mardi, juin 23, 2009

LE VERSAILLES DE SARKOZY: UNE VOIE MODERNE ET CONSENSUELLE

LE VERSAILLES DE NICOLAS SARKOZY : UNE VOIE MODERNE ET CONSENSUELLE POUR AFFRONTER LA CRISE
Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy devant le Congrès réuni à Versailles revêt une importance particulière à la fois sur le plan du fonctionnement des institutions et sur le fond des propositions avancées.
L’intervention du président de la République devant le Congrès est une innovation introduite dans la Constitution depuis la réforme de juillet 2008.Elle est un des signes du glissement progressif du régime de la Ve République vers un régime présidentiel. Les révisions successives de la Constitution intervenues depuis 1958 vont en effet toutes dans la même direction de la présidentialisation. En 1962 l’instauration de l’élection du président au suffrage universel, en 1974 l’élargissement de la saisine du conseil constitutionnel, en 2002 la mise en place du quinquennat vont dans le même sens de l’américanisation du système politique.
Alors que reste-t-il de parlementaire dans le régime : la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée. Mais, hors les périodes de cohabitation, elle reste très théorique. Et la pratique sarkozyenne qui a valorisé l’état-major présidentiel par rapport à l’équipe gouvernementale n’a fait qu’accentuer les choses. Au point que l’on peut imaginer une prochaine étape qui supprimerait ce dernier zeste de parlementarisme dans nos institutions.
L’opposition n’a pas manqué de stigmatiser l’intervention du Président devant le Congrès. Les communistes et les verts ont refusé de siéger et les socialistes n’ont pas participé au débat qui s’est ouvert après l’intervention du Chef de l’Etat. Cette attitude est difficilement compréhensible. Qu’on l’approuve ou qu’on la rejette l’intervention du Chef de l’Etat est désormais prévue par la Constitution.
Sur le fond, le Chef de l’état a voulu par un discours fort et rassembleur inaugurer la deuxième étape de son quinquennat qui sera marquée dés mercredi par la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale.
Fort de l’appui de l’opinion, le Président a maintenu le cap sur les réformes. «Ayons le courage de changer» a affirmé avec force le Président. La crise ne doit pas servir de prétexte à l'immobilisme, mais plutôt «rendre plus libre d'imaginer un autre avenir».
Nicolas Sarkozy a annoncé la création d'un emprunt exclusivement consacré au financement de «priorités stratégiques pour l'avenir» et levé soit sur les marchés financiers, soit auprès des Français. Le montant et les modalités de cet emprunt ne seront arrêtés que lorsque ces priorités auront été fixées, a-t-il précisé. Une concertation de trois mois sera lancée avec le Parlement, les partenaires sociaux, les milieux économiques et culturels, afin de définir ces priorités.
Malgré l’importance des déficits le chef de l'Etat a exclu toute augmentation d'impôts. «Je ne ferai pas la politique de rigueur parce que la politique de rigueur a toujours échoué. Je n'augmenterai pas les impôts car cela retarderait longtemps la sortie de crise», a-t-il insisté.
De nouveaux grands chantiers vont être ouverts.
Nicolas Sarkozy a annoncé la décision sur les retraites pour la mi-2010 : «il faudra que tout soit mis sur la table : l'âge de la retraite, la durée de cotisation et la pénibilité», et que «toutes les options seront examinées».Pour faire face à la difficile situation de l’emploi, il a annoncé que «tout licencié économique doit pouvoir garder son salaire et recevoir une formation pendant un an».Il proposera «aux partenaires sociaux de prendre des mesures massives en faveur de l'activité partielle et d'étendre encore le contrat de transition professionnelle».
La lutte contre les discriminations sera une priorité pour le prochain gouvernement. «Il ne faut pas le faire sur des critères ethniques, il faut le faire sur des critères sociaux».Mais tolérance ne veut pas dire acceptation des terrorismes religieux : le président de la République a estimé que la burqa soulève un «problème de dignité et de respect de la femme». «Ce n'est pas un signe religieux, c'est un signe d'asservissement (…) Elle ne sera pas la bienvenue sur le territoire de la République française». Il reviendra au Parlement de se prononcer sur l'opportunité d'un texte de loi.

La protection des auteurs contre les téléchargements illégaux a été réaffirmée «En défendant le droit d'auteur, je ne défends pas seulement la création artistique. Je défends aussi l'idée que je me fais d'une société de liberté où la liberté de chacun est fondée sur le respect du droit des autres», a-t-il soutenu. «C'est aussi l'avenir de notre culture que je défends, c'est l'avenir de la création. Voilà pourquoi j'irai jusqu'au bout», a-t-il également martelé.
Le Chef de l'Etat a enfin promis d'aller «jusqu'au bout de la réforme des collectivités locales», en engageant notamment la «réduction du nombre des élus régionaux et départementaux». «Nous ne nous déroberons pas», a-t-il assuré, précisant que cette réforme porterait aussi sur les compétences des différentes collectivités.
Ni révolutionnaire, ni dogmatique le discours de Nicolas Sarkozy a défini une voie moderne et consensuelle pour permettre à la France d’affronter la crise.

Charles Debbasch

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