mercredi, février 25, 2009

LES CONSEQUENCES POLITIQUES DE LA CRISE ECONOMIQUE

LES INCIDENCES POLITIQUES DE LA CRISE ECONOMIQUE

Lors des premiers frémissements de la crise économique, on avait pu penser qu’il s’agissait d’un coup de vent passager. C’était une vue trop optimiste. Aujourd’hui, on se rend compte que l’on est face à un bouleversement économique durable qui entraîne nécessairement des conséquences politiques.

En période d’abondance, les égoïsmes triomphent et le règne du chacun pour soi l’emporte. L’expansion économique avait dévalorisé le rôle de l’Etat et provoqué une déferlante libérale. La crise économique, elle, exige une action accrue de l’Etat. Elle revalorise l’interventionnisme. L’Etat apparaît comme le seul régulateur suprême de la vie économique face à un marché défaillant. Dans une société où les forts deviennent plus faibles, les faibles se transforment en exclus que l’Etat doit protéger. Régulation et assistance retrouvent leurs lettres de noblesse dans les fonctions étatiques.

Il s’en suit inévitablement une revalorisation du rôle de la fonction publique chargée d’exercer des missions revivifiées. Les sondages démontrent que l’image de la fonction publique s’améliore en période de crise. D’après un sondage de l’institut Obea-Infraforces pour 20 Minutes et France-Info, publié le 3 mars, les fonctionnaires ont une bonne image auprès de 72% de la population. 57,2% des personnes interrogées (un échantillon national représentatif de 1.057 personnes) ont une «assez bonne» image des fonctionnaires et 15,2% une «très bonne» image. 11,9% en ont une «assez mauvaise» image et 4,3% une «très mauvaise». 11,1% disent que l’image qu’ils s’en font «dépend des fonctionnaires, des métiers» et 0,4% ne se prononcent pas.

Très logiquement les administrés pensent qu’il y a trop de fonctionnaires dans les administrations classiques comme les impôts, les préfectures, les mairies mais ils pensent que: leur nombre doit être augmenté dans les hôpitaux (pour 92,5% des personnes), dans la recherche (72,4%), dans l’enseignement (68,2%) et dans les forces de l’ordre (49,6%).Dans un tel contexte, le gouvernement ne doit pas renoncer à son plan de modernisation de la fonction publique notamment par la récompense des mérites .Mais il doit agir avec prudence dans le domaine de la réduction du nombre de fonctionnaires en ne touchant pas aux secteurs jugés prioritaires par l’opinion publique.

La crise entraînant un développement de l’inquiétude face à l’avenir, le pouvoir doit rassurer et pour ce faire il doit encore mieux expliquer et convaincre .

Cela ne signifie pas qu’il faut renoncer aux réformes mais qu’il faut chaque fois mieux en faire comprendre l’intérêt. Il faut aussi éviter d’ouvrir trop de fronts qui ne peuvent que renforcer le trouble de l’opinion publique. En d’autres termes, il ne faut pas ajouter au désordre économique le désordre politique.

Personne ne conteste l’autorité du Président de la République sur les mécanismes institutionnels. Mais sa présence en première ligne sur trop de dossiers ne permet pas toujours aux autres organes de l’Etat comme le premier ministre ou les ministres de jouer le rôle d’amortisseur ou de conduite assistée qui est le leur. Or la crise économique tend les rapports politiques et exige donc un pilotage sans failles de l’appareil de l’Etat.

Toute crise économique nuit au pouvoir en place qui devient un bouc émissaire pour toutes les misères qu’elle entraîne. Le pouvoir apparaît ainsi plus vulnérable et les mouvements de rue sont plus faciles à conduire. Il est probable que sans cette crise l’agitation dans les départements d’outre-mer n’auraient pas pris l’ampleur que l’on constate. De même , les forces révolutionnaires ou autonomes se réveillent. D’où un foisonnement à gauche de mouvements divers sur les décombres du parti communiste. Le parti socialiste malgré ses profondes déchirures n’est pas mal placé pour les consultations européennes et régionales à venir. L’UMP, le parti du Président est en voie de rénovation. Elle doit concilier sa fidélité au chef de l’Etat et sa compréhension des aspirations populaires.

En tout état de cause, la crise est économique .Le verdict le sera aussi. C’est de l’aptitude du pouvoir à apporter les réponses économiques adaptées que dépendra l’évolution politique.

Charles Debbasch

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