lundi, avril 06, 2009

RESURGENCE DE LA VIOLENCE

RESURGENCE DE LA VIOLENCE

On assiste dans ces dernières semaines à une résurgence de la violence sociale.

Les départements d’outre-mer ont connu de véritables insurrections. Plusieurs patrons ont été séquestrés par leurs employés. A Strasbourg la manifestation anti-OTAN a dégénéré et tout un quartier de la ville a été vandalisé. A Bastia, lors d’une manifestation contre les violences policières, huit CRS ont été blessés. Trois se trouvent dans un état grave.

Ces violences ont trouvé quelque soutien dans l’opposition.
Ségolène Royal a justifié les récentes séquestrations des chefs d’entreprises. Elle a déclaré au Journal du Dimanche: "Les salariés doivent forcer le barrage de l'injustice absolue".Et elle a ajouté :"Ce n'est pas agréable d'être retenu, et c'est illégal de priver quelqu'un de sa liberté de mouvement. Mais on ne les a ni brutalisés ni humiliés. Ceux qui sont fragilisés, piétinés et méprisés, ce sont les salariés à qui l'on ment, avant de les mettre à la porte (...) Les salariés doivent forcer le barrage de l'injustice absolue : ce discours dominant qui demande aux salariés de subir, et de disparaître en se taisant, d'être licenciés sans faire d'histoires ni de bruit." Olivier Besancenot attribue pour sa part les troubles de Strasbourg aux autorités ce qui est une façon de dédouaner les casseurs. "On a été emmené dans une vraie souricière, c'est-à-dire que des milliers de manifestants ont été emmenés dans une rue avec les deux issues complètement bloquées et on s'est fait canarder à longueur de temps de gaz lacrymogènes, sans interlocuteurs à ce moment-là, avec des tirs tendus, des tirs de flashball, et on a frôlé le drame".

Les partisans de la majorité politique ont quant à eux désavoué la violence.
Xavier Bertrand, le patron de l'UMP, a accusé Ségolène Royal de "mettre de l'huile sur le feu". Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a stigmatisé des propos qui visent à "surfer sur les angoisses des gens, dans l'espoir d'en tirer profit au plan politique et sans se soucier de contribuer ainsi à excuser l'inexcusable".
Le président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a appelé"tous les partis" à condamner les actes de violence, à Strasbourg, en Corse ou en marge de la crise économique et sociale.
La violence reste inadmissible dans une société démocratique. Sa résurgence trouve néanmoins des explications qui ne peuvent, en aucun cas constituer des justifications.
Les syndicats encadrent de moins en moins le monde du travail. Ils sont concurrencés par des forces nouvelles autonomes qui ne sont pas rodées aux pratiques de négociation et qui sont donc tentées par les actions sauvages.
La crise et les licenciements qu’elle entraîne créent des inquiétudes et des traumatismes graves qui poussent aux réactions hors normes. Sur ce terreau favorable poussent des mouvements qui souhaitent répliquer à la violence sociale par la violence politique. Il est donc nécessaire de faire baisser les tensions liées à l’exaspération et à ranimer les dialogues dans tous les secteurs pour remplacer le combat par le débat.

Charles Debbasch

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