mercredi, juillet 08, 2009

ETHIQUE ET POUVOIR DES MEDIAS

ETHIQUE ET POUVOIR DES MEDIAS

Tout groupe organisé est soumis dans une société donnée à des pressions résultant des autres organismes. La vie sociale est le résultat de ces pressions disciplinées par l'Etat. Ainsi, les médias sont comme tous les groupes soumis à ces pressions et ils ne peuvent y échapper qu'en disposant de structures adaptées et par dessus tout d'une éthique irréprochable.

Pour en comprendre la nécessité, il faut analyser les facteurs de dépendance des médias avant de tracer les contours de leur indépendance.


LA DÉPENDANCE DES MÉDIAS

La dépendance par la propriété du capital
Dans la période de l'avant-guerre, les grands capitaines d'industrie étaient les propriétaires des grands journaux. Ils en influençaient ainsi nécessairement le contenu. A la faveur de la Libération et des sanctions prises à l'égard des titres qui s'étaient rangés aux côtés de l'occupant, de grands groupes de journaux vont être dirigés par les leaders sortis de la Résistance. Mais, très vite, au sein des titres, des concentrations au bénéfice de certaines personnalités vont s'opérer et de grandes familles vont s'arroger le contrôle des titres. On citera en exemple les Defferre au Provençal, Richerot au Dauphiné, Bavastro à Nice Matin. Ils vont exploiter ces journaux moins comme des moyens d'enrichissement que comme des instruments pour asseoir un réseau de puissance politique ou sociale.

La logique capitaliste va triompher dans les années quatre vingt. De grands groupes financiers vont s'imposer. D'abord spécialisés dans la presse, ils vont progressivement investir tous les domaines de la communication comme l'illustre la puissance momentanée du groupe Vivendi. Le Monde cherchera à échapper à cette tutelle financière mais il sera, lui aussi, obligé d'ouvrir son capital à des groupes financiers. Il ne faut pas oublier l'acteur dans les médias qu'est l'Etat, propriétaire de plusieurs chaînes de télévision et ainsi entrepreneur de communication mais également pourvoyeur de crédits, de subventions ou d’informations à travers l’agence France-Presse.
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La dépendance par la publicité

Dans un système où les consommateurs se sont habitués à payer les médias à des tarifs qui ne permettent pas l'équilibre, la ressource essentielle de fonctionnement est la publicité. Les médias sont donc tributaires de la manne publicitaire et celle-ci ne peut pas ne pas influencer les contenus. Comment rendre objectivement compte des défauts d'un véhicule si la firme qui le produit est un grand annonceur ? A titre d’exemple, en ma qualité de dirigeant d’un grand groupe de presse, j'ai pour ma part vécu la pression suivante. Un supermarché qui venait d'ouvrir à la périphérie d'une grande ville ne disposait pas encore d'un accès aménagé; les clients étaient
donc obligés de couper la route avec leur véhicule. Il s'en suivit plusieurs accidents dont notre journal rendit compte. Mais, un jour, le directeur du supermarché téléphona à la rédaction pour menacer de retirer son budget si nous ne parlions pas des « incidents » avec moins d'insistance. Ces pressions sont fréquentes et elles ne restent pas toutes sans réponse.

La dépendance par la fourniture des contenus

L'influence s'exerce aussi directement sur le contenu des médias par des moyens variés. Une grande partie des informations dont les journaux ont besoin provient des entreprises elle-mêmes. Celles-ci se sont organisées pour produire des contenus qu'elles offrent aux journalistes. Les plus compétents d'entre eux les confronteront avec d'autres sources. Les autres se contenteront de les recopier. Le journalisme n'est pas toujours d'investigation, il peut être aussi un simple panneau réfléchissant.

Les entreprises se dotent donc de services de communication et de relations publiques ou font appel à des sociétés spécialisées. Elles vont se créer des réseaux de journalistes à qui elles vont offrir leur documentation. Avec le développement de pratiques saines comme la fourniture de dossiers de presse. Avec aussi des usages qui peuvent mener graduellement à la corruption comme l'invitation à des voyages, les dons d'objets, les prêts de véhicules Toutes pratiques interdites aux Etats-Unis mais très répandues dans les médias européens.


L'INDEPENDANCE DES MEDIAS

L'indépendance des structures

Devant le développement des structures capitalistes de l'entreprise de médias, les journalistes ont réagi par le développement de sociétés de rédacteurs auxquelles est confiée la gestion de la partie rédactionnelles du média. Ce mouvement pour les sociétés de rédacteurs a eu son heure de gloire mais il est quelque peu dépassé devant la progression du capitalisme dans les médias.
Il demeure que les rédactions sont organisées en groupe de pression à l'égardd du propriétaire des médias, qu'elles disposent souvent de représentants dans les conseils d'administration et que leur puissance contrebalance à des degrés divers le poids des propriétaires du média.

L'indépendance des journalistes

Elle est garantie par leur statut . Celui-ci leur permet de faire jouer la clause de conscience lorsqu'un nouveau propriétaire s'empare d'un média. Elle leur permet - dans la vie quotidienne de se défendre contre les intrusions illégitimes dans leur travail. Le secret professionnel est protégé par le Code pénal. La qualification intellectuelle du journaliste, la solidarité des membres de la profession entre eux assurent aux journalistes le statut de salariés pas comme les autres qui disposent dans les faits d'une large autonomie.

Mais cette autonomie n'a pas pour but d'assurer le développeront d'un corporatisme journalistique. Elle est un rempart contre les pressions illégitimes que subiraient les journalistes.
Elle n'est donc pas concevable sans une éthique spécifique, c'est-à-dire un corps de règles non écrites ou stipulées dans un code de déontologie qui obligent le journaliste à respecter un certain nombre de devoirs comme le contrôle de la vérité, le respect des personnes, l'obtention des informations de façon honnête. Souvent les journalistes refusent que d'autres qu'eux-mêmes contrôlent l'application de ces devoirs. Mais en réalité les destinataires de ces prescriptions éthiques sont les citoyens dont les journalistes ne sont que les servants.

La protection par les clients

Les médias dépendent, pour l'ensemble de leurs ressources, de leur public. Sans lui, impossible de disposer de recettes de publicité, convenables puisque les tarifs dépendent de l'audience. Cela veut dire que l'arbitre ultime est le client. Si le média dévie, s'il diffuse plus le mensonge que la vérité, s'il n'est pas objectif, s'il est trop engagé,s’il est de mauvaise qualité, il perdra une partie de son public et sa vie sera en péril.

En d'autre termes, s'il existe un danger de dérive des médias et une lutte entre le bien et le mal dans les organes d'information, celle-ci se déroule sous les yeux d'un arbitre vigilant: la communauté des citoyens, qui est en définitive le décideur ultime et le meilleur gardien de la déontologie et de l'éthique.



Charles Debbasch

LE REJET DE LA MOTION DE CENSURE DU PARTI SOCIALISTE

LE REJET DE LA MOTION DE CENSURE DU PARTI SOCIALISTE

Au lendemain de la constitution d’un nouveau gouvernement , le Parti Socialiste avait souhaité que la nouvelle équipe Fillon se soumette à un vote de confiance. Cette demande ayant été rejetée le PS a déposé une motion de censure.
Pour la défendre , le Parti de Martine Aubry a choisi Laurent Fabius .Ce dernier a pris une position de Sage dans le parti et il attend, comme un grand carnassier, que la guerre des cheftaines du parti s’achève par son propre sacre. L’ancien Premier ministre s’est voulu ferme et agressif. «Sarkozy s'est fait élire comme le candidat du pouvoir d'achat. Aux yeux de tous les Français, il est aujourd'hui M. chômage et M. déficit», a –t-il martelé. Ces propos ont été souvent couverts par les cris des députés de la majorité qui demandaient «le projet, le projet».
En fait de propositions, Laurent Fabius s’est contenté de reprendre sans originalité les classiques revendications du PS : comme la suspension du bouclier fiscal et des dizaines de milliers de suppressions d'emplois publics, l’allongement de l'indemnisation-chômage des travailleurs précaires et des CDD. A la fin de son intervention, brillante dans la forme mais sans originalité sur le fond, il a été applaudi par les députés PS qui lui ont offert une standing ovation.
La réponse de François Fillon était d’autant plus aisée que le PS était lui-même divisé sur l’opportunité de la motion de censure.
Selon Julien Dray, il s’agit en effet d’un choix «pas opportun à la veille du 14 juillet», et le député se demande, au surplus, si les difficultés rencontrées par le Parti socialiste ne sont pas l'illustration d'une «machine à bout de souffle», pas sortie «des méandres et des divisions».
Le Premier ministre a observé avec raison que la motion de censure arrive un mois après la débâcle du PS aux élections européennes. . «Il est plus aisé de blâmer que de décider».a martelé, le premier ministre .Il s’est gaussé d’une opposition qui n'a «ni projet, ni l'appui des Français». Citant Manuel Valls, le député-maire PS d'Evry, il a flagellé une gauche «victime du syndrome de Fort Alamo». Alors que majorité «ajuste ses stratégies et ses idées en permanence», la gauche qui «ne renouvelle aucune de ses propositions.
François Fillon a affirmé sa totale solidarité avec le Chef de l’Etat. Il a assuré qu'il restait chargé de «conduire la politique de la Nation», en vertu de l'article 20 de la Constitution. Avec Nicolas Sarkozy, «nous sommes complémentaires et soudés dans l'action, et aucun de nous deux n'a besoin de souligner que ‘lui c'est lui, moi c'est moi', a dit avec ironie le premier ministre en reprenant la formule utilisée par Laurent Fabius à propos de François Mitterrand.
Fort logiquement, la motion de censure n’a obtenu que 225 voix sur les 289 nécessaires. Confirmant son évolution vers la gauche, François Bayrou a joint son suffrage à ceux du PS et du PC réunis.
En résumé, le PS n’a pas réussi à se forger une nouvelle image à travers ce débat de censure tandis que François Fillon paraissait régénéré et très soutenu par les députés de la majorité.
Pendant ce temps, la gauche « caviar » parisienne avait trouvé un nouveau thème pour ses repas en ville. Etait-il oui ou non légitime que Denis Olivennes, le nouveau patron du Nouvel Obs, ait offert la une et les colonnes de l’hebdomadaire à Nicolas Sarkozy ? Débat vain puisque les lecteurs ont tranché et plébiscité ce numéro du journal.
Pour l’heure, Nicolas Sarkozy fait mieux vendre que la guerre des chefs au PS. Faut-il s’en étonner ?

Charles Debbasch