavant.
Il y a, par ailleurs, un grand risque à remplacer la loi et l'ordre par l'anarchie L'Etat de droit protège les forts contre les faibles. Quand le désordre s'installe, les barres de fer et les milices mettent en péril les libertés. Les révolutions des œillets se transforment en révolutions endeuillées.
Charles Debbasch