lundi, juillet 11, 2011

DES MEDIAS CONDAMNES AU VOYEURISME ?

Il existe un large public pour une presse voyeuriste qui frise les interdits, qui se situe à l’extrême limite du sexe et de la pornographie et qui ,surtout, dévoile l’intimité des personnes célèbres ou de celles que leur comportement transforme en vedettes d’un jour.
Cette presse traque l’envers du miroir avec un téléobjectif et tente de briser les secrets de la vie privée. Elle se contentait jusqu’à présent de faire appel à des paparazzis qui, armés de leur appareil photo, dévoilaient les nudités physiques ou morales des vedettes de l’actualité. Elle fait appel aujourd’hui aux technologies de l’époque : interceptions téléphoniques, poses illégales de micros, fouilles dans les mémoires des ordinateurs publics ou privés.
Pour avoir fait de ces viols un système, l’hebdomadaire britannique du groupe Murdoch –News of the World- a du se saborder dans un dernier feu d’artifices à cinq millions d’exemplaires.
On peut penser que cette leçon incitera à la prudence tous ceux qui seraient tentés d’imiter les journalistes de ce célèbre tabloïd.
On doute cependant que cet exemple refroidira à terme les velléités de la presse voyeuriste. Il existe, en effet un large public qui recherche ce type de publications.
Nous vivons dans des sociétés de plus en plus rigides et où les fantaisies sont enfouies sous une couverture de pudeur et de morale, où les comportements sont enfermés par les lois et règlements dans des rails comportant de rares points d’aiguillage.
Des sociétés où les individus ont de moins en moins d’occasions de dialoguer et d’échanger sur les sujets les plus fondamentaux et les plus intimes de leurs existences.
Des sociétés où les medias et internet sont les seules fenêtres où peuvent s’exprimer les comportements que l’apparence aseptisée de nos civilisations dissimule soigneusement.
Des sociétés où des êtres humains sont déifiés : vedettes de la télé, du cinéma ou des affaires. On les revêt de tant de sceptres flamboyants qu’ils écrasent de leur splendeur tout un chacun.
Quel réconfort alors pour les êtres ordinaires de voir dévoilé le négatif de cette aura hors du commun .
Oui, ces vedettes ont leurs malheurs, leurs faiblesses, leurs tourments. Leurs chutes sont à la démesure de leur ascension.
Voici que les medias deviennent des Janus bifrons qui forgent d’un côté des surhommes et qui ravalent d’un autre côté ces géants à la dimension de nains.
Charles Debbasch

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