samedi, septembre 19, 2009

LE PNB ET LE BONHEUR

LE PRODUIT NATIONAL BRUT NE FAIT PAS LE BONHEUR
Trois grands économistes Joe Stiglitz, prix Nobel d’économie. Amartya Sen, autre prix Nobel, et Jean-Paul Fitoussi, économiste renommé viennent nous rappeler une évidence : l’argent ou plus exactement le PNB ne fait pas le bonheur. Un Etat peut avoir un haut taux de croissance et une régression sociale car ce qui est fondamental c’est la juste répartition des fruits de la croissance.
Comme l’exprime justement Jean-Paul Fitoussi (in Libération) : « On peut avoir des taux de croissance très élevés en même temps qu'une détérioration importante de la situation de la part la plus pauvre de la population. Et quand je dis cela, je parle de 60 % de la population. Par exemple : de 2000 à 2008, le PIB américain par tête a augmenté en moyenne de 9 %. Or une enquête dont les résultats ont été livrés la semaine dernière aux Etats-Unis a montré que pendant la même période, 50 % de la population a vu son revenu baisser de 4 %. C'est typiquement une croissance qui s'accompagne d'une régression sociale. »C’est bien la preuve que des indicateurs marchands globaux donnent une vue déformée de la réalité.
Il faut dés lors intégrer des données qualitatives pour apprécier la situation d’un pays. Il ne suffit pas de compter le nombre d’écoles ou d’hôpitaux mais la qualité de la satisfaction qu’ils apportent aux usagers.De même la notion d’un revenu moyen par habitant a moins de sens que l’appréciation de l’état des inégalités et la façon dont elles sont ressenties.
Le rapport Stiglitz propose aussi d’intégrer à l’appréciation de la situation d’une société une série d’éléments qualitatifs comme bien sûr les revenus, et la richesse mais aussi le niveau d'éducation, le niveau de santé ou encore le degré de confiance qu'ont les habitants dans leur système judiciaire. Jean Paul Fitoussi fait ici une remarque fondamentale sur la justice ! « La conséquence d'une défiance généralisée dans la population, c'est évidemment la multiplication du nombre de procès, de recours aux tribunaux. Ce seul fait va accroître le PIB, car il va y avoir davantage d'avocats, de juges, etc. Mais cette augmentation de la défiance signale une réduction du bien-être. »
Le rapport propose également d’intégrer dans toute appréciation globale la mesure de ce qu’une société lègue aux générations futures. A quoi servirait une augmentation du PNB qui livrerait aux prochaines générations des terres dévastées ou un climat dégradé ?
On l’aura compris : la difficulté de la nouvelle approche est que le qualitatif se laisse moins enfermer dans des critères objectifs que le quantitatif. Il oblige à faire passer les maths après la philosophie. Ceci n’est pas critiquable. A la condition de ne pas oublier que si les progrès du PNB peuvent apparaitre secondaires dans des sociétés postindustrielles riches, ils sont essentiels dans des sociétés sous-développées qui manquent de presque tout. Car , si l’argent ne fait pas le bonheur, il y contribue quand même quelque peu.

Charles Debbasch

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