samedi, septembre 08, 2007

LE NOUVEL ELTSEE DE SARKOZY

LE NOUVEL ELYSEE DE SARKOZY

Jusqu’ici, les choses étaient claires. Il n’existait qu’un personnage politique à l’Elysée : le Président de la République. Ses collaborateurs et notamment le secrétaire général n’étaient que des assistants personnels chargés de préparer le travail du Chef de l’Etat et de contrôler la bonne exécution de la politique présidentielle par l’équipe gouvernementale.

Avec la prise de pouvoir par Nicolas Sarkozy, les choses se sont considérablement modifiées.

L’épouse du Chef de l’Etat a paru disposée à jouer un rôle politique et on l’a même vue négocier avec le colonel Khaddafi, la libération des infirmières bulgares.

Le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant s’est exprimé publiquement sur des sujets d’actualité lors d’une émission grand public.

Le rédacteur des discours présidentiels Henri Guaino a revendiqué sa paternité sur la plume du Président et ses discours finement ciselés - font penser à du Guaino plutôt qu’à du Sarkozy..

Quelle portée faut-il attribuer à ces changements ?

Signifient-ils vraiment une mutation du régime politique ou sont-ils les premiers balbutiements d’une équipe pas encore rodée ?

Analysons tout d’abord ce phénomène dans le cadre du droit existant. Constitutionnellement, il n’existe pas de collaborateurs du Président ayant une fonction exécutive. L’équipe de l’Elysée n’a pas de pouvoirs juridiques : il s’agit simplement de serviteurs personnels du Chef de l’Etat. Le Président ne peut agir sur la vie gouvernementale que par l’entremise du Premier ministre et des ministres.

Reconnaissons que, cependant, le fait a dépassé le droit. Les collaborateurs du Président s’imprègnent de l’onction présidentielle et ils exercent , depuis le début de la Cinquième République, un pouvoir d’influence non négligeable.

La nouvelle pratique sarkozyenne peut donc s’interpréter comme une volonté de sortir de l’hypocrisie et d’afficher au grand jour ce qui, jusqu’alors, restait discret et connu seulement des initiés.

Si Nicolas Sarkozy souhaitait ajuster le droit au fait, ce serait alors une profonde évolution du régime politique avec la diminution du pouvoir du Premier ministre -voire sa suppression- et l’accentuation de la présidentialisation du régime. On passerait alors de notre système orléaniste à un vrai régime présidentiel à l’américaine.

Pour l’heure, en tout cas, il s’agit plus d’une nouvelle cuisine que d’un changement de fourneau ?

Charles Debbasch